Félix Leclerc. Gaston Miron. Deux géants. Dans la résonance et la démesure de cette terre Québec de toutes les espérances. Et, heureuse initiative, au cours de la dernière année, deux disques sont parus, où l’écho de ces deux voix uniques, de ces écritures empreintes de souffrance mais toujours combattantes, sont maintenant portées en musique dans la complicité et le respect d’interprètes de nos si larges horizons. Deux disques hommages incontournables. Parce que nécessaires. À qui veut bien lire et entendre le souffle fascinant de ces deux grands poètes.
Initié par sa fille Nathalie Leclerc, l’hommage à Félix propose un voyage musical captivant, où se rencontrent et s’interpellent trois générations de nos plus grands interprètes. Refaire le tour de l’île avec Karkwa (absolument fantastique) ou revivre un complot d’enfants avec Vincent Vallières et Marc Déry. Laisser s’enraciner présence dans la voix souche de Richard Séguin. Ouvrir le monde au petit bonheur en laissant festoyer Marco Calliari ou tracer notre sentier dans la ferveur d’une Catherine Major. Ce disque arpente véritablement tous les registres possibles. Et, comment ne pas terminer ce voyage avec la voix d’un Fred Pellerin de toutes les complaintes avec douleur.
Porté par Gilles Bélanger qui en a fait toutes les musiques (qui à quelques occasions s’imposent au détriment des mots) l’hommage à Gaston Miron propose un paysage poétique très émouvant. De Jim Corcoran à Yann Perreau, de Michel Faubert à Daniel Lavoie, de Plume Latraverse à Martin Léon, ces douze hommes rapaillés reprennent avec assurance et passion les textes de Miron, traduisant à leur façon les multiples facettes du poète. Chant d’amour, de souffrance, mais également ô combien d’espoir, les textes de Miron retrouvent dans ces chants le souffle immense de leur créateur. Ici encore, tendez l’oreille à l’interprétation de Richard Séguin. Vraiment magnifique.
Il n’y a pas si longtemps, le Québec s’enflammait dans les mots de Miron, redressait la tête sous le regard acéré de Félix. Mais comme la mémoire est courte en ce pays, nous devions remettre cette parole au monde. Ces deux disques le font bien. Et, encore aujourd’hui ce pays rêvé et espéré reprend vie, porté par l’immensité des voix de ses interprètes.
De ces mots qui n’oublient pas, qui ne plient jamais l’échine. De ces mots gravés dans la mémoire d’un peuple, nous vous suggérons de les partager avec vos parents, avec vos enfants. Et de Miron à Félix «nous serons devenus des bêtes féroces de l’espoir», « ça signifie l’heure est venue si t’as compris».
Félix Leclerc, Fondation Félix Leclerc, Tacca Musique (2008)
Douze hommes rapaillés, Les éditions de l’Anse-aux-corbeaux – Ad Litteram Inc. (2008)
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