L’indépendance du Québec comme moteur d’une Révolution verte!

2018/01/30 | Par Martine Ouellet

L’auteure est chef du Bloc Québécois.

Pour la première fois dans l’Histoire, tous les citoyens du monde font face au même problème, déréglant tous les écosystèmes et déplaçant les populations : le réchauffement planétaire. Le consensus scientifique est sans équivoque sur la nature de ce phénomène: L’activité humaine est à l’origine du réchauffement climatique.

L’utilisation des hydrocarbures en est le vecteur principal. Combattre la détérioration du climat et de l’environnement est urgent, à la fois sur le plan social et sur le plan économique. Le Québec doit se donner les moyens de lutter contre l’usage des hydrocarbures, tout en développant une économie nouvelle fondée sur les énergies renouvelables.

Pour cela, le Québec doit devenir un pays doté de tous ses moyens constitutionnels, législatifs et budgétaires. Notre statut de province canadienne est un frein dans l’élimination des énergies fossiles et la protection du climat. On se rappellera que le gouvernement Harper a renié sa signature du Protocole de Kyoto en 2011. L’État canadien, quel que soit le gouvernement en place, continue de soutenir les développements pétroliers, en favorisant le transport des hydrocarbures pour l’exportation par tous les moyens : oléoducs, chemins de fer, navires et camions. Des quelque 3 milliards qui servent à financer l’industrie pétrolière chaque année, 20 % proviennent des impôts et taxes des contribuables du Québec.

 

Les compagnies pétrolières traînées devant la justice américaine pour leur responsabilité dans le réchauffement climatique.

Est-ce que les pétrolières savaient qu’elles contribuaient au réchauffement climatique ? C’est ce que certaines villes américaines prétendent. Elles ont décidé de les poursuivre, afin d’obtenir des indemnités pour compenser les coûts liés à la montée du niveau des océans, l’érosion des côtes et la protection de leurs infrastructures. Et pourquoi pas ? On n’aurait jamais pensé que les cigarettiers pourraient être condamnés pour les dommages que leurs produits ont causés au fil des ans. Pourtant, c’est bel et bien arrivé.

En 2017, plusieurs comtés et villes de Californie, dont San Francisco et Oakland, ont entamé des poursuites judiciaires contre les compagnies de l’industrie pétrolière et minière. Accusant les « Carbon Majors » d’être responsables du réchauffement climatique, le 10 janvier dernier, la ville de New York a annoncé son intention d’assigner en justice les cinq géants pétroliers BP, Chevron, Conoco-Phillips, ExxonMobil et Shell.

 

Le désengagement des Fonds de retraite publics de l’industrie du carbone.

Après la Californie en 2015 et l’État de New York, la ville de New-York a annoncé en janvier 2018 que les cinq fonds qui gèrent les retraites des employés municipaux allaient céder 5 milliards de dollars de leurs actifs investis dans 190 sociétés actives dans le domaine des énergies fossiles.

Au sein du monde des affaires, plusieurs fonds d’investissement, comme le Rockefeller Brothers Fund, ont également fait part de leur volonté de se désengager des compagnies pétrolières. En mai 2017, plusieurs fonds, dont BlackRock, le premier gestionnaire d’actifs au monde, ont soutenu une résolution défendue par le fonds de retraite de l’État New York mettant la société Exxon en demeure de proposer des stratégies compatibles avec les objectifs adoptés par l’Accord de Paris, malgré la vive opposition des dirigeants de la compagnie.

 

Que fait la Caisse de dépôt du Québec?

Différents organismes comme la Fondation David Suzuki et Recycle ta caisse, demandent à la Caisse, et ce, depuis plusieurs années, d'amorcer un mouvement de désinvestissement dans les énergies fossiles.

Déjà, plus de 700 institutions gérant des actifs totalisant 5500 milliards $ se sont engagées à se débarrasser des combustibles fossiles. Cela inclut, entre autres, le plus grand fonds souverain du monde (le Statens Pensjonsfond Utland en Norvège), les géants financiers Allianz et AXA, le Rockefeller Brothers Fund, ainsi que les villes de San Francisco et Berlin, l'Université de Stanford et plus près de nous, l’Université Laval.

Depuis la signature de l’Accord de Paris en 2015, la Caisse de dépôt et placement du Québec a plutôt augmenté ses investissements dans les énergies fossiles. Selon le dernier rapport de Recycle ta caisse sur les investissements concernant la Caisse de dépôt et placement du Québec dans les hydrocarbures, celle-ci a procédé en 2016 à l’achat d’actions dans les compagnies d’hydrocarbures, avec une augmentation moyenne des parts sociales de 76 % dans le secteur du pétrole et du gaz et de 119 % dans celui du charbon, comparativement à 2015.

Il s’agit de l’argent des Québécois et des Québécoises. La Caisse de dépôt et placement doit désinvestir de ces fonds. Comme de ceux liés aux paradis fiscaux, d’ailleurs. Mais ça, c’est une autre histoire…

 

Le Québec indépendant : leader d’une économie verte et globale

Un Québec indépendant pour un développement économique intelligent. Plus qu’un beau principe, c’est une ligne directrice susceptible de nous guider vers un Québec qui tirerait avantage de son rôle de leader en environnement pour faire fructifier son économie. Pour avoir le plein contrôle sur notre avenir environnemental et économique, nous devons faire du Québec un pays. C’est ça, le développement économique intelligent!