La Paix a droit de cité

2023/06/14 | Par Fernand Doutre

J’ai voulu assister hier, à l’invitation de mon frère, à une conférence sur la guerre en Ukraine.  Ce devait avoir lieu au CÉDA situé au 2515, rue Delisle. Malheureusement, un groupe de perturbateurs avec drapeaux ukrainiens ont fait des menaces de troubler la paix publique, ce qui a forcé le centre à annuler la présentation sur-le-champ.  

Pour vous mettre en contexte, se tenait, au même moment, devant le bâtiment du CÉDA, le Salon du livre anarchiste.  La personne à l’entrée du CÉDA nous a informé à 14h que l’événement organisé par Montréal pour la paix (MPLP) avait été annulé et qu’il se tiendrait peut-être (?) au parc.

Le parc étant relativement grand, nous avons dû chercher et finir par trouver l’alternative, ce qu’était le rassemblement à l’extérieur, grâce à la bannière du groupe qui se trouvait couchée au sol. Lorsque nous y sommes arrivés, il y avait un groupe de perturbateurs (peut-être une trentaine de personnes), affichant les couleurs du drapeau ukrainien, qui chahutaient. Ils voulaient visiblement parler plus fort pour que personne ne les ignore.  

Malgré tout, avec plusieurs minutes de retard, les organisateurs de MPLP ont quand même entamé la conférence, sous un fond de protestation, avec des chants patriotiques ukrainiens, de bidules électroniques bruyants, des reproches et des invectives à répétition. Ils nous demandaient même si nous étions financés par la Russie.

Les conférenciers, les participants à l’événement ont tenté à plusieurs reprises de calmer le jeu, d’expliquer aux protestataires que la discussion et les points de vue sur cette atroce guerre pouvaient être multiples et qu’il faillait permettre les débats, qu’il pourrait y avoir une période de discussion après.  Inutile de dire que ces gens n’étaient pas venus pour entendre raison, mais bien pour imposer leur ligne de guerre sans fin prévisible, jusqu’au-boutiste.

Ils ont tenté d’étouffer les discours, d’intimider et de perturber la conférence, certains  de manière très véhémente.  Il y en a même un qui est allé débrancher les fils du haut-parleur à quelques reprises.  Donc, pas de vraie discussion possible.  C’est à se demander qui sont ces gens, à quel groupe appartiennent-ils?  Sont-ce des réfugiés ou des membres de la diaspora?  Qui les finance?

On est aussi en droit de se questionner sur la vision de ces grands supporters de la démocratie ukrainienne qui ont un très peu de respect pour la liberté d’expression au Québec.  Ça ressemble aux apôtres de la « Cancel culture » qui sévissent dans certaines universités québécoises.

Nous ne sommes pas en guerre, comme l’a expliqué Samir Saul, et nous ne sommes pas tenus de soutenir la propagande gouvernementale ou la propagande des grands médias.  Nous pouvons penser autrement. Pour ma part, c’était la première fois que je me rendais à une conférence de cette organisation, en tant que participant, et je ne suis pas (encore) membre du groupe Montréal pour la paix.  Je voulais simplement entendre un propos dissident à la doxa ambiante.

Les trois conférenciers ont quand même pu tenir un court discours malgré tout le chahut.  

Où sont les politiciens ?

Le chef du Parti vert, Alex Tyrell est, me semble-t-il le seul politicien connu à s’être engagé dans un mouvement pour soutenir les négociations de paix entre l’Ukraine et la Russie.  Je ne connais aucun politicien, même parmi les grands défenseurs de la démocratie, qui souhaite un véritable débat sur la question de la guerre en Ukraine.  Où se situe la gauche là-dedans?  Où se trouve la tradition pacifiste québécoise? Mis à part une poignée d’individus ou de groupes marginalisés, comme le Collectif Échec à la guerre et le Mouvement québécois pour la Paix, rien ne lève.  Il n’y a qu’un point de vue valable au Canada (et sans distinction au Québec) et c’est celui du couple  Zélensky/Joly.  En tant qu’ancien militant syndical, qui a encouragé les gens à manifester contre l’implication canadienne en faveur de la guerre en Irak, contre celle en Afghanistan, je trouve ce consensus très troublant.  Ça n’augure rien de bon.

Je voulais vous tenir informé de ce climat délétère parce que je ne sais pas trop comment je pourrais aller à des conférences sérieuses afin d’entendre autre chose que le point de vue de François Brousseau ou de Tamara Alteresco.  Le Canada s’arme de plus en plus (avions, navires de guerre) et le coût de l’appui à l’Ukraine, par l’entremise de l’OTAN, dépasse l’entendement.  On tente de nous que convaincre, à la manière de l’adage oxymorique : Si vis pacem, para bellum!

Mon but est de permettre d’entendre d’autres voix.  Quand toutes les dissidences se seront tues, nous n’aurons plus qu’à espérer que la folie meurtrière, dirigée par l’empire américain, par les pouvoirs occultes de l’argent, ne nous conduise à ce que d’aucuns craignent, une guerre nucléaire.