Après avoir pratiquement ignoré le conflit étudiant au Québec pendant de longs mois, le Globe and Mail de Toronto y consacrait samedi dernier sa première page et un dossier de deux pages dans sa section Focus.
En pages frontispice, à côté d’une immense fleur-de-lys, on pouvait lire :
« CE N’EST PLUS À PROPOS DES DROITS DE SCOLARITÉ
Les négociations ont échoué cette semaine parce que les protestations au Québec ne concernent plus seulement le coût de l’éducation. Elles révèlent une impasse sur l’avenir de la société. Quelle voie sera empruntée et, pendant que l’agitation estivale s’enclenche, qu’est-ce que cela signifie pour le Canada? »
Le dossier, préparé par le journaliste Les Perreaux, insiste le changement d’attitude du gouvernement Charest, qui, contrairement à 2003 où il avait reculé face à la contestation sociale, maintient aujourd’hui la ligne dure.
Le journaliste va au-delà du récit séquentiel des événements et cherche, en interviewant différents analystes, à comprendre la dynamique de ce conflit. Il conclut en soulignant que bien que « les politiques nationalistes et progressistes se superposent souvent au Québec, il est loin d’être clair qu’il y ait une résurgence du mouvement souverainiste à l’horizon ».
Cependant, Les Perreaux souligne, en rapportant les propos de l’ancien premier ministre Jacques Parizeau, lors des États généraux de l’indépendance, que ce serait une erreur d’éliminer cette possibilité, étant donné l’ampleur de la crise sociale.
Il cite M. Parizeau : « Tous les chemins mènent à Rome. Toutes les discussions au Québec aboutissent invariablement à : qu'est-ce qu'on veut faire de notre Québec? »
Pour ajouter à l’inquiétude du lectorat du Canada anglais, le dossier rappelle que les conflits étudiants précédents ont produit des générations de leaders souverainistes. Photos à l’appui, il rappelle l’implication dans le mouvement étudiant de Bernard Landry, Gilles Duceppe et Louise Harel.
Le lendemain de la publication de ce dossier, se tenait à Montréal l’assemblée du Nouveau Mouvement pour le Québec où de vibrants appels à l’unité des forces souverainistes et progressistes étaient lancés, entre autres, par Jocelyn Desjardins, le porte-parole du NMQ, le cinéaste Hugo Latulippe et l’environnementaliste et candidat du Parti Québécois Daniel Breton.
Contactée par la journaliste Mélissa Guillemette, Françoise David a rejeté cet appel du revers de la main en déclarant que « l’axe gauche-droite importe davantage en ces temps de casseroles que l’axe souverainiste-fédéraliste ».
Faut croire que le Globe and Mail comprend mieux l’articulation entre ces deux axes que la dirigeante de Québec solidaire!
Faut-il en conclure que les forces pro-fédéralistes dominent présentement au sein de Québec solidaire et que l’alliance de ce parti avec le NPD de Thomas Mulcair a préséance sur l’alliance avec les forces nationalistes québécoises?
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