Province radioactive

2010/12/10 | Par Sébastien Bois

L’auteur est membre de Centricois et Mauriciens pour le déclassement nucléaire

Pendant que l’attention médiatique est tournée sur les gaz de shale et une demande d’enquête sur l’industrie de la « corruption », la centrale nucléaire Gentilly-2 continue en catimini sa route vers une possible réfection.

Ce vendredi 10 décembre, Hydro-Québec déposera une demande visant à renouveler son permis d’exploitation à la Commission canadienne de sureté nucléaire (CCSN). La CCSN est une agence qui relève du ministère des ressources naturelles fédérales, un promoteur du nucléaire. Au contraire du BAPE, la CCSN n’est pas impartiale. Elle tiendra néanmoins des audiences au Québec à la mi-avril 2011 pour entendre les citoyens.

Alors que l’agrandissement pour l’entreposage des déchets radioactifs nécessitait un Bureau des audiences publiques en environnement (BAPE) en 2005, le gouvernement du Québec refuse de consulter la population, pour la reconstruction de notre centrale nucléaire québécoise.

Seuls les conseillers municipaux de Bécancour furent consultés. Pourtant, cet enjeu radioactif concerne l’ensemble de la province.

Le maire Maurice Richard a dit sur l’exploitation gazière, qu’il a besoin de voir les 2 côtés de la médaille, pour s’assurer d’une décision éclairée. Je l’ai rencontré au printemps dernier au sujet de G2. Lors de l’entretien, il m’a affirmé qu’il avait seulement consulté l’industrie nucléaire avant de prendre sa décision.

On apprend maintenant que les citoyens de Bécancour devront défrayer un système d’alerte nucléaire frôlant le million de dollars. La ville promeut aussi l’utilité de ce système en cas de tempête de neige pour annoncer la fermeture des écoles… un peu cher non? Et qu’en est-il des autres municipalités dans un rayon d’une centaine de kilomètres en cas d’accident?

Le gouvernement libéral se vante d’exporter de l’énergie « verte » aux États-Unis. G2 n’est pas « vert » et encore moins renouvelable. Il est un cancre à notre « portefeuille énergétique »; un fardeau économique, environnemental et sécuritaire sans précédent pour notre présent et notre futur. On n’a pas besoin de cette centrale.

Le parti libéral du Québec avait promis de ne pas rénover G2 avant sa réélection. Les élus sont engagés par les citoyens pour représenter nos intérêts et non pour être sous-contractants des firmes d’ingénieurs, des minières, des gazières et de l’industrie de la construction.

Ceux qui suivent la ligne de partie semblent aveuglés par le pouvoir ou par la peur. Doit-on parler d’une « famille libérale » ou plutôt d’une secte bien disciplinée? Pour regagner la confiance de la population, une seule solution s’impose : arrêter le réacteur et développer une expertise en démantèlement nucléaire. La réfection de Gentilly-2 est un choix de société.