Nous avons rencontré Réjean Porlier, le nouveau président du Syndicat des technologues d’Hydro-Québec (SCFP 957-FTQ), le jour de la première tempête de neige dans les Laurentides. Une grosse neige mouillée, lourde, celle qui casse les branches, provoque des interruptions de service et nous fait réaliser notre dépendance à l’électricité.
Ses gars, avec ceux des autres unités d’Hydro-Québec, s’employaient à rétablir le service, au grand soulagement des milieux touchés, ce qui est toujours une occasion de constater que le « courant » passe toujours entre la population québécoise et les employés d’Hydro.
Réjean Porlier nous a accordé cette entrevue entre deux assemblées au beau milieu de sa tournée du Québec. Nouvellement élu président – le 15 juillet dernier – avec son collègue Owaldo Montega au poste de secrétaire-trésorier, Réjean s’est donné pour mandat de « raccorder la base avec le haut de la structure ».
Originaire de Sept-Iles, le nouveau président a hésité longuement avant de poser sa candidature à la présidence de son syndicat. Mais des dossiers non réglés, malgré une entente générale intervenue entre Hydro-Québec et ses employés sur le renouvellement de la convention collective, ont vaincu ses résistances.
Ces dossiers, un peu complexes pour des observateurs extérieurs, mais importants pour les personnes concernées, traînent depuis plusieurs années. Depuis 2001, dans le cas du dossier « Valorisation » pour les postes intermédiaires de chefs d’équipe, de supports techniques, de responsables de la coordination. « Les techniciens et les techniciennes sont victimes de leur professionnalisme, accumulant au fil des ans un lot de responsabilités pour lesquelles ils ne sont pas reconnus tout en s’assurant de prendre tous les moyens pour livrer la marchandise », nous explique Réjean pour justifier l’ajustement salarial réclamé.
Un autre dossier touche des différences salariales importantes – pouvant aller jusqu’à 13 000 $ par année – entre des membres de son unité et ceux d’une autre unité syndicale pour le même travail.
Enfin, il y a toujours la volonté du syndicat de maintenir l’expertise chez les gens de l’entretien et de contrer la tendance d’Hydro de profiter des nouvelles possibilités technologiques pour tout rapatrier à Montréal. « On ne veut pas être seulement des ‘‘brancheux’’ et des ‘‘débrancheux’’, ajoute Réjean, Il faut que nos gens, particulièrement la relève, les plus jeunes, puissent avoir un plan de carrière dans leur région. »
C’est pour mobiliser sur ces dossiers ses 2 500 membres répartis sur l’ensemble du territoire québécois que Réjean a entrepris sa tournée. « Pour mener les dossiers à terme, il faut impliquer les gens concernés, précise le nouveau président. Je veux m’entourer de gens qui vont me pousser. Je veux pas tirer. »
Réjean veut revenir à des formes d’action plus directes, basées sur la mobilisation des membres. « Un grief, ça prend de 3 à 5 ans avant de se régler. Je crois plus dans l’action syndicale pour des résultats directs. »
Bien qu’il mette pour l’instant l’essentiel de ses énergies à remobiliser ses membres sur leurs intérêts particuliers, Réjean Porlier demeure préoccupé par les grands enjeux nationaux, particulièrement dans le domaine de l’énergie.
Il y a bien entendu l’éolien, dont les syndicats d’Hydro revendiquent depuis plusieurs années la nationalisation, mais également le dossier des petits barrages privés. « Il y a dix ans, j’avais levé une mobilisation contre la privatisation d’Hydro. Aujourd’hui, je me rends compte qu’il y a de plus en plus de petites centrales privées, sans que cela suscite beaucoup de réactions. Il y a des projets de construction sur la rivière Sheldrake, sur la Rivière-au-Tonnerre sur la Côte Nord. Mais ce n’est pas facile de mobiliser la population », nous dit celui qui fait le pari qu’il pourra y intéresser ses membres après avoir revitaliser sa structure syndicale à partir des questions qui les concernent directement.
Réjean Porlier semble bien parti pour gagner son pari. Une visite sur le site Internet du syndicat m’apprend qu’il a obtenu l’appui de 96% de ses membres dans le dossier « Valorisation ».
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