C’est à l’unanimité que les délégués du 62e Congrès de la CSN réunis à Québec du 12 au 17 mai ont voté une résolution demandant au gouvernement d’adopter une loi permettant à tous les salariés d’être couvert par un fonds de pension financé par une cotisation versée par les employeurs. Rappelons que 60 % des travailleurs québécois ne bénéficient d’aucun régime de retraite.
Dans un contexte de vieillissement de la population où les baby-boomers s’apprêtent à prendre leur retraite, une telle revendication qui touche l’ensemble des travailleurs et travailleuses risque de faire tache d’huile si elle est reprise par l’ensemble du mouvement syndical.
Pour le congrès de la CSN, le droit à la retraite ne doit pas être une option. Tous devraient disposer de revenus leur permettant d’échapper à la pauvreté lorsqu’ils avancent en âge.
Aujourd’hui, nous sommes loin du compte : les personnes âgées de 65 ans et plus touchent pour la moitié d’entre eux au supplément de revenus garanti (donc, ont un faible revenu), le Régime des Rentes du Québec assure le remplacement de 25 % du revenu moyen et moins de 40 % de la main d’œuvre est couverte par un régime d’employeur. Finalement, les plus fortunés cotisent à des REER…
Aujourd’hui, le revenu moyen des femmes de plus de 65 ans n’atteint pas
20 000 $ par année. Celui des hommes dépasse à peine 30 000 $ par année. Dans les faits, les travailleurs et travailleuses n’ont pas suffisamment de ressources financières pour constituer une épargne personnelle suffisante et le système actuel de retraite québécois ne joue pas son rôle.
Il faut une loi
Pour le congrès de la CSN, il est temps d’exiger une intervention législative qui consacre le droit de tout salarié d’être protégé par un régime et de bénéficier d’une cotisation de son employeur. Il faudra donc ouvrir des discussions entre le gouvernement, le patronat et les syndicats afin de déterminer les balises d’une telle approche tout en préservant le droit de négocier des régimes au plan local et sectoriel.
Une telle réforme nécessitera un changement majeur dans la structure de retraite. Deux pays peuvent servir d’exemples : l’Australie qui a mis en place un régime à cotisation déterminée obligatoire par entreprise comprenant un pourcentage minimum de contribution de l’employeur ; l’Angleterre adoptera très bientôt un régime unique à cotisation déterminée pour tous les travailleurs qui n’ont pas un régime minimal dans leur entreprise.
Pour l’exécutif de la CSN, bonifier le régime de rentes du Québec n’est pas une solution. Si on modifiait les bénéfices, des débats importants sur le financement de l’ensemble des bénéfices s’en suivrait et poserait un problème d’équité intergénérationnelle.
Une revendication qui rappelle le 100$ du Front commun de 1972
Au cours des trois prochaines années, les fédérations professionnelles de la CSN seront aussi mises à contribution en identifiant des secteurs d’activités où la mise en place de régimes de retraite sectoriels pourrait être faisable. Déjà ce type de régime est en vigueur au Québec pour la construction et les C.P.E. Leur succès ne fait aucun doute.
D’ailleurs, cette formule permet de rejoindre un nombre important de travailleurs et travailleuses qui n’auraient pas eu accès à une couverture de retraite à cause de la petite taille de leur employeur (PME.).
La formule permet une diversification et réduction des risques du régime, une économie d’échelle, des placements plus diversifiés compte-tenu de la grosseur de la caisse de retraite, de meilleurs bénéfices à long terme, une meilleur gestion et gouvernance et une large couverture des travailleurs et travailleuses.
La mise en œuvre de ces mesures serait un tournant majeur au Québec dans notre système de protection du revenu à la retraite et a le potentiel de frapper l’imaginaire et l’action collective comme l’avait fait la revendication du 100 $ minimum par semaine lors du Front commun de 1972.