Des contrats insuffisants pour la Davie

2018/11/12 | Par Guy Roy

La plupart des commentateurs sont d'avis que les contrats annoncés pour la Davie sont insuffisants. Notre dernière lettre à Duclos, ministre responsable de la région de Québec, annonçait-elle cette riposte des Libéraux fédéraux ? On peut en douter puisque Duclos semble avoir travaillé le dossier en sourdine sans trop s'avancer sur les résultats éventuels au cas où son maître Trudeau n'aurait pas acquiescé.

Toujours est-il que la campagne électorale fédérale se prépare au Québec. Michel Boudrias du Bloc, lui, est sans concession : « Des miettes ! » s'exclamait-il en Chambres pour qualifier l'offre fédérale. En effet il n'est toujours pas question de «restaurer les droits de la Compagnie de soumissionner sur le Plan de construction naval du Canada ainsi que le voudrait l'attribution de leur juste part aux Chantiers Davie», soulignait la présidente du Conseil Central de la CSN de Québec et Chaudière Appalaches, Ann Gingras.

Toujours est-il qu'entre temps, on est en mode offensive du côté de la Compagnie qui se plaint en cour d'un manquement grave de l'ancien gouvernement libéral du Québec dans l'attribution du contrat par la Coopérative de Transport Maritime et Aérien (CTMA) des Iles-de-la-Madeleine au traversier qui assurera la navette aux Iles.

Donc, dans l'expectative, souhaitons que les planètes s'alignent et que tout puisse arriver, comme si les pions se plaçaient en faveur des ouvriers «qui en ont vu d'autres», disait l'infolettre du Conseil Central de la CSN à Québec.

Que faire de plus ? Il n'est pas dans notre nature d'attendre les événements. Mais dans ce cas-ci, que faire d'autres ? Notre lettre à Duclos était sans équivoque. Elle est parue dans la journal local. Ce qui montre tout l'intérêt que soulève pour la région les problèmes que le fédéral engendre dans la ville de Lévis. Même le maire, un vétéran libéral, s'est montré insatisfait de la situation dans laquelle la Compagnie se trouve de devoir payer pour l'entretien des chantiers en attendant les contrats. Selon la philosophie ambiante, on s'inquiète de la perte d'expertise dans un contexte où les ouvriers dispersés se cherchent des emplois dans d'autres domaines. Le libre marché de l'emploi étant ainsi.

Le chômage induit par les politiques fédérales n'est donc même plus dénoncé par quiconque. Les ouvriers sont laissés à eux-mêmes dans un contexte où tout devrait leur être favorable. Le syndicat local se montre suspicieux des véritables intentions du fédéral, mais c'est tout. La mobilisation ne semble pas à l'ordre du jour.

Mais quel sort au juste le Canada capitaliste, ignorant même les élémentaires lois de la concurrence, réserve-t-il aux ouvriers du Québec ? Cela semble être le dernier des soucis des Duclos et Trudeau malgré leurs déclarations grandiloquentes sur «l'importance des Chantiers Davie pour le Canada» et leurs compliments hypocrites sur «les grandes compétences des ouvriers» qu'ils laissent en plan pour les deux prochaines années si le Québec n'intervient pas de son côté.

Il y a bien Duclos qui laisse entendre qu'il pourrait y avoir d'autres annonces, mais on se doute bien que ce sera juste avant les élections canadiennes pour faire croire encore que le Canada veut bien accorder aux ouvriers le privilège d'exploiter leur travail pour la machine de guerre impérialiste !

Nous n'avons plus d'illusion sur ce que le Canada nous réserve : travailler pour les guerres de l'OTAN ou crever de faim. Vite dans un Québec indépendant que nos pouvoirs nous permettent de choisir du travail sans l'alternative au bout des guerres de pillage contre les peuples.