Le vote du 7 avril, un vote misogyne ?

2014/04/17 | Par Paul Lavoie

On entend dire que la défaite du PQ est imputable à la baisse de la ferveur indépendantiste, à une jeunesse qui n’en partage plus les idéaux, à sa croisade en faveur de la laïcité, aux errements de sa campagne électorale...

Elle pourrait aussi s’expliquer du fait qu’une partie de la population était réfractaire à l’idée de voir une femme à la tête de l’État et voulait y mettre fin au plus vite, peu importe qui choisir à sa place.

Cette explication permet de comprendre ce déferlement de haine contre madame Marois autant dans les tribunes sur internet, les médias sociaux que dans la population en général – « la Marois » qu’on l’appelle avec tant de malveillance!

Elle permet de comprendre cette soirée des élections dans le camp de Québec solidaire où on la huait et chantait « Hey Hey Hey Good Bye » au moment même pourtant où elle annonçait avec dignité sa démission.

Cette explication permet de comprendre ces hommes d’affaires en cravate qui l’ont accueillie avec des huées lors de la conférence de madame Hilary Clinton.

Cette explication permet de comprendre ces médias qui n’ont jamais eu de cesse durant la campagne de la prendre en défaut et d’opposer leur machisme à sa vulnérabilité.

En tout cas, tout autre chef du PQ, homme, n’aurait jamais eu droit au traitement qu’elle a reçu.

On dira que monsieur Couillard a gagné parce qu’il avait fait peur au monde avec un référendum.  Il faut plutôt penser que bien des gens ont trouvé avec lui l’occasion de voter contre madame Marois en camouflant leur misogynie avec le premier alibi venu.

Qui prend peur en effet à la seule idée qu’on puisse un jour lui poser une question?

Quant à ce brave monsieur Legault, il a misé sur le même atavisme en suggérant subtilement l’incongruité d’une « travailleuse sociale » à la tête de l’État.

On dira qu’il y avait bien une autre femme comme chef de parti, madame David. Oui, mais ne devenait-elle pas aussi un alibi, elle qui criait aussi fort que les autres contre une femme qui s’était trop avancée au goût de tout le monde ?

Et puis, cette madame David n’a guère progressé dans la ferveur populaire. 

Le Québec n’a pas évolué autant qu’on voulait le penser. C’est vrai pour une certaine partie, la preuve en étant qu’on a pu dans un quartier de Montréal élire madame Manon Massé. Mais l’ensemble, peut-être pas.

Monsieur Couillard ne sera jamais qu’un premier ministre choisi simplement parce qu’il était un homme, non pas parce qu’il était le meilleur dans les circonstances, ou avait la meilleure équipe, ou était le plus digne de confiance.

Pourquoi ne pas se l’avouer franchement et reconnaître la bêtise qu’on vient collectivement de faire? 

Pardon, Madame Marois. Vous êtes arrivée trop tôt dans notre évolution.