Sous le titre de Renforcement de la langue française, le document de réflexion en vue du prochain Conseil national du PQ proclame que « En 2009 au Québec, les problèmes et les énormes défis à relever sont à Montréal [c’est-à-dire dans l’île de Montréal] […] Ailleurs au Québec, le français se porte très bien même si de grands progrès doivent être faits au chapitre de l’enseignement du français écrit ».
Ce constat est insensé. Dans l’Outaouais, la ville de Gatineau se bilinguise au galop. Le français se porte très mal aussi ailleurs dans la région de Montréal. Entre 2001 et 2006, le français, langue d’usage au foyer, a reculé au profit de l’anglais au même degré dans la couronne métropolitaine de Montréal que dans l’île.
Quant à la débandade du français dans l’île, le constat ne tient pas mieux l’eau. Le document avertit que « Selon plusieurs démographes, en deux générations [le pourcentage de francophones, langue maternelle, dans l’île de Montréal] pourrait [de 50 % qu’il est en 2006 ] diminuer à 43 % ». Or, de 2001 à 2006, soit en l’espace de cinq ans seulement, le poids du français, langue maternelle, dans l’île VIENT de chuter de 3,4 points. Ce n’est pas une prévision, ça vient d’arriver! Si ça continue au même rythme, de 50 % en 2006 on sera rendu à 43 % en DIX ANS, soit en 2016, et non pas dans « deux générations »! L’urgence d’agir est sans commune mesure avec de quelconques prévisions démographiques.
Cela fait par conséquent sursauter que de se faire demander « Quelles sont les mesures qui seraient susceptibles de favoriser le maintien des familles sur l’île de Montréal? ». Je le répète : le français recule autant au profit de l’anglais dans le « 450 » que dans le « 514 ». Ce n’est donc pas l’étalement urbain qui fait problème, c’est le statut inférieur du français face à l’anglais. Et ce problème commande d’urgence une solution décisive.
Cela fait également misérable que de se voir demander mollement « Quelles mesures doivent être prises pour que les élèves provenant des écoles secondaires francophones fréquentent des cégeps de langue française? ». Formulation qui tranche avec la question précédente « Seriez-vous favorables à ce que les écoles privées non subventionnées soient assujetties à la loi 101? ».
Le document de réflexion ne soulève même pas la question du financement outrageusement disproportionné des universités et hôpitaux anglais. Par exemple, quel message deux mégacentres hospitaliers universitaires financés à égalité mais l’un anglais, l’autre français, envoient-ils? Celui d’une île de Montréal bilingue mur à mur.
Le bouquet c’est que nulle part est-il question, comme le disait si bien Mme France Boucher, de « nettoyer la soue ». C’est-à-dire, d’assainir l’information, la réflexion et la recherche sur la situation linguistique en rendant enfin l’Office et le Conseil de la langue française indépendants du parti au pouvoir. On attend du PQ qu’il se rachète sur ce plan. Il a par le passé miné la crédibilité de ces organismes autant que les libéraux, en se complaisant dans le petit jeu des nominations partisanes.
Le slogan « Penser et agir en gouvernement souverainiste » parcourt le document. Espérons que les participants au Conseil national sauront donner à ces mots tout leur sens.
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