Hausse des frais de scolarité

2010/02/26 | Par Mélissa Pilon

«Un économiste est un expert qui saura demain pourquoi ce qu'il avait prédit hier ne s'est pas produit aujourd'hui.» 
Laurence Peter

Pourquoi le gouvernement libéral n'utilise-t-il pas les 900 millions offerts par Ottawa lors du règlement du déséquilibre fiscal au lieu d'offrir des baisses d'impôts? Pourquoi ne réclame-t-il pas à Ottawa les 2,1 milliards pour l'harmonisation de la TPS et de la TVQ? Pourquoi ne pas augmenter la taxe sur le capital de 50 à 100 % du gain réalisé, ce qui permettrait une entrée d'argent frais de près d'un demi-milliard de dollars?

Pourquoi ne pas facturer à Rio Tinto Alcan, une compagnie étrangère, le vrai coût de son électricité pour produire de l'aluminium? Pourquoi ne pas faire la lumière sur la corruption qui coûte 30 % de plus aux Québécois, ce qui équivaut presque au déficit actuel du gouvernement selon l'ancien ministre des Finances Jean Campeau?

Pourquoi le gouvernement n'actualise-t-il pas la Loi sur les mines afin de récupérer une somme de 200 millions en redevances? Pourquoi le gouvernement ne prête-t-il pas lui-même aux étudiants directement, au lieu de faire affaire avec les banques, dans le cadre du programme des prêts et bourses, une économie de 48 millions de dollars en intérêts? Pourquoi le salaire d'un recteur est-il pratiquement le double du salaire du premier ministre du Québec?

Comment un associé principal du cabinet d'avocats Davies Ward Phillips & Vineberg, comme Lucien Bouchard, dont le bureau défend la firme Conventree de Toronto impliquée dans le scandale des PCAA, peut-il nous faire la leçon? Avez-vous oublié les mises à la retraite? Le seul qui devrait prendre sa retraite, c'est Lucien Bouchard.

Les droits de scolarité sont déjà dégelés. En effet, d'ici 2012, les étudiants paieront 500 $ de plus par année. Mais en contrepartie, les investissements du gouvernement libéral ne couvrent même pas les coûts de système, les bourses versées en 2009-10 ne couvrent même pas le taux d'inflation. Chaque fois qu'un étudiant investit un dollar, le gouvernement en profite pour se dégager de sa responsabilité envers l'éducation.

Faut-il rappeler aux riches de ce monde que tous ne partent pas sur le même pied d'égalité dans la vie, que tous n'ont pas un père ou une mère avec un portefeuille bien garni? Avons-nous abandonné l'idéal québécois de la Révolution tranquille: la chance pour chacun de réussir sa vie, par l'éducation, par la formation, et ce, sans le souci financier? Seuls le talent et l'excellence devraient être conditions de réussite.

Il faudrait d'ailleurs m'expliquer comment une hausse de coût n'affecte pas la demande. Il s'agit pourtant d'un principe de base d'économie. Nous avons un problème de démographie, croyons-nous vraiment qu'un jeune couple endetté d'un prêt de 100 000 ou de 200 000 dollars aura envie de mettre des enfants au monde? Croyons-nous vraiment que de réduire l'accès aux études postsecondaires est une vision de courage, alors qu'une pénurie de main-d'oeuvre spécialisée pointe à l'horizon?

Fin aux paradis fiscaux. Fin à l'évasion fiscale. Fin de la corruption des petits amis du régime. Lumière sur le scandale des PCAA. Voilà une vision courageuse pour une société juste et financièrement viable. Ce sont les bandits qui nous coûtent cher, et surtout, leur avocat.

Étudiante en design graphique à l'Université du Québec à Montréal 25 février 2010