Anna Politkovskaya est cette journaliste russe tuée devant son appartement à Moscou le 7 octobre 2006. Elle avait 48 ans. Femme unique, elle était la conscience de la Russie. Il va sans dire que son assassinat a engendré la peur chez ses collègues. Anya (son prénom en russe) était une rêveuse, mais une rêveuse éveillée qui n’avait en tête que le devoir du journaliste de rendre compte des événements qu’elle couvrait en direct. La peur au ventre, certes, mais son courage et son audace la poussaient vers les femmes et les hommes bafoués, torturés et tués par des soldats, « de son pays » comme elle le disait, sous les ordres d’un Vladimir Putin aux politiques brutales qui, rejetant les tentatives de démocratie, avait remis au jour la politique bureaucratique, basée sur la négation de la liberté individuelle. Négociatrice lors de la prise d’otages au théâtre de la rue Melnikov à Moscou en 2002, sa deuxième tentative pour aider les otages de l’école de Beslan, en 2004, se solda par un échec. Une tentative d’empoisonnement dans l’avion qui l’amenait sur les lieux de l’attentat avait eu raison d’elle. Déjà le président Putin l’avait dans sa mire. Des Izvestia à Novaïa Gazeta, un journal en ligne auquel elle collaborait au moment de sa mort, sa voix compatissante a été entendue dans toute la Russie. Son amour pour ses compatriotes, pour son pays et pour la liberté l’aura conduite à sa perte. La parution posthume de « Russian Diary », une chronique sur la Russie de Putin, est son testament.
SUÈDE/RUSSIE. 1h25. s.t.a.
Note :
« Je considère sa mort comme une perte personnelle », dit la réalisatrice en ouverture. A Bitter Taste of Freedom retrace la vie d’Anna Politkovskaya, de son enfance jusqu’à sa mort. Elle était familière de la grande journaliste russe puisqu’elle avait réalisé, en 1991, A Taste of Freedom. Des scènes, tournées à l’époque de la naissante perestroïka qui montrent la jeune journaliste couvrant le conflit tchéchène, y sont puisées. Déjà, on y observe le courage et l’intégrité dont l’audacieuse Anna Politkovskaya fera preuve au cours des années qui suivront. L’excellent film de Marina Goldovskaya est remarquable d’honnêteté puisqu’elle donne la parole à un grand nombre de personnes qui l’ont connue et côtoyée, sa famille, ses amies, ses collègues, autant qu’à ceux qui l’ont appréciée comme l’ex-dirigeant Mikhaïl Gorbatchez qui loue ses qualités de femme et de journaliste. Des témoignages extrêmement touchants. Un très bel hommage.
A Bitter Taste of Freedom est présenté les 20, 22, 23, 25 au cinéma Quartier Latin.