L’auteur est directeur québécois des TCA
Le 31 octobre prochain, Madame Marois inaugurera la première session parlementaire du gouvernement nouvellement élu. Dans son discours inaugural, elle présentera le programme législatif de son gouvernement.
Nous aurons alors une meilleure idée de l’orientation de ce gouvernement, des lois qu’il va déposer devant l’Assemblée nationale, de ses projets concernant les finances publiques, la santé, l’éducation, les travaux publics, etc.
Ce discours inaugural sera également le coup d’envoi de la joute politique, au cours de laquelle les partis d’opposition vont faire ce qu’ils font toujours, s’opposer!
S’opposer à l’orientation donnée, au contenu des législations proposées, aux moyens pour les concrétiser, ou aux trois à la fois!
À la tête d’un gouvernement minoritaire, Madame Marois et son équipe seront obligatoirement à la recherche de consensus avec l’opposition s’ils veulent pouvoir traduire leur vision du Québec en lois.
À mon avis, ce qui pourrait et qui devrait faire consensus entre tous les partis politiques, c’est une stratégie pour la création et le maintien de bons emplois.
La première des priorités : l’emploi
De bons emplois, c’est la clef pour une économie saine, pour maintenir et améliorer notre filet social, c’est-à-dire un bon système d’éducation, des services de santé accessibles, des congés parentaux, des garderies à 7 $, etc.
De bons emplois, c’est la recette pour assurer le fonctionnement efficace et optimal de notre système économique, c’est-à-dire pour que nous puissions, nous, les travailleurs, bénéficier d’un niveau de vie raisonnable durant notre vie active et à la retraite.
De bons emplois permettront de financer et d’offrir à nos jeunes un système d’éducation, accessible, de qualité et d’envergure mondiale.
Dans le domaine de l’emploi, un gouvernement doit tenir le rôle du chef d’orchestre. Il doit s’assurer que tous les ministres, tous les intervenants, jouent à partir de la même partition.
Il doit être en mesure d’évaluer les impacts de ses décisions sur l’emploi à court, moyen et long terme. En d’autres mots, il doit avoir un plan clair des objectifs à atteindre.
Une politique d’achat responsable
Selon moi, la création et le maintien des emplois passent, entre autres, par une politique d’achat responsable.
Le gouvernement du Québec, ses ministères, ses sociétés d’État et les municipalités doivent avoir le souci de la création d’emplois au Québec lors d’achats de biens et services.
Ces achats, dans le cadre de ce qu’on appelle communément les « marchés publics », représentent des milliards de dollars par année.
Tout le monde convient qu’il est nécessaire d’exercer un contrôle rigoureux sur l’utilisation de l’argent de nos taxes et impôts, mais il faut également, dans le calcul du coût d’achat d’un bien ou d’un service, tenir compte du lieu de fabrication de ce bien et de la provenance de ce service. Sont-ils produits au Québec ou ailleurs?
Par exemple, si Hydro-Québec achète sa flotte de camions à une entreprise établie en sol américain, notre argent s’en va aux États-Unis.
Mais si la société d’État achète des camions d’une entreprise qui les produit au Québec, notre argent sert à créer de bons emplois au Québec et une partie de l’argent dépensé retourne dans les coffres de l’État, c’est-à-dire dans nos poches parce que les travailleurs de cette usine paient des impôts et des taxes au Québec.
Au bout du compte, il nous en coûte moins cher, collectivement, qu’une société d’État comme Hydro-Québec achète ses camions au Québec.
Il en va de même, quand on insère la création d’emplois au Québec dans l’équation, pour tous les achats de biens et services de l’État.
Évidemment, les gouvernements et les sociétés d’État ne peuvent pas commander tous leurs biens et services au Québec, mais une directive claire devrait être donnée aux acheteurs afin qu’ils considèrent, comme facteur prédominant dans leur politique d’achat, l’impact sur l’emploi au Québec, tout en comptabilisant le retour en impôts et taxes payés par ceux qui occuperont ces emplois.
Un appui aux secteurs d’activités est nécessaire
L’action du gouvernement Marois en faveur de l’emploi peut et doit également s’exercer dans le cadre du développement de secteurs d’activités économiques.
Par exemple, nous avons actuellement, au Québec, le secteur de l’aérospatiale qui procure de bons emplois et en grand nombre.
Tout cela ne nous est pas tombé du ciel. Ce secteur d’activités s’est développé par suite de décisions et d’actions prises par le passé.
Il y a eu concentration des activités autour de certains pôles. Les « donneurs d’ouvrage » et les fournisseurs sont établis à proximité. Une main-d’œuvre de qualité est disponible parce que nous avons développé des écoles d’aéronautiques. Employeurs et représentants syndicaux siègent à des tables de concertation.
Dans un secteur aussi structurant, tout en étant soumis à la compétition internationale, que celui de l’aérospatiale, un gouvernement doit absolument être à l’écoute des besoins du milieu s’il veut favoriser son développement.
L’appui des travailleurs
Politique d’achat et appui ciblé à des secteurs d’activités, ce ne sont là que deux exemples d’une politique centrée sur l’essentiel : l’emploi.
Mme Marois trouvera-t-elle, si elle emprunte cette voie, l’appui des autres partis politiques? Nous ne le savons pas.
Mais, chose certaine, nous pouvons l’assurer qu’elle aura notre appui, celui des organisations syndicales et de l’ensemble des travailleuses et des travailleurs.
Mme Marois, pensez et agissez en fonction de créer de l’emploi, de bons emplois, et vous serez sur la bonne voie.
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