Pour la paix, échec du sommet du G7 de Charlevoix

2018/06/08 | Par Les Artistes pour la paix

Les gendarmes du monde se réunissent dans Charlevoix, mais ce n’est pas pour parler de paix. Le gouvernement canadien dit inclure comme priorité « un monde plus pacifique et plus sécuritaire, » mais que cache cette position? Sans aucun doute, la dénucléarisation, le contrôle du trafic des armes et la réduction des forces guerrières en général ne feront pas l’objet de remises en question. La routine quoi!

Pour ces grandes puissances, un monde pacifique et sécuritaire signifie renforcement des capacités de frappe. Selon les Nations Unies, il y aurait toujours 150 000 ogives nucléaires dans le monde. Même devant un tel constat, les princes de l’économie de marché ne remettront pas en question le fait que les pays détenteurs d’armes nucléaires, les États-Unis en tête et les membres de l’OTAN, dont le Canada, n’ont toujours pas signé le traité d’interdiction des armes nucléaires; ce traité fut voté par l’Assemblée générale des Nations-Unies le 20 septembre 2017.

Le Canada s’en tient au traité de 1970, relativement contraignant, mais il n’est à peu près pas respecté. Par ailleurs, le président Trump ne s’est pas gêné au cours des derniers mois pour agiter la menace nucléaire sans que le Canada trouve à redire; en réalité, nous n’attendons donc rien d’autre que les discours ronflants habituels sur la menace nucléaire… des autres.

Quant aux armes conventionnelles, les porteurs de ballon de l’ordre économique actuel dominé par de gigantesques sociétés transnationales se distribueront sans doute des médailles pour se féliciter de leur bonne entente au sujet de la coordination des forces armées alliées, du renforcement de l’OTAN et des braises qu’ils entretiennent au Moyen-Orient, etc.

En trinquant tout en admirant le panorama paisible de Charlevoix, ils se montreront probablement fiers de souligner leurs efforts pour garantir le libre commerce des armes. Ces instants de gloire inclus le Canada. On le sait, le Canada maintient un accord de libre-échange d’armes avec les États-Unis. Cette entente implique que les fournisseurs d’armes canadiens n’ont pas besoin de permis d’exportation vers nos voisins du Sud, les plus importants importateurs de produits militaires canadiens. Liberté absolue en ce domaine, car ces exportations ne sont pas contrôlées ni autorisées. En ce sens, le Canada ne respecte pas les normes établies par le traité sur le commerce des armes. D’ailleurs, le gouvernement canadien estime qu’il s’agit de secrets ultra-sécuritaires et qu’il n’a pas à diffuser d’informations à ce sujet.

Notons que le Canada, les États-Unis et la Turquie sont les seuls pays à ne pas avoir signé le Traité sur le commerce des armes renouvelé en 2017. Les liens du Canada avec les Américains se traduiront, encore et toujours, par des  collaborations très concrètes; par exemple, l’avion de combat A-29 Super Tucano fabriqué à Jacksonville en Floride contient un fort contenu canadien. Les moteurs sont fabriqués par Pratt & Whitney, à Longueuil. Cet avion servirait à la lutte contre les djihadistes au Nigeria. Mais comme les machines de guerre américaines vendent un peu  partout sur la planète, il y a fort à parier que le Canada participe indirectement à la croissance de conflits voire à la violation des droits humains.

Le sommet de Charlevoix ne fait pas avancer la paix, bien au contraire.