Même si le Produit intérieur brut (P.I.B.) canadien a augmenté de 0,1 % en juin et que certains « experts » crient à la fin de la récession, le nombre de chômeurs a continué d’augmenter au Québec pour se situer à 9 %. C’est 70 000 travailleurs et travailleuses qui ont perdu leurs emplois au Québec depuis le début de la récession. Pendant ce temps, la réforme du régime d’assurance-emploi réclamée par la coalition des Sans Chemises qui regroupe la FTQ, la CSN, la CSQ et le Conseil National des chômeuses et des chômeurs (CNC) est toujours refusée par le gouvernement Harper.
« Le taux de chômage a monté de deux et demi pourcent depuis la dernière élection fédérale, et on attend toujours qu’Ottawa passe à l’action sur ce front », constate Michel Arsenault, président de la F.T.Q.
Au Québec, comme au Canada, un large consensus s’est développé autour des revendications de la coalition des Sans Chemises afin d’améliorer l’accessibilité et le niveau des prestations d’assurance-emploi, surtout en période de récession.
Près de 50 instances du monde politique, municipal, régional, économique, institutions d’enseignement et l’Assemblée des évêques du Québec réclament d’une même voix une réforme du programme. Même des conseils municipaux, dont ceux de Montréal et de Toronto, des CRE, des MRC, des instances économiques comme des Chambres de commerce et des CLD ont signé la déclaration des Sans Chemises.
Pour Roger Valois, vice-président de la CSN : « Chaque sous donné aux chômeurs va directement dans l’économie. Ça sert à payer le logement, la nourriture et les dépenses courantes. Il n’y a personne qui met cet argent dans des REER. C’est pourtant simple à comprendre. Pour nous, la réforme clé c’est d’améliorer l’accessibilité au programme en ramenant le critère de base à 360 heures peu importe la région. La caisse a les moyens pour financer cette revendication qui permettrait à 150 000 travailleurs d’avoir accès à l’assurance-emploi. Son coût est de un milliard soit, l’équivalent du surplus de la caisse l’an dernier », confie à l’aut’journal, le coloré syndicaliste.
« La CSN poursuivra sa campagne d’opinion publique afin de mobiliser la population autour des revendications de la coalition. Les gouvernements ne font rien. La campagne sera à l’ordre du jour de nos instances cet automne et nous passerons à l’action », de conclure le vice-président Valois.
Du côté de la Chambre des communes à Ottawa, l’opposition réclame la réforme de l’assurance-emploi. Michael Igniatieff, chef du Parti Libéral a brandi la menace de renverser le gouvernement Harper si ce dernier ne donnait pas le feu vert à la réforme des 360 heures pour améliorer l’accessibilité au programme. Puis, il a retiré sa menace avant de promettre à nouveau de renverser le gouvernement, mais en refusant de faire de l'assurance emploi la questionc centrale.
Pour Yves Lessard, porte-parole du Bloc québécois, en matière de ressources humaines et développement social et député de Chambly – Borduas, le bât blesse du côté du Parti Libéral.
« Lors de la présentation du projet de loi C-241 par Christian Ouellet, député du Bloc dans Brome-Mississquoi, projet portant sur l’abolition du délai de carence de deux semaines avant de toucher l’assurance-emploi, nous avons constaté que les libéraux était divisés sur cette question même si nous avons obtenu la majorité de la chambre pour la 2e lecture ».
Pour Yves Lessard, l’heure de vérité des libéraux sonnera le 14 septembre prochain alors que le projet de loi sera mis aux voix en deuxième lecture. Rappelons que M. Lessard du Bloc a déposé le projet de loi C-308 qui ramène l’accessibilité du régime à 360 heures, maintient la couverture pour 50 semaines et garantit 60 % aux prestataires 60% de leur salaire.
« Les libéraux ne se sont compromis que sur les 360 heures et, à tergiverser comme ils le font, la récession va être passée et ils déclareront qu’il n’y a plus besoin de réformer le régime ».
« Les libéraux menaçaient de renverser le gouvernement Harper sur la question des 360 heures. Ils se sont fait berner par Harper qui les a embarqués dans un comité bidon. La seule ouverture que Harper faisait c’était d’ouvrir le régime pour les travailleurs autonomes pour les congés parentaux. Donc, rien pour le Québec qui a déjà son propre programme de congés parentaux ».
« Dans les faits, Igniatieff fait deux accrocs à la démocratie. D’abord en mettant fin à la coalition de l’opposition, qui avait reçu un mandat majoritaire de la population, il permet du gouvernement Harper de gouverner comme s’il était majoritaire. Deuxièmement, en acceptant le comité bidon de Harper sur la réforme de l’assurance-emploi, il méprise les institutions parlementaires canadiennes. En effet, le comité permanent des Ressources humaines et des Affaires sociales (regroupant tous les partis politiques de la Chambre) a fait consensus sur 28 recommandations visant à améliorer l’assurance-emploi dont les 360 heures. Il n’a donc pas à s’embarquer sur le comité bidon de Harper ».
Pour Yves Lessard du Bloc Québécois, dont le projet de loi C-308 sera soumis au vote à la Chambre des communes avant la mi-octobre, septembre sera le critère de vérité de M. Igniatieff dans sa volonté réelle d’aider les chômeurs à passer à travers la récession.
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