Partout dans le monde, et encore plus au Québec, les minières réalisent depuis plusieurs années des profits records. Un véritable klondyke pour ces pseudos-entrepreneurs qui ne prennent pas de risque, les faisant supporter par l’État et la population, qui doivent payer des milliards et encore des milliards pour la construction de routes, de ports, d’aéroports, de lignes électriques (avec des tarifs d’électricité préférentiels) et pour la décontamination des sites une fois épuisés.
Autoroutes, ponts et aéroports privés pour le monde ordinaire et autoroutes publiques, financées par la population, pour les minières. C’est la politique du deux poids deux mesures, et la signification du concept de la modernisation de l’État.
Ça ne prend pas un génie et une vaste expérience pour extraire d’un trou du minerai brut exporté tel quel sans aucune transformation au Québec. Les minières engrangent ainsi d’énormes profits sur le bras de la collectivité en utilisant ses ressources naturelles et en recevant, en plus, des tonnes en subventions publiques directes et indirectes, comme des prêts à taux d’intérêt ridiculement bas.
Et l’innocent nouveau ministre péquiste des finances, Nicolas Marceau, qui a dit récemment, comme Pauline Marois d’ailleurs, vouloir s’en remettre «sur l’apport de l’investissement privé» (Le Devoir, 24 novembre 2012) !
Monsieur Marceau, mon ex-collègue à l’école des Sciences de la gestion de l’UQAM, vous ne commencerez pas, vous aussi, à rire du monde comme le faisait l’ex-ministre libéral des finances, le suave Raymond Bachand, qui était pour le principe de l’utilisateur-payeur pour la population mais pas pour les compagnies.
Pour ces dernières, son principe était alors celui de l’utlisateur-encaisseur… de grosses subventions.
Monsieur Marceau, où est l’apport net véritable de l’investissement privé subventionné abondamment par des fonds publics dans lequel l’État prend la majeure partie des risques ?
Vous n’êtes pas sans savoir, monsieur Marceau, qu’en tenant compte des tarifs d’électricité préférentiels et des prêts bonbons, le Québec verse à vos investissements supposément privés, dont plusieurs ne paient pas une cenne d’impôts sur le revenu, des subventions annuelles de l’ordre de dix milliards par année contre trois milliards pour l’Ontario.
Je vous mets en défi de contester mes chiffres et de m’ouvrir les livres du gouvernement. Vous connaissez mon numéro de téléphone à l’UQAM.
Des exemples de gros profits, vous en voulez ?
Tiens, que dites-vous du titre de cet article du Devoir du 19 février 2011 : «Les minières roulent sur l’or» (Rien de moins. On peut difficilement avoir plus) et de celui-ci : «Bond de 38% des revenus des minières canadiennes» (La Presse, 8 juin 2011). Et bond d’à peine 2% (moins que le taux d’inflation) pour les travailleurs ordinaires.
Il en fut de même, évidemment, pour Osisko, qui exploite un gros gisement d’or à ciel ouvert en Abitibi. Tiens, une autre parmi tant d’autres : «Des options payantes pour les patrons» (La Presse, 28 juin 2011). Les patrons de la minière québécoise Exploration Orbite s’en sont mis plein les poches. Elle compte comme administrateur l’ancien chef de cabinet de Jean Charest, monsieur Stéphane Bertrand, qui a été rémunéré à sa juste valeur par la minière pour «services rendus et faveurs obtenus». Et, faut surtout pu «jalouser» les riches qu’ils nous disent. Les stocks options sont réservés strictement aux boss.
«Les activités minières fournissent 250 millions par année au Québec», titrait La Presse du 28 juin 2011, en rendant compte des chiffres du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. Ce n’est pas de la désinformation, c’est de la malhonnêteté pure et simple.
Ce 250 millions amplifié, au calcul très approximatif et de la nature jovialiste ne représente pas ce que les minières elles-mêmes ont versé en impôts, en permis et en redevances, mais plutôt les impôts et taxes payés par leurs employés et même leurs fournisseurs. Faut le faire.
Dorénavant, selon les calculs tronqués des gouvernements et des compagnies, les impôts et les taxes versés par les employés ne le sont plus par eux, mais par la compagnie qui leur fait la faveur de les embaucher. Sans ces créateurs de richesse, pas de jobs et pas d’impôt.
Le gouvernement du Québec pourrait-il faire la même chose en calculant cette fois les recettes fiscales générées par les activités d’Hydro-Québec, de la SAQ, des hôpitaux, des écoles, des garderies, etc. grâce aux impôts et taxes payés par leurs employés et par leurs fournisseurs ?
Ben voyons donc, pour nos élus corrompus, les instruments collectifs et les services publics ne produisent aucune retombée économique. Ce sont de vulgaires dépenses d’épicerie. Ça c’est leur vision intéressée et étroite du bien commun : ils privilégient le bien privé.
Le ministère des Ressources naturelles, le gouvernement du Québec et les minières se refusent toutefois de nous dévoiler ce que chaque compagnie a payé exactement en impôts, taxes, permis et redevances au Québec et ce que l’industrie minière a reçu en subventions publiques directes et indirectes du gouvernement et d’Hydro-Québec.
On arriverait alors avec une énorme perte nette annuelle pour la collectivité québécoise, qui doit payer parce que les minières exploitent ses propres ressources naturelles.
Si j’ai tout faux, je mets au défi Québec et son ministre des Finances Nicolas Marceau de rendre publiques ces données que la population est en droit d’obtenir.
Charest, Bachand et Gignac de l’ex-gouvernement libéral se sont une fois de plus moqués du monde en se pétant les bretelles par l’annonce en grandes pompes d’une hausse des redevances de 12% à 16% sur les «profits nets».
Ils le savent bien ces hypocrites que l’on peut facilement transformer un bénéfice net d’une entreprise très rentable en une perte nette grâce à l’utilisation de simples et de courants cosmétiques comptables, comme les prix de transfert entre compagnies apparentées, les provisions de toutes sortes, les amortissements, les frais du siège social, etc.
Parle-t-on de profit comptable ou de profit fiscal imposable qui, lui, ne veut absolument rien dire ?
Il serait pourtant plus facile et plus objectif de calculer les redevances sur les quantités de minerai extraites. Mais non, on veut continuer à vous tromper et à vous exploiter.
L’Institut patronal d’extrême droite, le Fraser Institute, l’a souligné le 15 avril 2010 : «L’industrie minière préfère le Québec». Devinez pourquoi ?
Et il y a le cabinet d’experts comptables Raymond Chabot Grant Thornton (qui a hérité de la très brillante ex-ministre libérale Nathalie Normandeau à titre de vice-présidente et de lobbyiste) qui, dans une étude, a conclu que : «Le Québec demeure un paradis fiscal pour le secteur minier malgré la hausse des redevances» (Le Devoir, 18 août 2011). Hausse théorique seulement pour impressionner la galerie et pour «brainwasher» le monde.
Les minières québécoises redoutent toutefois «l’idée d’exclure le milieu urbain et les lieux de villégiature de l’activité minière». Faut pas perdre cet avantage concurrentiel qu’ils ont dit. Et l’étude en question prétend que «l’intervention gouvernementale menace le secteur minier mondial». Faut les laisser faire tout ce qu’elles veulent en toute impunité. Aucune crainte à avoir, c’est du ben bon monde qui a les notions de bien commun et d’équité étampées dans le front.
Enfin, il y a les chambres de commerce et son éminente directrice, Françoise Bertrand, qui, en nous prenant encore pour des imbéciles, ont brandi leurs menaces et leur chantage coutumiers : «Toucher aux redevances risque de coûter cher à l’économie québécoise. Les chambres de commerce évoquent de possibles remises en question de projets miniers si le gouvernement Marois donne suite à sa promesse» (Le Devoir, 15 décembre 2012). N’ayez crainte madame Bertrand, Pauline va revenir sur sa promesse, une autre fois de plus. Elle ne tient pas à irriter les B.S. corporatifs.
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