La décision du PQ face au programme d’anglais intensif est maintenant connue : celui-ci conservera le programme mis de l’avant par Jean Charest, mais il ne légifèrera pas pour changer la loi sur l’instruction publique.
Le conseil d’établissement (CE) de chaque école sera appelé à voter l’implantation du programme ou non. Programme qui sera ensuite obligatoire.
Il est à noter que l’implantation ou non du programme sera décidé par les quelques parents qui siègent sur le CE de chaque école.
Individuellement, les parents se trouvent donc privés du droit de décider ou non s’ils veulent que leur enfant suive ce programme. Bonjour l’anglicisation forcée!
Réunion donc du CE d’une école de Québec pour décider de l'implantation de l'anglais intensif la semaine passée: le CE est divisé moitié-moitié. Il fait appel aux parents à l’aide d’une réunion pour consulter ceux qui voudront (ou pourront) se déplacer.
Les parents consultés sont à 60% environ contre l'implantation de l’anglais intensif.
Premier constat : il semble bien qu’il soit faux que tous les parents du Québec réclament ce programme à tue-tête comme le clame le Fédération des comités de parents et des groupes de pression financés par Ottawa.
On remarque cependant que, parmi les parents pro-implantation les plus vocaux se trouvent, comment le dire?, des allophones dits « anglotropes », c’est-à-dire provenant des anciennes colonies britanniques, qui craignent que leurs enfants ne prennent du retard en anglais si le programme n’est pas implanté (mais n’expriment nulle crainte d’un éventuel retard en français).
Suite à la consultation, l’implantation ne va pas de l’avant pour cette année, mais un vote sera à nouveau tenu l’année prochaine.
Deuxième constat : ce n’est qu’une question de temps avant que l’implantation de l’anglais intensif se fasse partout, car la faction pro-implantation est militante et surtout, est en croissance à chaque année grâce à l’immigration très importante que connaît le Québec.
Notons qu’une fois l’implantation faite, elle sera définitive. Notons aussi que les commissions scolaires mettent déjà en place des mesures pour « bonifier » l’offre d’anglais au secondaire.
Assistons-nous à une quasi-bilinguisation de l’école française au Québec? Ou s'arrêtera la fuite en avant vers toujours plus d'anglais? Au moment même où, selon le recensement de 2011, le pourcentage de bilingues chez les francophones vient de dépasser le pourcentage de bilingues chez les anglophones à Montréal?
Le discours du PQ sur la question de l’anglais intensif, qui affirme mettre fin au mur-à-mur et offrir de la « flexibilité », n'est qu'un brouillage sémantique et va connaitre bientôt le choc du réel.
Il est connu que les allophones dits « anglotropes » ont tendance à considérer l’obligation de la francisation en français imposé par la loi 101 comme une simple mesure temporaire à laquelle ils peuvent échapper dès le cégep en choisissant de fréquenter le Cégep anglais.
Ils sont d’ailleurs environ 75% à passer directement de l’école secondaire française au cégep anglais. La grande majorité poursuit ensuite à l’université an anglais et travaille en anglais. Voilà un désaveu assez cinglant de nos politiques linguistiques.
Mais revenons à notre école banlieusarde de Québec. La même personne qui me relatait ces évènements au conseil d’établissement – et qui souhaite demeurer anonyme –, m’indiquait que, dans sa classe de musique de sixième année, à la question « Quelle est votre chanson préférée? », la très grande majorité des élèves citaient une chanson en anglais. Qu’en sera-t-il après l’implantation de l’anglais intensif?
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