La première université de langue française en Amérique, l’Université Laval, s’éloigne de sa mission d’établissement postsecondaire de langue française pour devenir un établissement qui formera des étudiants qui demain travailleront à faire de l’anglais la « langue internationale des affaires », la langue pour « comprendre les différentes cultures », s’il faut en croire le doyen de la Faculté des sciences de l’administration (FSA).
Le doyen Robert W. Mantha de la Faculté des sciences de l’administration (FSA) a déclaré, le 9 octobre dernier, lors de l’inauguration officielle du Centre des activités internationales (CAI) : « nos diplômés devront comprendre les différentes cultures et parler couramment la langue internationale des affaires : l’anglais. Par conséquent, nous allons offrir dorénavant de plus en plus de cours en anglais*. » Le culte du tout-anglais fait des ravages même dans les hautes sphères de notre société grâce à la collaboration de certains doyens qui se comportent en gourous!
Nos taxes pour promouvoir l’anglicisation
« Parler couramment la langue internationale des affaires : l’anglais »! Ceux et celles qui croyaient que nos établissements scolaires avaient pour mission de former des étudiants qui s’assureront que le français est la langue du travail, la langue du commerce, la langue des affaires, l’une des grandes langues internationales, seront révoltés d’apprendre que leurs impôts et leurs taxes servent au contraire à promouvoir l’anglicisation du monde des affaires, à l’anglicisation des étudiants québécois par la promotion du nouveau cliché, de ce nouveau culte de « la langue internationale des affaires, c’est l’anglais ».
Comme si on ne pouvait pas brasser des affaires autrement qu’en anglais; comme si on ne pouvait pas brasser des affaires à l’international en français ou dans toute autre langue; comme si la francophonie internationale n’existait pas; comme si la diversité culturelle et linguistique mondiale n’existait pas!
Diversité culturelle implique diversité linguistique
Et dire que l’UNESCO a tout récemment adopté une résolution que plusieurs États membres ont par la suite ratifiée et qui a conduit à l’entrée en vigueur, le 18 mars dernier, de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Cette Convention reconnaît l’égale dignité de toutes les cultures. Qui parle de diversité des expressions culturelles parle de lutter contre le nivellement et l’uniformisation culturels de l’humanité, contre l’américanisation et l’anglicisation de la planète. Qui parle de diversité des expressions culturelles parle aussi de diversité linguistique.
Alors que la Convention reconnaît que « la diversité culturelle constitue un patrimoine commun de l’humanité » et que « la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles impliquent la reconnaissance de l’égale dignité et du respect de toutes les cultures », la première université de langue française en Amérique, l’Université Laval, choisit, elle, de promouvoir « l’anglais » comme langue internationale des affaires (!) au détriment du français et de la protection de la diversité linguistique mondiale.
Qui rappellera à l’ordre nos établissements publics et leurs dirigeants en leur précisant que leur mission n’est pas de promouvoir l’anglicisation de leur clientèle et de l’humanité par l’anglicisation des ressources et la défrancisation de leur contenu?
Pas étonnant que certains partis politiques qui, par leur laisser-faire, encouragent ces détournements de mission soient de plus en plus impopulaires! Et, il faut s’assurer qu’ils le seront davantage.
* Source : Au fil des événements, 11 octobre 2007
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