Françoise David en a fait sursauter plusieurs lorsque, se faisant l’écho des propriétaires de garderies privées, elle a demandé que les garderies privées subventionnées désireuses de se convertir en CPE et les garderies privées non subventionnées puissent avoir droit à des places dans les 15 000 nouvelles places promises par le gouvernement.
Que Québec solidaire donne un tel appui au réseau privé a de quoi étonner d’une organisation qui proclame à tous vents son parti-pris en faveur du secteur public. D’autant plus que, dans le cas des garderies, deux recherches importantes sont arrivées à la conclusion que la qualité des services offerts en garderies commerciales est inférieure à celle que l’on retrouve dans les CPE.
De plus, dans un texte fort éclairant, paru dans Le Devoir du 15 février 2013, Camil Bouchard a expliqué la logique de la décision de la ministre Léger de ne pas répondre aux demandes des propriétaires de garderies privées à but lucratif et de Québec solidaire.
Camil Bouchard, l’auteur d’une étude (Le Québec fou de ses enfants!) qui en a fait une célébrité, rappelle que « depuis la création de ces services à tarif réduit, les gouvernements ont d’abord favorisé l’allocation des places en vertu d’un objectif de conciliation travail-famille. Les besoins pressants des milieux où les parents travaillent ont d’abord été pris en compte dans la création des places ».
Par contre, souligne-t-il, « l’autre objectif poursuivi par la politique familiale qui a inspiré la création de ces services de garde éducatifs, à savoir le développement optimal de TOUS les enfants, passait alors forcément en second ».
Le gouvernement veut aujourd’hui corriger cet état de fait en favorisant, selon Bouchard, « les enfants qui pourraient profiter le plus de la fréquentation d’un service de garde à tarif réduit, c’est-à-dire les enfants vulnérables ou de milieux défavorisés » qui y sont moins présents qu’ils ne devraient.
D’un point de vue très pratique, Bouchard explique que cela a des conséquences sur les lieux où seront implantées les nouvelles garderies. La ministre favorise donc, nous dit Bouchard, « la création d’installations dans les milieux les moins fortunés, là où ne vont pas s’installer a priori les garderies privées à but lucratif ».
Il rappelle que ces dernières « se sont installées là où sévissait un manque important de places subventionnées et où les parents plus fortunés n’avaient pas d’autre choix que de payer le prix fort ».
Devant ces faits mis en lumière par Camil Bouchard, on s’étonne encore davantage que Françoise David, qui se targue d’être la championne de la cause des plus défavorisés de notre société, se fasse non seulement la porte-parole des propriétaires de garderies privées, mais que cet appui favorise concrètement les garderies existantes dans des milieux mieux nantis au détriment de l’implantation de garderies dans les quartiers pauvres!
Bien entendu, nous sommes pour que chaque enfant puisse avoir une place en garderie. C’est d’ailleurs la politique du Parti Québécois : « Un enfant, une place! »
Cependant, quel est l’ordre de priorité de l’implantation de ces garderies. Les milieux défavorisés ou les bobos du Plateau?
La position de Françoise David nous en dit long sur la base sociale de Québec solidaire.
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