Génération NON ou génération brainwashée ?

2014/06/06 | Par Martin Lachapelle

Le sondage douteux de La Presse sur l’appui à la souveraineté aurait pu être réalisé dans les règles de l’art que ça n’aurait rien changé à sa conclusion prévisible. Les jeunes de 18 à 24 ans, nés après le référendum VOLÉ de 1995, en plein néolibéralisme mondialisé et dans une ère individualiste, à qui personne n’a enseigné notre histoire politique nationale, rejettent majoritairement l’indépendance, le PQ et la gauche collectiviste. Quelle surprise !

Comment pourrait-il en être autrement s’ils furent formatés à détester tout ça par les grands médias fédéralistes, libéraux et droitistes ? Belle opération de propagande et de diversion.

Commençons avec l’opération de diversion. Rien de mieux qu’un bon vieux sondage contre la souveraineté pour détourner un peu l’attention des bévues libérales. Comme le retour au pouvoir cahoteux sur fond de « voltefaces » (ne pas confondre avec les reculs ou promesses brisées du PQ) et de lapins morts sortis du chapeau annonçant l’apocalypse des finances publiques, alors que les libéraux ont fait campagne en promettant des emplois… et non des compressions.

Ou encore l’éternel festival de la corruption libérale exposée à la commission Charbonneau, avec le passage de l’entourage de Nathalie « Donnez-moi des roses » Normandeau.

Sans oublier qu’un bon vieux sondage défavorable au OUI sert aussi à braquer les projecteurs ailleurs que sur les dérives de l’Inquisition de la Maison. Comme le congédiement de Pierre Allard pour avoir récemment osé remettre en question, sur son blogue et non en première page du journal le Droit (!), l’intention des patrons de mettre éventuellement la clé dans la porte des journaux de région.


Un autre sondage douteux… à ne pas négliger pour autant

Passons au sondage et à l’opération de propagande. Oui, la divulgation des sondages sur la politique sert plus à influencer une population déjà suffisamment influençable qu’à l’informer.

Oui, ces sondages sont souvent biaisés en s’appuyant sur un choix de questions partielles et limitées. Avec pour conséquence qu’ils limitent ainsi la tenue de débats larges plutôt que de les susciter, puisque le contrôle des questions permet également d’en fixer le cadre et la portée.

Aimez-vous mieux la grosse poutine au poulet pané ou la grosse poutine au bacon ? Quoi ? Vous préférez la nourriture santé ? Pas de problème, nous sommes à l’écoute des préoccupations du public (qui veut bien nous payer). Préférez-vous la grosse poutine au poulet pané avec fromage light ou la grosse poutine au bacon à saveur bio ?

Oui, Gesca aime publier des sondages non probabilistes plutôt douteux et tendancieux. Qu’on pense à celui sur le pseudo appui à la loi spéciale du gouvernement libéral visant à empêcher les manifestations durant la grève étudiante de 2012, qui fut publié avant même que la population ait pu prendre connaissance de ladite loi qu’elle était sensée appuyer…

Oui, ce nouveau sondage douteux sent le réchauffé, après celui publié 2 mois suite à l’élection du PQ, en 2012. Sondage qui avait inspiré une chronique à Josée Legault intitulée « Un brin d’acharnement thérapeutique ». Le genre d’acharnement visant cependant à écourter la vie du patient et non à la prolonger ! Après tout, le PQ dormait au gaz sur le renouvellement du discours de l’indépendance et sa promo, et le gouvernement Marois était minoritaire. Bref, aucun nuage référendaire en vue.

Avec le retour au pouvoir majoritaire des libéraux, ce nouveau sondage de La Presse relève plus que jamais de l’acharnement partisan. Comme si la propagande quotidienne de la rédaction ne suffisait pas, et comme l’occasion fait le larron, c’est toujours tentant de publier un Xème sondage négatif contre les « séparatisssss», pour souffler toujours davantage sur la flamme vacillante du OUI. Elle va bien finir par s’éteindre, la maudite… chandelle aux allures de bougie ! Bout d’cierge !

Malgré son intention malveillante et sa méthodologie douteuse, ce sondage porte néanmoins à réflexion. Tout d’abord, pour sa finalité. Et ensuite, car il confirme une certaine tendance à la baisse de l’appui à l’indépendance chez les jeunes de 18 à 24 ans, depuis le dernier référendum, en comparant les chiffres avec des sondages internes du Bloc québécois. De 61 à 55 %, entre 1995 et 2009, le taux d’appui au OUI ne serait plus que de 31 %, selon le récent sondage de La Presse, soit une baisse de 24 % en seulement 5 ans…

Si on peut espérer que le taux est sûrement plus élevé, est-ce que quelqu’un au PQ pense que la jeunesse larguée, avec qui le parti est allé taper de la casserole dans la rue, avant de refuser de lui accorder le droit de grève une fois élu, lui a pardonné et lui fait confiance pour réaliser l’indépendance ?


Ne blâmez pas les jeunes québécois… d’être brainwashés

Ne blâmez pas les jeunes même si seulement 4 % des 500 interrogés connaissaient vraiment leur histoire politique nationale. Faudrait d’abord leur enseigner.

Et ne blâmez pas les jeunes d’être probablement majoritairement contre le OUI, le PQ et la gauche, quand les médias les programment, comme leurs aînés, à haïr tout ça.

Au grand dam des dénigreurs (surtout de droite) de la jeunesse jugée entêtée, ça confirme au moins que les jeunes savent aussi écouter. Même pour apprendre de la bullshit. Ne reste plus qu’à leur enseigner la vérité : l’individualiste fédéraliste, libéral et droitiste, Elvis Gratton, s’est trompé.


Des constats du sondage… à ceux de la défaite historique 

Est-ce que quelqu’un au PQ pense encore que ne pas renouveler et promouvoir le OUI, en attendant la super vague du Grand soir, est une bonne idée ?

Est-ce que quelqu’un au PQ pense encore que flasher à bâbord, en campagne électorale, puis virer à tribord, une fois élu, sur la route de l’anachronisme social et environnemental de la droite caquiste et libérale, est une bonne idée ?

Est-ce que quelqu’un au PQ pense encore que ne pas s’occuper de QS et cruiser les électeurs de la CAQ, qui haïssent plus les péquistes que les libéraux, est une bonne idée ?

Est-ce que quelqu’un au PQ pense encore que le rôle des médias fédéralistes est négligeable ?

Enfin, après l’assassinat politique de PKP par la concurrence médiatique de Québecor, est-ce que quelqu’un au PQ pense encore que le OUI a plus besoin d’un PKP à la tête du parti, et de son sourire photogénique sur une affiche électorale attachée à un poteau, que d’un empire Péladeau aussi indépendantiste et péquiste que l’empire Desmarais et Radio-Gesca-nada sont fédéralistes et libéraux ?

Car, si non, pas de problème. Un vrai militant dédié à la cause, comme PKP l’est sûrement, n’a pas besoin d’un commissaire à l’éthique pour comprendre que tout est une question de priorité. Est-ce que PKP souhaite plus diriger le Québec… que le libérer ?

PKP a déjà grandement contribué à la cause, ne serait-ce que d’une façon symbolique, en devenant le premier grand homme d’affaires et magnat des médias à s’afficher pour le OUI. Il ne resterait donc plus qu’à faire aller les bottines de Québecor dans le même sens que les babines de son ex-PDG devenu député. Et qui de mieux pour chausser les bottines de l’empire Péladeau, que celui qui les a moulées ?