L’auteur est membre de Projet Montréal
Comme on le sait, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a accepté avec joie et empressement l’invitation du maire Gérald Tremblay, chef d’Union Montréal, d’être membre du comité exécutif de la ville de Montréal entièrement contrôlé par le parti au pouvoir, Union Montréal.
Responsable de l’urbanisme, il pense ainsi pouvoir influencer de façon capitale les décisions de l’administration dans un sens progressiste. Le maire a d’ailleurs lancé le défi à son nouvel allié de «contaminer» ses collègues avec ses idées.
Mais on sait que le pouvoir des idées n’a pas beaucoup de poids devant certains intérêts particuliers contraires au bien commun. Les événements des derniers mois nous l’ont démontré amplement.
Ce dernier a fait savoir, par ailleurs, qu’il serait «solidaire» des décisions prises par les membres de l’auguste cénacle qui siègent encore à huis clos.
Cette situation atypique soulève bien des questions. Normalement, ce genre d’alliance survient entre un parti majoritaire comme Union Montréal et un parti minoritaire comme Projet Montréal après une entente formelle où la formation au pouvoir s’engage à mettre en œuvre certains points importants du programme du parti qui siégerait normalement dans l’opposition.
On a alors un gouvernement de coalition. Cette situation se présente surtout avec un scrutin proportionnel où aucun parti n’est majoritaire en sièges mais qu’un se démarque des autres. Ce dernier s’allie habituellement à un parti secondaire avec lequel il a des affinités qui puissent garantir de la stabilité.
Mais ce n’est pas le cas présentement à Montréal et cette situation atypique soulève des problèmes qui peuvent être cuisants à court terme pour Projet Montréal.
Qu’arrivera-t-il le jour - qui n’est pas très loin avec la présentation du budget - où le comité exécutif prendra des décisions qui, dans certains cas, mettront sous le boisseau ou contrediront le programme progressiste de Projet Montréal?
Richard Bergeron les appuiera-t-elles au mépris de ses convictions?
Et que feront les conseillers de son parti pris en souricière entre le programme qu’ils ont défendu auprès de la population et ce qu’on pourrait appeler les compromissions de leur chef? S’aligneront-ils sur l’administration ?
Projet Montréal risque alors de perdre la crédibilité qu’il a acquise progressivement depuis 2004?
Je pense qu’il est urgent que les instances du parti prennent une position claire et articulée sur cette question allant dans le sens de la préservation des idées défendues jusqu’ici par la formation.
On dira peut-être que je joue au cassandre ou que mon attitude dénote une mentalité intransigeante me portant à défendre inopportunément une ligne de parti pure et dure. Faisons l’expérience et souhaitons qu’elle réussisse, dit-on.
Je veux bien mais je crains que le désenchantement ne soit au rendez-vous au coin de la rue. Et ce n’est pas l’administration Tremblay qui ferait les frais de ce gâchis appréhendé, mais bien les idées progressistes mises de l’avant par Projet Montréal, un parti qui fait germer l’espoir dans le coeur de plus en plus de citoyens montréalais qui n’en peuvent plus de l’atmosphère publique débilitante actuelle.