L’État n’est pas contre les jeunes

2012/02/01 | Par Jean-Simon Carrier

Au moment d’écrire ces lignes, nous vivons une époque trouble au Québec. En effet, la crise économique de 2008 nous a fait mal. Elle nous a fait mal, mais en même temps, le Québec n’a pas eu trop de difficultés à s’en sortir, car le filet social que vos grands-parents et arrière-grands-parents ont tissé a protégé les gens des effets les plus néfastes de la crise. Eh oui, c’est ce même filet que plusieurs veulent faire disparaître. Le filet que votre père s’efforce de sauvegarder en exerçant son devoir de citoyen.

Les personnes qui ont l’âge de vos grands-parents prennent leur retraite. Elles décident maintenant si elles veulent travailler ou non et à quelles conditions. Rares sont celles qui cessent toute activité à 60 ans.

Au contraire, ces personnes continuent de contribuer à la société par leur bénévolat, leur engagement social ou le soutien aux personnes âgées. Souvent, elles prennent leur retraite pour pouvoir passer un peu plus de temps avec leurs petits-enfants, permettant ainsi aux jeunes familles de souffler un peu. Arrêtent-elles de payer leurs impôts ? Non, assurément ! Elles continuent de participer à l’effort d’égalité de la société qui est la nôtre.

Plusieurs disent que mes parents me laissent plus pauvre qu’eux ne l’ont été. Et ils disent, en plus, que vous serez plus pauvres que je ne le suis. C’est faux. Depuis les années 1960, les citoyens du Québec ont obtenu plusieurs programmes sociaux très avantageux et vous en bénéficierez votre vie durant si les tenants du moindre État ne les démantèlent pas. Voilà un héritage exceptionnel qui vous est légué.

À votre naissance, votre mère a dû subir une intervention chirurgicale. Je me demande ce que l’opération aurait coûté si nous n’avions pas eu la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Ensuite, votre mère a été auprès de vous pendant la totalité de votre première année de vie. Avant, cela aurait été impossible, mais le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) l’a permis et il a même permis à votre père de passer plusieurs semaines avec vous. Par la suite, lorsqu’il a fallu que votre mère retourne au travail, vous avez pu compter sur des responsables de service de garde formées et dévouées pour nous seconder dans votre éducation.

La génération de vos grands-parents a travaillé fort pour que vous viviez dans une société plus juste. Une société où tout le monde a la chance de se faire soigner, de recevoir une éducation de qualité, même si tout n’est pas parfait.

Mes fils, je vous souhaite de vivre dans un monde où l’État continue de jouer son rôle de redistribution de la richesse collective. Non, vos grands-parents ne sont pas contre vous. Non, l’État n’est pas contre les jeunes. Ne croyez pas ceux qui prétendent le contraire.

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