Le 3 et 4 août derniers, Montréal était la ville hôte de la première course NASCAR présentée au Canada, un sport automobile fort populaire aux États-unis, principalement dans le Sud du pays.
Jacques Villeneuve, ancien champion du monde en Formule 1, vient tout juste de signer un contrat à long terme avec l’écurie Bill Davis Racing. Il fera ses débuts dans le NASCAR Truck Series et se préparera à courir en Coupe Nextel l’année prochaine, la plus « glamour » des séries NASCAR.
Comment sera reçu Villeneuve dans ce monde, dont les pilotes, les dirigeants d’écuries et les amateurs sont presque à 100% américains ? Le NASCAR a longtemps été, et continue de l’être aujourd’hui, un sport considéré « fermé » aux étrangers et accusé de faire preuve de racisme. Une situation d’ailleurs qui commence à entacher sérieusement la réputation du NASCAR.
(sur la photo: Jacques Villeneuve)
Plus populaire que la F1
Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les courses NASCAR ont connu une popularité sans cesse croissante. En 1976, le NASCAR's Winston Cup Series, nom du cigarettier qui était le principal commanditaire à cette époque, est devenu le championnat automobile qui attirait le plus de spectateurs au monde, avant la F1. Un titre qu’elle détient encore aujourd’hui.
En 1989, toutes les courses NASCAR du Winston Cup Series étaient télévisées, les voitures étaient déjà, à cette époque, tapissées de marques de produits de leurs commanditaires respectifs.
Plus récemment, en 2004, le NASCAR Winston Cup Series est devenu, étant donné le nouveau commanditaire principal, le NASCAR Nextel Cup Series.
Le NASCAR Busch Series
Est apparu, en 1984, le NASCAR Busch Series, qui a été de passage à Montréal au début du mois d’août. Cette série dite de « ligue mineure » (comparable à La ligue américaine de hockey) est présentée généralement la veille de la course du NASCAR Nextel Cup Series, la « ligue majeure », qui n’a cependant pas été courue à Montréal.
La série Busch permet donc aux pilotes de faire leur classe et espérer se trouver un volant pour la série Nextel.
Aucun Noir parmi 120 000 spectateurs
Le NASCAR fait aujourd’hui face à un problème grave et gênant pour les organisateurs de ces courses.
En effet, un groupe de minorités provenant de diverses communautés aux États-Unis, accuse l’entreprise, depuis un certains nombre d’années, de se foutre des amateurs de course des minorités visibles. Selon eux, aucun effort n’est fait par les dirigeants pour les attirer aux courses ou d’ouvrir des portes aux pilotes d’ailleurs.
En effet, il est presque ridicule de penser le contraire, lorsqu’on sait qu’un seul pilote noir a participé – dans les années soixante – à ce championnat en 59 ans d’existence de l’entreprise.
Jonathan Vance, un professeur d’histoire à l’université Western, qui est un mordu de course automobile, assiste régulièrement aux courses de NASCAR présentées dans la région du Michigan.
Il dit être, année après année, sous le choc de ne voir aucun Noir parmi les 120 000 spectateurs dans les gradins ! Pourtant, comme il l’affirme, cette course est à seulement 50 milles de Détroit, où il y a une énorme communauté noire.
Les dirigeants de NASCAR affirment cependant que l’entreprise se dédie aujourd’hui, et depuis quelques années, à trouver des moyens pour ouvrir des portes aux minorités, autant dans les estrades que chez les pilotes.
Mais les discours des dirigeants de l’entreprise à ce propos ne tiennent pas la route.
Retournez jouer au basket !
Les organisateurs des courses laissent encore entrer des spectateurs qui brandissent, tout au long de la course, le drapeau confédéré américain. Accueillant, n’est-ce pas? De plus, il y a une saveur très chrétienne à ce sport, avec des prières avant chaque course.
Shawn Griffith, réalisateur d’un documentaire sur le racisme dans le NASCAR, est aussi sceptique par rapport à l’affirmation des hauts dirigeants de cette entreprise selon laquelle ils font tous les efforts pour rendre leurs courses attirantes aux minorités.
Les membres du groupe ethnique d’amateurs de course automobile ont récemment fait une petite marche de protestation dans la partie intérieure de l’ovale où sont situés les paddocks des différentes écuries. Les amateurs dans les estrades leur ont crié des injures racistes remplies d’une agressivité sans appareil. « Retournez jouer au basket-ball nigg… », pouvait-on entendre en provenance des estrades.
Mais les dirigeants pointent que les côtes d’écoute du NASCAR chez les Africains Américains au réseau ESPN ont connu une augmentation de17,8%, entre 1995 et 2001. Cependant, cette statistique ne veut rien dire si l’on ne connaît pas l’auditoire de base en 1995. Notre cher ami Jacques Villeneuve, Québécois francophone, sera-t-il l’un des premiers à percer cette barrière, qui est encore en 2007, partie intégrante de ce sport ?