Je reprends la route des festivals le 18 août avec le Festival des films du monde (FFM) qui fête, cette année, son 35e anniversaire. C’est en effet le 18 août 1980 qu’il prenait racine à Montréal avec à sa tête Serge Losique, un homme de conviction qui allait résister durant toutes ces années à ses détracteurs les plus féroces.
Mardi dernier, c’est un Serge Losique, imperturbable mais souriant, heureux de ses contradictions, vêtu de noir et coiffé de sa maintenant traditionnelle casquette, flanqué à sa gauche de Danièle Cauchard, la directrice générale, plutôt détendue et volubile, et de Gilles Bériault, le directeur du Marché du film, qui présentait aux médias la programmation du festival, édition 2011.
Pour l’occasion, le FFM a choisi de rendre hommage aux bâtisseurs du cinéma de langue française en invitant trois de ses plus illustres représentants. Seront à l’honneur Catherine Deneuve, dont la première apparition au cinéma date de 1957, et qui, depuis, a tourné avec les plus grands cinéastes de notre temps, Claude Lelouch qui viendra donner sa classe de maître et Bertrand Tavernier qui partagera avec les cinéphiles montréalais ses coups de cœur.
À ces « monstres sacrés » se joindra Ginette Reno, notre vedette nationale, une femme de tous les talents, à l’aise autant sur une scène que sur un plateau de tournage. Le Festival soulignera également le travail du distributeur Victor Loewry d’Alliance Films.
Film d’ouverture
« Coteau Rouge », la dernière mouture d’André Forcier, donnera le coup d’envoi cette année. Pour son 12e film, le « Fellini du Québec » comme se plaît à le surnommer Serge Losique, propose l’histoire délirante d’une famille dont les membres, pas reposants, évoluent autour d’un promoteur immobilier qui veut mettre la main sur les maisons d’un quartier ouvrier pour les remplacer par des condos de luxe. En vedette, Roy Dupuis (le promoteur) et Céline Bonnier (sa femme) donnent la réplique à Gaston Lepage, Louise Laparé, Mario Saint-Amand, Pascale Montpetit et Bianca Gervais. « Du pur Forcier », déclarait Danièle Cauchard, fort aise.
Compétition mondiale
Vingt longs métrages et onze courts métrages provenant de dix-neuf pays sont en compétition. Parmi ces œuvres se trouve le premier film du réalisateur québécois Demian Fuica « La Run » qui met en scène Jason Roy Léveillé, Marc Beaupré et Pierre-Luc Brillant. Un jeune homme veut aider son père suicidaire à payer ses dettes de jeu. Pour y arriver, il se tourne vers le monde de la drogue.
D’autres réalisateurs connus du FFM reviennent avec de nouvelles productions. Eran Riklis (Grand Prix du FFM en 2004 avec « La Fiancée syrienne ») présente « Playoff », une coproduction franco-israélienne. « Le jour de colère » du réalisateur russe Andrei Smirnov, membre du jury en 1988 et dont plusieurs films ont été présentés à Montréal, raconte, à travers le destin d’une femme, les années 1909 à 1921, alors que les effets de la Première Guerre mondiale et de la révolution bolchévique se faisaient sentir sur la population russe.
Geoffrey Enthoven, cinéaste belge, qui avait récolté son lot d’enthousiasme populaire à Montréal en 2009 avec son film « The Over the Hill Band », revient cette fois avec « Hasta la vista » qui traite d’humour, d’amitié et de désir. Le Français Emmanuel Mouret présente « L’Art d’aimer », un film sur la liberté d’assouvir ses désirs sans contrainte porté par François Cluzet, Julie Depardieu et Judith Godrèche. Deux films japonais des réalisateurs Takahisa Zeze (Life Back Then) et « Chronicle of My Mother » de Masato Harada, « l’un des plus sévères critiques de la société japonaise ».
Aux habitués se joignent de nouveaux venus à Montréal. Entièrement tourné en japonais, « Corações sujos » (Cœurs sales) du Brésilien Vicente Amorin traite du conflit à l’intérieur de la communauté japonaise, immigrée au Brésil suite à la Seconde guerre mondiale, entre ceux qui croient encore à la prétendue victoire japonaise et ceux qui en doutent (qu’on surnomme les cœurs sales).
L’Américain Joel Fendelman présente « David », son premier film, qui traite de problèmes religieux et des conséquences du mensonge entre deux jeunes garçons, l’un musulman et l’autre juif.
Deux films des réalisateurs polonais Rafael Lewandowski (Le père) et Antoni Krauze (Black Thursday) brossent un tableau de la Pologne durant les années de plomb.
Aux précédents s’ajoutent un film espagnol de Max Lemcke (Cinco metros cuadrados), trois films allemands de Sebastian Grobler (Les leçons d’un rêve), Brigitte Maria Bertele (Le feu) et une première œuvre de Pia Strietmann (A Family of Three), deux films italiens, l’un de Gennaro Nunziante (Quelle belle journée) et l’autre de Guiseppe Gagliardi (Tatanka).
L’Iranien Kahram Tavakoli propose « Here Without Me », une adaptation de « La Ménagerie de verre » de Tennessee Williams. Une production du cinéaste chinois Zhao Tianyu « The Law of Attraction », quatre histoires de couples en rupture, complète la sélection des films en compétition. La compétition internationale s'annonce féroce, le menu étant de qualité. Ça promet.
Sélection Hors Concours
Dans la section Hors Concours, soulignons le film « La Conquête » du réalisateur Xavier Durringer (France) avec Denis Podalydès dans le rôle de Nicolas Sarkozy, présenté au récent Festival de Cannes. Le cinéaste a voulu éviter de raconter « n’importe quoi », comme il dit. Une documentation fouillée avec textes, photos et vidéos lui a permis une « reconstitution méticuleuse de la période couverte entre l’élection de Jacques Chirac en mai 2002 et celle de Nicolas Sarkozy en 2007 ». Ce film en intéressera plus d’un. À retenir…
Retour sur une année de succès québécois
L’Espace Culturel Georges-Émile Lapalme de la Place des Arts sera l’hôte de « Notre Cinéma – Retour sur une année de succès », un programme annuel de cinéma québécois. Vingt longs métrages seront présentés dans ce nouveau lieu culturel montréalais. L’entrée y sera gratuite.
L’affiche du Festival est l’œuvre de Claude Robinson.
Le 35e Festival des films du monde se déroulera du 18 au 28 août 2011.
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