Il faut que la Communauté métropolitaine de Montréal devienne une structure dotée de pouvoirs décisionnels et que ses champs de juridiction soient revus et augmentés, à moyen terme, pour que cet organisme de planification, qui regroupe 82 municipalités dans le Grand Montréal, se transforme en un véritable gouvernement régional.
À court terme, il faut tout au moins que le président de la Communauté métropolitaine soit élu au suffrage universel. Ce poste est présentement occupé d’office par le maire de Montréal et les municipalités membres y délèguent leurs élus.
Cette réforme réduirait de façon significative la fragmentation institutionnelle qui affaiblit la métropole, elle réduirait aussi le déficit démocratique qui l’afflige et elle lui permettrait de jouer efficacement le rôle qu’on attend d’elle comme fer de lance du développement socio-économique du Québec.
C’est là un des principaux enjeux discutés, hier, lors d’un colloque organisé par la section montréalaise de la Coalition pour un Québec des régions sous la présidence de M. Claude Béland qui a réuni une centaine de participants de tous les milieux et de tous âges où l’on comptait plusieurs jeunes ainsi que des élus municipaux et des leaders d’opinion de la société civile.
La Coalition est une organisation non partisane qui revendique la dévolution de pouvoirs importants de Québec vers les régions et la mise en place de gouvernements régionaux élus. Elle suscite dans toutes les régions du Québec une réflexion et des débats sur la nécessité de cette décentralisation tout en favorisant le dialogue entre les régions.
La complexité, voire l’obscurité des structures politiques de la région métropolitaine – 82 municipalités, 14 MRC, 2 agglomérations, 5 régions administratives notamment - ont été unanimement dénoncées de même qu’a été affirmée l’urgence de les simplifier et de remédier au déficit démocratique qui afflige la métropole. « Nous sommes sur-administrés » , a-t-on déploré.
La réforme municipale du début des années 2000, avec ses fusions et défusions, a aussi empiré la situation. La solution, selon plusieurs, passe par la réconciliation des structures institutionnelles avec le territoire fonctionnel, c’est-à-dire la région métropolitaine, comme l’ont préconisé plusieurs études dans les années 1990.
Peu de participants au colloque se sont prononcés en faveur du statu quo, mais on admet qu’une réforme n’est pas pour demain car il faudrait qu’un mouvement urbain soit mis sur pied pour promouvoir l’idée et qu’un leadership politique fort l’endosse. Or, ces conditions n’existent pas à l’heure actuelle.
On espère tout de même que la question soit un enjeu de la campagne électorale qui débute.
Enfin, certains participants ont dit craindre que la création de gouvernement régionaux ne signifie l’ajout d’un autre palier décisionnel en plus des MRC et des conseils d ‘agglomération. Il faudrait plutôt que les gouvernements régionaux se substituent à ces dernières. Pourquoi alors ne pas augmenter les pouvoirs des MRC, s’est demandé un participant.
Par ailleurs, le colloque a abordé la question des relations entre Montréal et les autres régions du Québec dans la perspective que les deux pôles soient complémentaires et ne s’opposent pas.
Dans ce but, le professeur Marc-Urbain Proulx a proposé la mise sur pied d’un « Forum métropolitain des territoires » et un ancien directeur de l’OPDQ à Montréal, M. Bryant McDonnough, a parlé du projet pilote d’une Maison des Régions à Montréal qui a fonctionné pendant plusieurs années au cours des années 1980 et qui pourrait peut-être relancé
Deux tables rondes ont ponctué le colloque. Huit panellistes y ont participé : Gérard Beaudet, directeur de l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal ; Danielle Bellange, conseillère municipale à St-Placide et coordonnatrice du Réseau national sur la démocratie municipale ; Louis Bernard, ex-secrétaire général du Gouvernement du Québec ; Gaétan Châteauneuf, président du Conseil central du Montréal métropolitain-CSN ; Bryant McDonough, ex-directeur de l’OPDQ à Montréal ; Marie-Claude Prémont, professeure de droit à l’ÉNAP ; Marc-Urbain Proulx, professeur en économie régionale à l’Université du Québec à Chicoutimi et Dimitri Roussopoulos, président du Chantier sur la démocratie de Montréal
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