Rendre visible l’invisible

2013/11/14 | Par Ginette Leroux


FRANCE 2013, 99 minutes
Présentations spéciales / Première québécoise
ExCentris, salle Cassavetes, 17 novembre, 17h00, V.O.F.
Cinéma du Parc1, 23 novembre, 19h30, V.O.F.

Les micros sont ouverts. Des voix se confondent. La cacophonie radiophonique frappe l’oreille. Nous sommes à Paris dans l’édifice de Radio France. La caméra nous guide dans le sacro-saint lieu de la radiodiffusion française. La maison de la radio française a pour mission de relayer l’information nationale et internationale, sportive et culturelle. Sa réputation s’enorgueillit d’un savoir-faire éprouvé. La « maison ronde » est sur le point de révéler ses mystères. L’ascenseur nous dépose à l’étage des studios.

L’univers radiophonique est celui de la puissance de la voix. Un lecteur de nouvelles inexpérimenté essuie les critiques de sa patronne : « Ne jamais laisser les gens imaginer la nouvelle, il faut livrer l’information sans hésitation », lui dit-elle, sans ménagement. Une slammeuse, un lecteur de texte littéraire, une chanteuse d’opéra répètent. Dans un autre studio, quelqu’un cherche la nouvelle de dernière heure.

La caméra parcourt les corridors. Elle s’arrête à la cafétéria, pointe son nez à une réunion où tous parlent en même temps. Après tout, on est en France!

Un reporter suit le tour de France. Assis à l’arrière de la moto qui file à vive allure, il décrit et commente en direct les faits saillants de la journée. L’annonceur météo interviewe un chasseur d’orages. On s’arrête le temps d’une pause-café.

La journée se poursuit. Une entrevue avec Umberto Ecco, un ensemble vocal en concert, le responsable des bandes sonores cherche la musique idéale qui ponctuera une émission.

Les lumières tamisées annoncent les émissions nocturnes. Même à pas feutrés, les artisans des ondes travaillent sans relâche.

Le matin venu, ceux qui étaient allés se coucher reprennent du service. Une radio ne dort jamais.

Nicolas Philibert le montre très bien : la radio est avant tout une ruche bourdonnante. L’horloge dicte le plan à suivre. Pendant six mois, il a investi les studios, utilisant deux caméras pour ne pas gêner dans son travail, le personnel en place. Sa mission : rendre visible l’invisible.

Le défi est relevé avec brio. Un montage dynamique, voire haletant, des scènes découpées à l’exacto, donnent la mesure de la fébrilité des lieux. Le résultat est un portrait dynamique et sensible, parfois drôle, parfois sérieux, toujours juste et respectueux de la célèbre institution française et de ses artisans.

Le film du cinéaste français n’est pas sans rappeler ceux du documentariste américain Frederick Wiseman sur les institutions publiques de son pays.

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