Camille Beaulieu est correspondant en Abitibi-Témiscamingue
Elle en a gros sur le cœur, Martine Dion. Son problème : la concentration de la distribution alimentaire. Non que Martine Dion soit artisane ou productrice agricole. Elle n’est pas épicière non plus. Ce qui l’intéresse, Martine, ce sont les miettes.
Martine Dion dirige une banque alimentaire: 22 points de distribution pour les plus mal pris d’Abitibi-Témiscamingue ; ceux qui ont faim avant la fin du mois.
Elle les recevait par camions ses miettes ; tous les invendus du grossiste régional ADL Ltée. « De quatre à dix palettes de fruits et légumes tout à fait comestibles. » Presque chaque jour depuis dix ans.
Le soufflé est retombé l’an dernier: 6 731 kilos de fruits et légumes en octobre 2006 ; 171 kilos le mois suivant, pas même une palette à se mettre sous la dent.
Sobeys, dont les fruits et légumes s’empilent à hauteur de quatre étages dans un entrepôt à Boucherville, a acheté ADL. Fini ! les miettes. Elles iront ailleurs, à la poubelle ou au compost, les miettes. Ça se vend le compost. Heureusement, puisque chaque supermarché québécois perd 200 000 kg de fruits et légumes chaque année.
La Sainte Trinité de la grosse bouffe
Le gros du marché québécois de l’alimentation est l’apanage de trois grandes chaînes: Loblaw, Sobeys et Metro, soit 2 000 épiceries.
Discrètement et depuis dix ans les trois chaînes centralisent toujours davantage leurs approvisionnements. Elles ont aussi doublé, triplé même, l’espace réservé aux aliments dans leurs supermarchés. La recette a porté fruits: leurs ventes frisent maintenant les 20 milliards de dollars, 80% de tous les aliments et boissons vendus au Québec, comparativement à 60% en 1992.
« Le Québec est un cas unique au monde. Nulle par ailleurs, à l’exception de l’Australie, ne trouve-t-on une telle concentration dans la distribution alimentaire. L’accès au marché, qui passe souvent par Toronto, devient difficile pour les PME manufacturières », nous dit Jacques Légaré, président-directeur général du CTAC, le Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation. Ça regroupe 415 entreprises qui ont produit pour 13 milliards de dollars d’aliments l’an dernier.
Metro tient plus de 20 000 produits différents, contre 12 000 il y a 15 ans. Sobeys aussi. Loblaw dépasse les 30 000 dans ses grandes surfaces. Pourtant, et c’est l’ironie, s’il y a plus de place pour les produits alimentaires en épiceries, il y en a moins pour les fournisseurs québécois !
C’est que pour alimenter ces hypermarchés, les chaînes ont établi de nouvelles règles et serré la vis.
Les chaînes réclament de gros volumes d’approvisionnements, livrables selon la formule «juste à temps» dans un entrepôt de la région de Montréal ou des environs. Elles approvisionnent ensuite les épiceries de tout le Québec. Des modalités irréalistes pour les petits fournisseurs.
Pas de places pour les petits fournisseurs locaux
Les propriétaires de marchés franchisés ont joui longtemps d’une certaine latitude pour offrir des produits régionaux ou du terroir. Ce qui leur permettait de se démarquer de la concurrence. Cette liberté rétrécit comme peau de chagrin.
Louise Ménard, propriétaire de quatre IGA à Montréal, offre depuis 25 ans des aliments régionaux et des produits haut de gamme. «On rogne davantage chaque année sur mes achats de produits locaux et régionaux! On me dit que les fournisseurs doivent être ‘‘listés’’ au bureau-chef. Alors, ils font de l’argent au bureau-chef et ils font de l’argent sur ce qu’ils me vendent. Et en plus, on demande aux petits producteurs de fournir toute la chaîne… c’est une aberration. »
Tout se monnaye en effet dans ce commerce. Les fournisseurs paient des frais de référencement (introduction d’un nouvel article sur la liste des produits offerts par la chaîne: c’est le fameux listing). Les fournisseurs sortent ensuite le carnet de chèque pour la publicité. Certains paient aussi pour trôner à un endroit stratégique sur la tablette. D’autres enfin : gomme baloune, chocolat fin ou magazine, allongent jusqu’à des centaines de milliers de dollars pour voisiner les caisses. Les petits producteurs ne sont pas dans la course; ne reste que la tolérance ou la notoriété d’un produit fin pour y entrer.
Ce qui se produit rarement. « La concentration n’a pas ralenti ces dernières années. Les chaînes ne s’intéressent qu’aux gros volumes, conclut Daniel Mercier Gouin, directeur du département d’Économie agroalimentaire et des Sciences de la consommation à l’Université Laval. Les petits n’ont pas les capacités de se faire référencer (listing). La marge de manœuvre des franchisés s’est réduite. Les marchés étalent des produits locaux, régionaux, des fromages fins, c’est vrai ! mais en petites quantités. »
Les géants de l’alimentation ne manifestent aucun intérêt pour les produits régionaux, confirme Philippe Mollé, chef et chroniqueur gastronomique. «Elles tolèrent tout au plus 10 % de produits régionaux hors des centrales d’achat et du listing.» Bref, la stratégie de l’arbre qui cache la forêt.
Beaucoup d’appelés mais peu d’élus
Toute pimpante dans son costume «petit matelot», Marjorye Gingras, 39 ans, tranche des filets et touille d’odorantes mixtures à l’arrière de sa poissonnerie, à Saint-Bruno-de-Guigues. Elle figure parmi les « happy few » du chef Mollé. Son village, à une encablure du lac Témiscamingue, est un rendez-vous de connaisseurs. Jean Garon, le Gros Alimentaire, y faisait le plein de caviar d’esturgeon, puis partageait ses prises avec ses collègues du cabinet de René Lévesque.
Les caviars, esturgeons fumés et les mousses de Marjorye Gingras n’ont pas toujours trôné au Provigo de Ville-Marie, à 10 kilomètres de là. Elle refusait de les envoyer à Laval, au centre d’approvisionnements. « Après une trotte de 1 600 km, ils ne seraient plus frais. Ni compétitifs.»
Parce que ses produits sont recherchés, Marjorye approvisionne maintenant directement les supermarchés Loblaw ou Sobeys de sa région. Elle figure parmi les élus qui accèdent aux tablettes d’épicerie.
Un cœur de marchand des quatre-saisons derrière des airs de commis voyageur affairé comme une puce, Ghyslain Trudel, 63 ans, est promoteur de produits régionaux. Il démarche pour des entreprises hétéroclites comme l’ail mariné de la ferme Chant-O-vent de St-Esprit, les canards de la ferme Aux-Champs-Élysés de Marieville, et nombre de fromages du Lac Saint-Jean, de l’Estrie, de la Mauricie, des Iles-de-la-Madeleine ou de Québec.
« Lorsqu’on réussit à entrer dans l’une des trois chaîne, ils nous font sentir que c’est une faveur! Les chaînes centralisent leurs opérations pour éviter de concurrencer des produits déjà sur leurs tablettes. C’est ainsi que les Québécois tuent les régions avec leurs dents. »
Les trois chaînes, contraintes d’espace oblige, ne tiennent que quelques marques d’un produit. Une marque maison, pour le haut de gamme (Choix du Président, Sélection, Nos compliments) et une marque sans nom. Plus deux marques nationales - les beurres d’arachides Kraft, par exemple, et Skippy, de Bestfoods Canada.
Cette concentration, à l’intérieur même des épiceries, permet à trois boulangeries industrielles de vendre 88% du pain frais tranché au Québec. Elle explique aussi pourquoi, selon une étude de l’Université Laval ( Lambert et al. 2004), les prix à la consommation des aliments (IPC) ne répercutent pas les réductions des prix à la production (IPP) enregistrées depuis l’entrée en vigueur de l’ALÉNA en 1994.
Loblaw-Provigo, Sobeys-IGA, et Metro Richelieu, se simplifient encore l’existence en exigeant de leurs fournisseurs d’être capables d’alimenter tous leurs points de vente au pays. Les petits produits sans prestige ou moins rentables sont biffés du listing.
« La sélection est féroce, » confirme Françoise Pitt, qui fut rédactrice en chef pendant 13 ans du journal L’Alimentation. «Ne resteront bientôt, parmi les petits producteurs, que ceux qui offrent un produit de niche, un produit du terroir. »
La part du Québec rétrécit
« La tendance est à la guerre des bas prix et au détachement à l’endroit des acteurs locaux, remarque Jean Larose, directeur général de la Fédération de l’UPA. Provigo-Loblaw, particulièrement, redéfinit sa stratégie face à de nouveaux joueurs qui la menacent, comme Wal Mart et Costco. »
Cette débandade des petits fournisseurs profite à la concurrence. La part du Québec dans la transformation alimentaire canadienne a chuté de 25% à 20% ces dernières années. Parallèlement, les importations de produits transformés à l’étranger ont bondi à un milliard de dollars.
« Il est tout de même étonnant que les produits québécois aient plus de difficulté que leurs équivalents étrangers à se retrouver sur les tablettes de nos épiceries », observe Dominique Arseneault, propriétaire d’un marché IGA à Coaticook.
Sobeys, curieusement, est réputé plus ouverte aux petits produits que ses compétitrices. Rien de surprenant par contre que Provigo-Loblaw ait créé une commotion parmi les producteurs maraîchers québécois, il y a quelques années, en transférant sa centrale d’achats de Montréal à Toronto.
Que reste-t-il de l’autosuffisance alimentaire dans ce contexte ? Réconciliées pour une fois, Loblaw et Sobeys gardent un silence pudique sur le pourcentage de produits québécois sur leurs tablettes. Metro avance 50%. En réalité : « On est dans le noir le plus total », tranche Jean Larose de l’UPA.
Les aliments boomerang
Provigo-Loblaw entrepose ses fruits et légumes à Boucherville et ses viandes à Laval, pour approvisionner 300 magasins Provigo, Loblaw, Maxi, L’intermarché et quelques centaines de marchands associés à travers le Québec. La chaîne a injecté, il y a peu, 35 millions de dollars à son centre de distribution de produits non périssables de Laval, devenu l’établissement le plus important du genre du Québec, 600 000 pc2.
Metro, la seule à travailler en français, alimente autour de 500 magasins Metro, Metro Richelieu, Loeb et Super C, au Québec à partir de centres situés à Montréal, Québec et Ottawa. Cette bannière a doublé le nombre de ses épiceries en achetant l’an dernier les marchés ontariens A&P. Certains centres de distribution pour l’ouest du Québec sont dorénavant en Ontario.
Sobeys, qui pourvoit 1 500 IGA, Marchés Tradition, Bonichoix, Omni, Boni-Soir, Dépanneur, Sertard et Voisin, centralise sa distribution à Montréal, Québec, Longueil, Boucherville et Anjou. Sobeys Québec vient tout juste d’injecter 30 M$ à Trois-Rivière pour construire un centre d’entreposage et de distribution des produits réfrigérés.
Totalement informatisée, la logistique de ce système de distribution est impressionnante. En un an, les camions de la seule Provigo parcourent 16 millions de kilomètres. La chaîne peut, malgré tout, suivre chaque produit à la trace, de l’achat auprès du fournisseur, jusqu’à la vente au consommateur.
Jean-Paul Leblanc, qui produit carottes et navets sur 275 acres à Saint-Anselme près de Québec, s’est longtemps arraché les cheveux devant les ratés du système, mais il tire maintenant bien son épingle du jeu. « Je fournis les trois chaînes. Ça a été dur la concentration. Le marché rétrécit tout le temps. »
Les tomates de Guyenne, deux hectares de serres et 300 salariés dans le nord de l’Abitibi, transitent à l’entrepôt de Loblaw-Provigo à Boucherville avant de revenir dans des épiceries d’Abitibi : c’est l’effet boomerang. « Cet aller-retour n’est peut-être pas logique, concède Réjean Dubé, le directeur, mais le système nous ouvre les portes du Québec. Nous apposons des étiquettes différentes chaque semaine sur nos tomates, de sorte que si la rotation est bien faite à Boucherville, il n’y a pas trop de dégâts. »
Moins conciliant, Maurice Richard, co-propriétaire de Aux Grands Jardins Inc. de Rivière Héva, a préféré radier un tiers de million de dollars d’investissements. Ses 900 000 plants de brocolis, choux, choux-fleurs, se vendaient comme des p’tits pains chauds, surtout dans sa région. Puis, Loblaw a imposé la livraison à Boucherville. « C’est devenu invivable. » Les frères Richard se cantonnent dorénavant dans la production d’œufs et de bœufs, dont la mise en marché est réglementée. Ironiquement, les oeufs Richard sont bannis d’une des trois chaîne pour refus de la formule des produits sans nom.
Exclus par les normes techniques
Des centaines de fournisseurs sont rebutés par les nouvelles normes techniques de l’industrie, le code UPC (le code à barres), les transactions électroniques, les standards internationaux, les normes sévères du gouvernement fédéral.
Découragés à la perspective de concurrencer les Kraft, Nestley et autres McCain, d’autres se résignent à l’anonymat et à la dépendance des marques maisons et des produits sans nom. Certains s’arriment derrière une locomotive, telle la coopérative américaine Ocean Spray, qui commercialise des récoltes entières de canneberges du Québec.
Les tablettes des grandes bannières semblent parfois réservées à quelques industriels québécois comme J. Robert Leclerc, président de Biscuits Leclerc, de Saint-Augustin-de-Desmaures. L’entreprise, qui exporte dans une vingtaine de pays, enregistre des ventes annuelles de 250 millions de dollars.
Elle tient depuis longtemps tête à des institutions comme Christie ou Dare Foods. Ce succès n’a cependant pas empêché Metro, Loblaw et Sobeys de retirer des tablettes, il y a quelques années, ses céréales «Les p’tits Bonjours». Lancées en 1999 au coût de 25 millions de dollars, elles ne se démarquaient pas suffisamment des céréales Kellogg’s ou Kraft...
Saputo, 9 000 salariés dans une dizaine de pays, représente l’archétype de la réussite « made in Québec ». La famille du fondateur produisait 10 kilos de mozzarella par jour en 1954; Saputo a vendu l’an dernier 8 milliards de dollars de produits laitiers, de fromages et de pâtisseries. Ses produits sont évidemment disponibles dans les bonnes épiceries… sur plusieurs continents.
Tuons-nous les régions avec nos dents ?
Dans la vraie vie, moins d’une centaine des 1 300 transformateurs alimentaires québécois affiche un chiffre d’affaires annuel supérieur à 50 millions. Les trois-quarts ont moins de 50 employés.
Les marchés conventionnels devenus moins accessibles, les artisans, les producteurs et les petits transformateurs multiplient les tentatives de mise en marché alternative. Ils occupent des échoppes en bordure de routes. Ils fournissent quelques épiceries plus accueillantes ou des traiteurs, des épiceries et des restaurants haut de gamme.
Les villes ont ranimé une centaine de marchés publics. Des réseaux de distribution se forment, en Estrie, dans Chaudière-Appalaches, notamment. On trouve des regroupements de petites épiceries bio et d’aliments naturels aux quatre coins de la province. Des marchés dits de « solidarité » établissent un contact Internet entre consommateurs et producteurs d’une même région.
L’Union des producteurs agricoles du Québec a inauguré, il y a quelques années, un « Marché de chez nous » à Longueuil, pour promouvoir les produits régionaux. Le syndicat agricole noue aussi des liens avec Équiterre et des marchés coopératifs.
Toutes ces initiatives encore marginales sont dans l’air du temps. Les ventes de légumes et autres produits biologiques progressent de 20% chaque année.
Jacques Proulx, président sortant de Solidarité rurale du Québec se désole tout de même de voir le contrat social sur l’agroalimentaire avancé par la commission Pronovost « s’embourber dans les méandres des compromis mous. À l'ère des Wal Mart et des McDo, les défis pour les milieux ruraux et l'agriculture sont sans précédent et les lieux pour en débattre inexistants. »
Chantre de la « souveraineté alimentaire », l’Union paysanne milite pour la création de circuits courts de distribution alimentaire, une distribution dite de proximité soumise à un minimum de fla-flas techniques ou administratifs.
Le ministère de l’Agriculture du Québec privilégie pour sa part l’accès au marché par des initiatives collectives de commercialisation des produits de niche et de terroir. On explore des avenues. Notamment celle des plus petites chaînes, comme Couche-Tard. Sa stratégie « Le Québec dans votre assiette » tente de guider le choix des consommateurs par l’identification claire des produits « made in Québec. »
Jean Larose de l’UPA s’avoue sceptique devant l’impact de ce patriotisme alimentaire : « La réalité est implacable. On devra faire notre place dans un contexte de mondialisation. »
Jacques Légaré, le président du Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation, s’accommode déjà de l’inéluctable. « Dans cinq ou 10 ans, il y aura beaucoup moins de distributeurs et de fournisseurs à travers le monde. Ici comme ailleurs. C’est au plan des saveurs régionales et de terroirs, et grâce à nos habitudes alimentaires particulières, que nous continuerons à nous démarquer. »
« On peut contrer des géants comme Loblaw ou Wal Mart en étant spécialistes de l’épicerie fine et des produits locaux ou régionaux, nuance l’épicière montréalaise Louise Ménard. C’est tellement extraordinaire de bien manger… il ne faudrait pas perdre cela au Québec ! »
Le Québec, entre terroir et méga
De la terre à la table, chaque Québécois investit plus de 10% de son revenu dans l’industrie bio-alimentaire. Un gueuleton pantagruélique de 28,3 milliards de dollars en 2004. Les entreprises qui mettent la table servent de roues de secours à des économies cycliques. Les mines en Abitibi, l’aluminium au Lac Saint-Jean, le fer sur la Côte-Nord, le tourisme en Gaspésie, et le bois un peu partout. En mâchant, nous plébiscitons 1,6 million de concitoyens éparpillés dans un millier de villages.
L’agroalimentaire à la base de cette filière crée 60 000 emplois directs aux champs et produit une valeur de 4,5 milliards de dollars. L’agro-industrie transforme ensuite au Québec 85% de ces denrées. La région montréalaise monopolise une majorité de ces 1 300 entreprises de transformation.
C’est pourquoi le bio-alimentaire, 440 000 emplois, figure loin en tête des entreprises du Québec. Et contrairement au voisin du sud, cette industrie est à échelle humaine. Les exploitations et les entreprises sont souvent de type familial. C’est l’une des caractéristiques du « mode de vie » de la belle province, qui séduit très fort les touristes, et réjouit pas mal de Québécois. La concentration de la distribution alimentaire, et son corollaire automatique, la standardisation de nos papilles gustatives, menacent tout ce bel équilibre.
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