Forêts : oui à la réforme majeure de Béchard

2008/02/18 | Par la Coalition pour un Québec des régions

Beaucoup de Québécois n’ont sans doute pas encore réalisé que le Ministre Béchard vient de nous offrir de reprendre possession de nos forêts, qui avaient été concédées aux compagnies papetières depuis deux siècles, après les avoir nous-mêmes usurpées sans permission aux premières nations qui y vivaient depuis des siècles.

Il ne faut sans doute pas chercher la logique de ce gouvernement qui un jour refuse de redonner aux Québécois leur agriculture, captive du monopole de l’UPA, malgré le rapport la recommandation du rapport Pronovost , et le lendemain, offre d’enlever la forêt publique aux compagnies forestières pour la redonner aux Québécois, plus encore aux régions, quand le rapport Coulombe n’osait même pas aller jusque là!

Une première explication réside sans doute dans le fait que les forêts qu’on propose de nous rendre sont dévastées, que les entreprises pour les transformer sont désuètes et inadaptées aux nouveaux marchés et que la conjoncture actuelle est peu favorable à l’industrie forestière nordique.

C’est à se demander si les compagnies en veulent encore! Mais mieux vaut tard que jamais. La forêt est un patrimoine renouvelable.

La Coalition appuie

Depuis quelques années déjà, plusieurs groupes de pression insistaient sur le fait qu’il fallait abolir les CAAF (Contrats d’approvisionnement et d’aménagement forestiers) et séparer la forêt de l’usine, c’est-à-dire nous réapproprier la gestion de l’exploitation de nos forêts, la confier aux régions, et vendre le bois aux compagnies de transformation, tout en respectant les approvisionnements garanties par contrat aux compagnies en leur assurant une priorité d’achat à l’intérieur de certaines règles.

C’est précisément ce que propose de réaliser le ministre Béchard sur un période de 5 ans.

La Coalition pour un Québec des régions, qui propose la gestion de nos ressources naturelles par des gouvernements régionaux mieux à même de les préserver et de les faire profiter à leur population, ne peut qu’appuyer cette réforme démocratique majeure.

Mais si on ne veut pas que ce cadeau aux Québécois et aux régions soit un cadeau empoisonné, il faut exiger certaines conditions qui sont essentielles à une décentralisation démocratique telle que le propose la Coalition.

Des conditions essentielles

1. L’instance régionale qui aura la responsabilité de gérer la forêt publique de sa région doit être une instance élue, imputable et autonome. Ce n’est pas le cas des Conférences régionales des Élus, qui sont composées de délégués des maires et de la société civile, qui n’ont aucun mandat régional de la population et aucun pouvoir autonome.

Quant aux nouvelles commissions de gestion intégrée des ressources et du territoire, elles risquent facilement d’être manipulée par les gros industriels. Dans ces conditions, plusieurs ont raison de craindre que la gestion régionale de la forêt ne soit sujette aux conflits d’intérêts et de clochers, aux pressions des grands industriels et au contrôle arbitraire de Québec, comme on l’a vu dans la gestion du territoire et des activités agricoles par les MRC.

2. Cette instance régionale devra également être dotée de moyens financiers autonomes et suffisants pour s’adjoindre les administrateurs et les experts nécessaires et faire profiter la région des retombées de la ressource: droits de coupe et de vente, transferts des crédits et du personnel ministériels appropriés, etc.

3. Un politique forestière nationale devra établir les objectifs et les principes à suivre dans l’exploitation de la forêt publique, tout en laissant aux régions l’autonomie pour les appliquer selon leurs particularités : écoforesterie écosystémique et multifonctionnelle, aires à protéger, aires de sylviculture intensive, etc. Sans cela on risque d’assister à des décisions à courte vue d’une part, et à des contrôles abusifs des ministères nationaux d’autre part.

La meilleure façon de gâcher la décentralisation, c’est de décentraliser à moitié.

Mais si on donne aux régions le cadre national, les structures démocratiques et les moyens financiers pour qu’elle puissent gérer leur forêt de façon autonome et sans la tutelle paternaliste du gouvernement central, il n’y a pas lieu de craindre que l’appropriation et la décentralisation proposées ne dérapent, et un grand pas aura été franchi pour mettre fin au pillage de nos ressources et pour stimuler le développement des régions et du Québec tout entier.

Information : Roméo Bouchard, 418-492-5727, coalition@libererlesquebecs.com