Un peu plus d'un an après la publication du rapport Pronovost sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire québécois, une coalition réunissant plusieurs groupes importants d'agriculteurs, de consommateurs, de citoyens et d'écologistes vient d'adresser une lettre au Premier ministre lui demandant de mettre en oeuvre sans tarder les réformes proposées par la Commission Pronovost et le rapport Saint-Pierre, qui font un large consensus en faveur d'une agriculture plus diversifiée, plus enracinée dans nos territoires et plus respectueuse de la nature.
Cette lettre est en quelque sorte le manifeste rassembleur de la Coalition. C'est la première fois qu'un tel regroupement, englobant à la fois les volets agriculture, alimentation, environnement et santé, se manifeste pour défendre le Rapport Pronovost et exiger du Gouvernement sa mise en oeuvre sans délai.
« Nous estimons que votre gouvernement a en mains tous les éléments pour procéder à des réformes majeures devenues incontournables, peut-on lire dans la lettre envoyée au Premier ministre. Après toutes ces années de réflexion et de travail, l'heure de vérité est arrivée. Votre gouvernement ne peut plus se défiler. Il se doit de défendre l'intérêt collectif dans ce dossier et de ne pas laisser des intérêts corporatifs saboter une politique agricole aussi vitale pour l'ensemble du Québec. Si on devait passer à côté de cette opportunité, il faudrait faire notre deuil à jamais d'une agriculture québécoise et d'une souveraineté alimentaire chez nous. »
La Coalition se dit inquiète des signaux qui émanent du Gouvernement du Québec depuis quelques mois. Durant la dernière campagne électorale, le Premier ministre à donné son accord à un comité bipartite Etat-Union des Producteurs agricoles, qui constitue une sorte de droit de veto de l'UPA sur une réforme à laquelle elle s'oppose fortement et publiquement. Récemment, le Ministère de l'Agriculture a aussi engagé un opposant notoire au rapport Pronovost (Michel Morisset) à titre de consultant pour la future politique agricole.
Dans sa lettre au Premier ministre, la Coalition rappelle que le Rapport Pronovost, et celui plus récent de Michel Saint-Pierre sur le soutien de l'Etat aux agriculteurs, ne proposent nullement d'éliminer l'agriculture industrielle et le soutien public aux agriculteurs, comme certains aimeraient le faire croire, mais plutôt de repositionner notre agriculture en fonction des exigences actuelles du marché, de l'occupation du territoire, de la demande des consommateurs et de la protection de l'environnement en faisant une place plus grande dans nos politiques agricoles à une agriculture multifonctionnelle, territoriale et écologique.
« Avec les rapports Pronovost et Saint-Pierre, rappelle Richard Favreau, président d'Avenue BIO de l'Est, le regroupement des producteurs et productrices horticoles biologiques du Bas-Saint-Laurent, apparaît enfin l'espoir de corriger l'injustice causée à de nombreux producteurs. Le nouveau programme de gestion des risques agricoles proposé par Saint-Pierre est un pas dans la bonne direction. De plus, le Contrat d'agriculture multifonctionnelle reconnaît enfin la valeur sociale et environnementale des fermes biologiques et marque une orientation claire pour le développement de l'agriculture de demain ».
La Coalition déplore que le débat se fasse encore en vase clos, loin des consommateurs, des citoyens et même des agriculteurs sur le terrain, bien qu'il s'agisse d'enjeux de société déterminants pour l'avenir du Québec, de ses collectivités territoriales, de l'alimentation et de la qualité de vie de ses citoyens.
Elle exige donc du Premier ministre « que son gouvernement rende public d'ici l'été un énoncé de politique agricole qui reflète pour l'essentiel l'esprit et les orientations définies dans le Rapport Pronovost et le Rapport Saint-Pierre, et qui soit suffisamment précis pour servir de base aux réformes proposées, de façon à ce que le débat public puisse se faire en toute transparence et équité ».
Parmi les signataires de la lettre au Premier ministre on retrouve des fermes et des artisans de tous les coins du Québec (Union paysanne, Avenue bio de l'Est, Collectif d'agriculteurs du Bas-St-Laurent, Fromagerie Au Gré des Champs, etc.), des associations de consommateurs (Union des consommateurs, Association Manger Santé Bio, Jardins collectifs, Banques alimentaires), des groupes écologiques (Greenpeace, Les Ami(e)s de la Terre de Québec, Groupe de recherche écologique de la Baie, Réseau contre les OGM), des organisations citoyennes (Parti vert du Québec, Québec solidaire, Coalition pour un Québec des régions), des personnalités impliquées (Daniel Pinard, Renée Frappier, Hugto Latulippe, des agronomes , etc.). Il s'agit donc d'appuis de personnes et de groupes représentatifs, impliqués et pleinement conscients des enjeux visés.
Parallèlement à cette prise de position, d'autres groupes importants prévoient intervenir parallèlement sur le sujet, notamment Solidarité rurale, les deux grandes Unions municipales, Equiterre, Nature-Québec, le Regroupement des Conseils régionaux de l'environnement, etc.
Pour sa part, la Coalition SOS-Pronovost entend veiller et intervenir jusqu'à ce que le virage agricole préconisé par le Rapport Pronovost soit mis en oeuvre.
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