Ma très mauvaise, et ancienne, attitude vient de mon ami Michel Chartrand, que m’ont dit mes thérapeutes. Et c’est lui qui, en plus, m’a appris à sacrer. Je me suis donc inscrit à une thérapie sur le «jovialisme lucide éclairant» donné par un genre de Bernard Landry en plus positif mais moins cultivé, mais qui ne l’est pas?
C’est bizarre, et je n’aurais jamais cru ça possible, mais depuis ma thérapie, je trouve les States maintenant formidable comme pays. Par exemple, prenons les mauvais traitement infligés aux détenus irakiens à la prison d’Abou Ghraïb par les soldats américains… Eh bien, c’était juste du dénigrement gratuit et de l’antiaméricanisme primaire.
Dans le Journal de Montréal du 4 août 2004, la jeune et patriotique militaire américaine Lynndie England, qui s’était fait connaître avec des photos la montrant se moquant de prisonniers irakiens enchaînés et battus, l’a dit : «C’était pour rigoler». Mon Dieu que les Irakiens n’ont pas le sens de l’humour… Se faire torturer, y’a rien de plus drôle, non?
Dans un autre article du même journal du 7 février 2008 intitulé : «La Maison-Blanche d’accord avec la simulation de noyade», ben moi, en plus de trouver ça rigolo, je considère que les Américains sont trop bons et apprennent à des méchants musulmans à nager gratos.
Peut-être une médaille en natation pour l’Irak aux prochains jeux olympiques? La guerre en Irak peut ben leur coûter un bras, pas aux prisonniers irakiens, s’entend mais aux Yankees! Trop de bonté m’émeut!
Puis, dans le cas de massacres répétés, dont celui de Haditha, toujours en Irak, il n’y en aura plus de problème puisqu’il y aura dorénavant : «Des cours d’éthique pour les soldats américains en Irak» que titrait La Presse du 21 juin 2006. Et pour les viols commis par les soldats américains sur leur base militaire au Japon, le Journal de Montréal du 20 février 2008 titrait : «Les soldats américains vont être formés».
Merde, ce ne sont plus des soldats, l’armée américaine est devenue une secte de missionnaires humanistes et de bérets blancs.
Et, en Irak justement, la mission humanitaire de Bush commence à porter fruit comme le laisse voir le titre de cet article du Journal de Montréal du 9 août 2004 : «La peine de mort rétablie en Irak». Enfin, la liberté revenue, merci beaucoup monsieur Bush.
Une crainte m’est toutefois venue à la lecture de ce texte du 16 juillet 2004 du même quotidien intitulé : «Le nouveau gouvernement irakien veut faire la guerre aux terroristes». Dans ma petite tête je me suis dit : «Mon doux Jésus, le gouvernement irakien veut-il faire la guerre aux Américains». La vigilance est de mise avec ces gens pas portés une miette sur les accommodements dits raisonnables.
«Bévue américaine : six militaires irakiens tués par erreur» que titrait le Journal de Montréal du 4 septembre 2008 et «Afghanistan : Une bavure de la coalition fait 90 morts», titre d’un article du Journal de Montréal du 25 août 2008. Bon, les «zumanistes» vont encore grimper dans les rideaux.
Dans un article de La Presse du 26 août 2008, Bush en personne l’a dit : «Ce sont des bavures légitimes» et il a dit qu’il a de la grosse «pé-peine» pour les malheureux et malchanceux civils tués (Journal de Montréal, 4 septembre 2008). Ils étaient juste au mauvais endroit, au mauvais moment.
Enfin, on passera pas le réveillon sur ces quelques décès d’étrangers. Après tout, ce ne sont pas des Américains! Merde, c’est un prix minime qu’ils doivent légitimement payer s’ils veulent que les Américains amènent enfin la démocratie chez eux et reconstruisent leurs pays! Reconstruisent ce qu’ils ont détruit s’entend et l’argent des Irakiens et des Afghans. Eux aussi doivent faire leur part, pas juste les Américains.
Faut tout de même pas exagérer. Vous savez bien que l’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Alors, arrêter de chiâler et de râler pour quelques «dommages collatéraux» inévitables. Et puis dans un article de La Presse du 6 août 2007 rédigé par le journaliste Alexandre Sirois, George W. Bush a dit : «Il y a l’épaule de Dieu sur laquelle je peux pleurer. Et je pleure beaucoup». Un saint homme que je vous dis qui ne serait pas capable de faire mal à une mouche à chevreuil.
Oui, les États-Unis est le pays le plus libre et le plus démocratique du monde comme le prouve éloquemment le titre de cet article paru dans Le Devoir du 22 août 2001 : «Un condamné à mort préfère la chaise électrique». Clisse, on lui a donné le libre choix entre la pendaison, l’injection mortelle et la chaise électrique. Ainsi, il sera électrocuté aux frais de l’État… au prix que coûte l’électricité aux States, ils font preuve de trop de charité, si vous voulez mon avis. On devrait au moins exiger qu’il paie lui-même sa facture d’électricité. Me semble qu’avant son départ c’est la moindre des choses.
Et, en plus, les Américains sont très pieux comme le laisse voir le titre de ces deux articles : «Essence : On prie Dieu pour faire baisser le prix» (Journal de Montréal, 27 avril 2006) et «Pour vendre votre maison : Priez Saint Joseph» (Journal de Montréal, 20 septembre 2007). Du ben bon monde à l’image de George W. Bush, leur président chéri, qui, selon moi, devrait être béatifié et canonisé de son vivant par le Vatican. C’est bien la moindre des choses.
Et dire que le pape Benoît XVI a refusé de recevoir la secrétaire d’État américaine, la très bonne Condoleezza Rice à l’été 2007 (Journal de Montréal, 20 septembre 2007). Shame on the «pape». Même les gens d’affaires responsables de la crise financière, qui va coûter au moins 1300G$ au citoyen américain, prient. «Les financiers à l’église» que nous dit le Journal de Montréal du 24 septembre 2008 : «Les gens s’assoient, prient ou pleurent» qu’a dit le révérend. C’est-y pas beau ça? Après ce qu’ils ont fait, ils pourraient aussi s’agenouiller et demander pardon au lieu de verser des larmes de crocodile comme ils en ont l’habitude. Par contre, je suis sûr qu’ils ont fait griller quelques lampions format «king size» et jumbo en couleurs pour les loustics qu’ils ont floués.
Plusieurs Saints doivent tiquer et se retourner dans leur tombe à voir le vaudeville de ces bandits repentis. Moi, ma solution serait de les faire méditer en prison au frais de l’État, et pour longtemps en plus de ça. La prison, un merveilleux endroit propice au recueillement.
Vous voyez, ma thérapie me transfigure et je deviens de plus en plus magnifiquement miséricordieux. Tiens, juste pour vous, une preuve indubitable de la religiosité des Américains tel que révélé dans le titre de cet article de La Presse du 24 août 2005 : «Un télévangéliste américain (Pat Robertson) réclame l’assassinat du président vénézuélien (Hugo Chavez)». C’est Dieu qui lui a fait part de cette mission divine pour le bien des States, donc de l’humanité.
Dans mon prochain article, je poursuivrai ma tirade, que dis-je, mon élan d’amour sur les États-Unis, pays de la liberté individuelle, notamment celle de porter une arme à feu comme on le verra… Vous aussi vous aller vous laissez charmer par ce pays, je vous le garantis! Ce que ça fait du bien une thérapie, on voit les choses plus joyeusement, vous ne trouvez pas?