Tous se rappelleront qu’à la fin des années 1960, début 1970, l’Université du Québec (UQ) fut créée pour rattraper le retard que le Québec avait dans la formation universitaire et la recherche en langue française. Il y avait au Québec plus d’universités de langue anglaise (McGill, Sir George Williams, Loyola et Bishop) que d’universités de langue française (Montréal, Laval et Sherbrooke), sans parler du fait que très nombreux francophones et allophones choisissaient d’étudier en anglais!
La colère québécoise aboutit à de grandes manifestations dénonçant la structure coloniale québécoise. La foule scandait dans les rues de Montréal « McGill français » obligeant ainsi le gouvernement du Québec de l’époque à créer une nouvelle université de langue française à plusieurs constituantes, l’Université du Québec. Il profita de l’occasion de l’ouverture de la constituante de Montréal pour également décentraliser vers les régions, l’enseignement et la recherche universitaires en ouvrant d’autres constituantes et des centres universitaires à Rimouski, Trois-Rivières, Hull, Rouyn-Noranda et Chicoutimi. Ainsi, l’UQAC, l’UQAR, l’UQTR et plus tard l’UQAH et l’UQAT virent le jour.
La société québécoise poursuivait parallèlement un autre objectif, soit la québécisation du contrôle des entreprises et la francisation des milieux de travail en préparant les universitaires diplômés de ses universités à faire du français la langue normale de travail, la langue de l’administration et la langue des affaires, la langue d’usage public.
Mais voilà que la mentalité du colonisé refait surface au Québec. On la retrouve bien présente même dans nos universités. On ne peut, ici, blâmer les anglophones puisqu’il s’agit de nos établissements de langue française gérés par des francophones! Eh oui, les anglomanes et les « anglolâtres » de nos universités détournent de plus en plus la mission de nos universités de langue française pour les bilinguiser, les angliciser. On y prépare nos étudiants et étudiantes à collaborer à l’anglicisation de la langue de travail; à en devenir même d’actifs multiplicateurs!
Par exemple, dans l’édition de fin de semaine du 10 mai du journal très francophone Le Devoir, l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) publiait une grande offre d’emploi (voir ci-dessous) en français, cela va de soi, mais également en anglais, annonçant qu’elle est à la recherche d’un « Research Chair of Canada of Level II on the Conditions of Aluminium Industry ». Pourquoi publier une offre d’emploi en anglais dans un quotidien québécois de langue française? Poser la question, c’est y répondre.
De plus, nulle part dans cette offre d’emploi est-il mentionné que la maîtrise du français est essentielle pour ce poste! Il y a aussi lieu de se demander dans quelle langue se dérouleront les entrevues dans une université de langue française!
Chercher l’erreur? Université du Québec… de langue française… à Chicoutimi… offre d’emploi en anglais… dans Le Devoir… aucune exigence de la maîtrise du français…
Si le ridicule tuait, nous serions aujourd’hui débarrassés d’un grand nombre d’« anglolâtres » et d’anglomanes qui se pressent à défranciser et à angliciser nos établissements postsecondaires.
Faudra-t-il un jour manifester devant l’Université du Québec (UQ) en scandant « UQ français »?
Source :
Impératif français