Hommage à Michel Chartrand

2010/04/16 | Par Marc Laviolette

C’est comme jeune militant que j’ai connu Michel Chartrand. C’était à mon premier congrès de la CSN où j’étais délégué comme président nouvellement élu de mon syndicat au CLSC Seigneurie-de-Beauharnois. Nous étions en 1976. Marcel Pepin, président de la centrale ne renouvelait pas son mandat. Il y avait donc élection à la présidence. Michel Chartrand et Norbert Rodrigue étaient candidats.

Michel avait rencontré notre délégation régionale, nous demandant de voter pour lui pour poursuivre le combat en santé-sécurité et contre le gouvernement libéral de Robert Bourassa. J’avais voté pour lui, mais c’est Norbert Rodrigue qui fut élu. Michel poursuivit donc son action comme président du Conseil central de Montréal jusqu’en 1978.

Suite à l’élection du Parti Québécois en 1976 et de l’annonce de son préjugé favorable aux travailleurs, Michel intensifia son action syndicale et la mobilisation des travailleurs autour de la santé-sécurité au travail et de la défense des travailleurs accidentés.

La mobilisation de masse qu’il a suscitée autour de la santé-sécurité a amené le Dr Laurin (père de la loi 101) à affirmer que « le massacre devait cesser dans nos usines ».

En 1979, le Parti Québécois adoptait la loi sur la santé-sécurité au travail, imposant aux employeurs la formation de comité paritaire en santé-sécurité, le droit de refuser un travail dangereux, le retrait préventif de la femme enceinte et le droit syndical d’enquêter les accidents de travail.

La réforme fut très bien accueillie par le mouvement syndical québécois et particulièrement dans mon syndicat actuel qui, rappelons-le, avait fait une grève de six mois en 1976 pour obtenir un comité paritaire de santé-sécurité décisionnel. En fait, Michel avait contribué à construire le mouvement social qui a précédé la réforme du P.Q.

En 1982-1983, j’ai eu le privilège de militer au côté de Michel Chartrand pour la cause de la santé-sécurité à l’usine Expro où j’étais directeur de l’informateur à l’exécutif du syndicat.

À l’époque, le syndicat, suite à des morts et intoxications de travailleurs à l’usine, avait finalement obtenu du gouvernement Lévesque, la tenue d’une enquête publique sur « l’administration de la santé-sécurité à l’usine Expro ».

L’enquête présidée par le Juge René Beaudry du Tribunal du travail dura plusieurs mois et donna raison aux revendications syndicales. Michel Chartrand, assisté de l’ingénieur de la CSN, Claude Mainville, agissait comme procureur du syndicat.

L’enquête publique fut qualifiée par la Presse canadienne d’événement majeur qui a marqué les relations de travail au Québec pour l’année 1983. Michel était aussi très actif au sein de la FATA (Fond d’aide aux travailleurs accidentés) qu’il avait fondée et qui était totalement dévouée à la défense des accidentés du travail et à la dénonciation des abus de la Commission sur la santé-sécurité du travail (CSST).

Souverainiste de la première heure, Michel a porté son action sur le front politique lors des événements d’octobre (où il fut d’ailleurs emprisonné), dans le soutien à la cause du peuple palestinien et au support du peuple chilien lors du coup d’état de Pinochet en 1974.

Monument du mouvement syndical, pionnier de la santé-sécurité au Québec, militant fougueux au discours percutant, Michel demeure pour tous les progressistes, souverainistes de gauche et les militantes et militants syndicaux, un emblème de droiture et de dévouement total à la cause des démunis et de la lutte contre les injustices et des abus du système capitaliste.

Salut Michel, nous poursuivons ton combat !