Les conséquences locales de la guerre au Moyen-Orient

2024/02/23 | Par Catherine Pappas

À Côte-des-Neiges, l’impact de la guerre au Moyen-Orient et la violence qui sévit dans la région avant et depuis le 7 octobre 2023 (y compris les enlèvements et les incarcérations arbitraires de civils) se répercutent sur les organismes communautaires, leurs équipes et les populations qu’elles desservent. Par ailleurs, le travail des groupes communautaires, dont plusieurs sont formés de personnes juives et arabes, s’inscrit dans une longue tradition de luttes pour la justice sociale, la dignité, l’égalité et l’équité.

Cette résolution, qui émerge d’une rencontre tenue avec nos membres le 12 décembre 2023, a été votée le 21 décembre dernier. Depuis, nous saluons la motion adoptée à l’unanimité par le gouvernement du Québec, le 31 janvier 2024, pour un cessez-le-feu humanitaire.

En tant que Corporation de développement communautaire au Québec, nous agissons comme vecteur de l’action communautaire autonome et du développement social dans notre milieu et contribuons à la construction d’une société juste et solidaire. Si la guerre au Moyen-Orient se déroule à l’extérieur du pays, nous voyons déjà son potentiel d’ébranler le vivre-ensemble à Côte-des-Neiges.

Préoccupé·es par les effets multidimensionnels de cette guerre, nous tenons à ajouter notre voix à ceux et celles, ici et ailleurs, qui ont exprimé leur soutien envers les droits de la personne, le droit international et la fin de l’occupation. Nous dénonçons notamment le bilan catastrophique des pertes en vies humaines, ainsi que les attaques systématiques contre des infrastructures civiles.

Nous saluons ainsi l’appel pour un cessez-le-feu du gouvernement du Canada et de la ville de Montréal, et demandons au gouvernement du Québec d’en faire autant. Nos élu·es doivent exercer un leadership qui favorise des solutions pacifiques en respect du droit international et exiger un cessez-le-feu permanent. Nous demandons aussi la création d’un programme spécifique pour l’accueil de réfugié·es palestinien·nes qui fuient la violence et la famine.

Côte-des-Neiges compte une forte présence de communautés ethnoculturelles, dont plusieurs groupes juifs et arabes. Territoire tremplin pour de nombreuses personnes nouvellement arrivées au Québec, le quartier accueille aussi une immigration importante et récente, y compris des milliers de personnes réfugiées ou au statut précaire qui ont été forcé·es de fuir des situations de conflit et de guerre. En raison de la diversité et de la complexité de leurs propres expériences et parcours, ces populations éprouvent un sentiment de solidarité et d’appartenance commune avec les peuples qui vivent des contextes de guerre et d’injustice similaires à la leur. Nous redoutons, en particulier, l’impact de cette guerre sur les enfants et les adolescent·es du quartier, surtout celles et ceux issu·es de communautés immigrantes et racisées. Le cycle de violence qui se poursuit en Israël et en Palestine et la crise humanitaire dans la bande de Gaza réactivent des traumatismes passés.

Par ailleurs, nous croyons que la polarisation du discours et la stigmatisation croissante de toutes prises de positions divergentes entraînent un rétrécissement de l’espace civique. De plus, l’instrumentalisation grandissante du religieux à des fins politiques menace la sécurité des populations. Nous condamnons par conséquent la montée de l’antisémitisme, de l’islamophobie et d’autres crimes haineux qui fragilisent la cohabitation dans un quartier si riche de sa diversité. Nous en appelons aussi à la vigilance des médias dans le traitement qu’ils font de l’information.

Il nous paraît donc essentiel d’ouvrir des espaces de réflexion, d’action et de dialogue pour donner forme à une conversation bienveillante et constructive qui, même à très petite échelle, peut servir de levier pour relever les défis contemporains d’un monde en crise.