Le projet d’un réseau de monorails rapides reliant les principales villes du Québec entre elles fait du chemin. Au cours des prochains mois, le Parti Québécois confiera à un bureau indépendant une étude de préfaisabilité pour le projet.
Lors du dernier Conseil national du parti en novembre dernier, Pierre Dubuc a défendu une proposition en ce sens. Le journaliste Michel Corbeil du Soleil rapporte l’événement : « Le militant a suggéré que la promotion du monorail devrait se déployer comme un ‘‘porte-étendard’’ du parti, lors du prochain scrutin. » La proposition a été adoptée à l’unanimité.
Pour le député et adjoint parlementaire à la première ministre pour l’électrification des transports, Daniel Breton, il s’agit là d’une étape essentielle : « Il est temps d’établir la crédibilité du projet de monorail. C’est un projet structurant et nous allons vérifier les hypothèses de coûts et d’impacts économiques. On veut s’assurer que le projet soit viable et on va mener ça rigoureusement. » C’est pourquoi l’annonce de l’étude de préfaisabilité est inscrite dans la Stratégie d’électrification des transports du gouvernement.
Le physicien et spécialiste en transports électrifiés, Pierre Langlois, est du même avis. Il croit que le mandat de l’étude sera donné au début de 2014 et que les résultats seront disponibles d’ici une année : « Si les résultats sont positifs, comme je m’y attends, il sera plus facile de mobiliser différents acteurs pour voir comment on peut construire le banc d’essai. »
Le député Daniel Breton s’interroge sur la forme du modèle de développement qui pourrait être alors retenu : « Est-ce que le projet sera réalisé par l’entreprise privée, comme Bombardier, par un consortium, par Hydro-Québec ou encore par une coopérative? Je ne sais pas. Ce sont des questions qu’on abordera une fois les résultats de l’étude obtenus, comme la place que l’État sera appelé à prendre dans le projet. »
Rappelons que l’idée du monorail suspendu à moteur-roue vient de Pierre Couture, l’inventeur du moteur-roue et important chercheur à l’IREQ, l’Institut de recherche d’Hydro-Québec. Alimenté par seize moteurs-roues, chaque wagon, d’une capacité de 60 personnes, est autopropulsé et fonctionne à l’électricité.
Dans une étude décrivant le projet, le physicien Pierre Langlois explique pourquoi le réseau de monorails coûte beaucoup moins cher que les trains à grande vitesse (TGV). Les structures suspendues minimisent l’expropriation des terrains, composante particulièrement onéreuse des projets de rails. Les structures peuvent par exemple être installées dans le terre-plein séparant les voies d’une autoroute ou encore au-dessus des rails de chemin de fer existants.
Utilisant des pneus en caoutchouc, le monorail peut facilement passer par-dessus les viaducs (le terme exact étant sauts-de-mouton) des autoroutes, alors qu’un TGV nécessiterait la construction d’infrastructures supplémentaires.
Les wagons sont à une hauteur de dix mètres et sont accrochés sous la structure suspendue. Celle-ci est recouverte, afin de protéger les wagons des intempéries. Le physicien explique que l’essentiel du travail est réalisé à la chaîne en usine, contrairement aux rails habituels qui doivent être bien ajustés au sol. Ça diminue encore le coût du projet.
Avec sa structure suspendue et recouverte, le réseau de monorails est mieux adapté à nos hivers que les TGV. Le monorail est aussi mieux adapté à la faible densité de nos régions. Même s’il va moins vite que les TGV (250 km/h contre 300 km/h), ses moteurs-roues lui permettent d’atteindre sa pleine vitesse en moins de 30 secondes, rendant moins gênants les arrêts aux plus petites villes de son trajet.
Pierre Langlois avait estimé le coût du banc d’essai et la construction de la ligne Montréal-Québec à 3 milliards $, puis à 12 milliards $ l’ensemble d’un réseau desservant les principales régions du Québec en reliant huit villes. L’étude de préfaisabilité devrait, entre autres, confirmer cette estimation.
Le réseau de monorails est un concept original, pensé au Québec, pour le Québec. Pour maximiser les chances de succès du projet, le député Daniel Breton veut s’assurer que chaque étape soit réalisée avec grande rigueur.
L’actuel gouvernement désire développer notre industrie d’électrification des transports et accroître notre reconnaissance mondiale en la matière. Le projet de monorail offre ce potentiel, en plus de constituer une technologie exportable. Mené à bien, le projet de monorail peut constituer un nouvel emblème du génie québécois.
Illustration: Michel Rouleau