Fermeture imminente des directions régionales du MIDI

2014/10/27 | Par Richard Perron

L’auteur est président du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec

Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) condamne sans ménagement la fermeture imminente des directions régionales du ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion (MIDI), car cette décision arbitraire du gouvernement aura un impact certain sur les services aux immigrants et l’économie de plusieurs régions.

Débutant en novembre 2014 pour se conclure en mars 2015, la fermeture du réseau des sept directions régionales du MIDI entraînera une réaffectation du personnel. Environ 125 d'employés, tous corps d'emploi confondus, seront ainsi touchés. Dès novembre 2014, le personnel des directions régionales de Laval, des Laurentides, de Lanaudière et de la Montérégie se verra proposer des emplois dans certaines directions du MIDI à Montréal. À partir du 1er avril 2015, le personnel des autres directions qui cesseront leurs activités le 31 mars 2015, sera soit mis en disponibilité, étant dans l'obligation de se trouver un emploi dans un autre ministère, sans précision sur sa localisation, ou soit transféré vers le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale.

Cette décision est incompréhensible, car c'est un autre déplacement de personnel qui éloigne des ressources humaines dynamiques, ce qui aura encore une fois un impact socioéconomique dans les régions visées par ces fermetures. En fermant ses directions régionales, ce ministère s'éloigne de partenaires avec lesquels il a pourtant beaucoup investi afin de remplir sa mission qui consiste, faut-il le rappeler, à favoriser l'établissement des nouveaux arrivants, leur apprentissage linguistique et social, leur intégration et leur progression dans les communautés qui veulent les accueillir dans leur région. Tant d'investissements publics qui seront plus vulnérables sans le soutien et la présence de ces personnes dédiées, dans toutes les régions du Québec.

De plus, les employés des directions régionales du MIDI jouent un rôle majeur dans l'adaptation des politiques et des programmes gouvernementaux aux réalités régionales, estime le SPGQ. À l’instar de la fermeture, en décembre 2014, de toutes les directions régionales du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), le SPGQ est convaincu que la décision de fermer les directions régionales du MIDI ne repose sur aucune analyse sérieuse et que rien ne démontre qu'elle procurera des économies à l'État québécois ou des gains d'efficacité.

Ce geste privera le Québec d’une solide expertise en matière d’immigration et d'intégration régionale et ouvrira toute grande la porte au laisser-faire, lequel semble déjà bien implanté avec l’emploi au MIDI de quelque 80 consultants dont les tâches auraient dû être confiées aux professionnels des directions régionales du MIDI.  Comment le gouvernement peut-il affirmer vouloir régionaliser l’immigration alors qu’il se retire complètement, et ce, après y avoir investi pendant 40 ans ? Il y a là une incohérence flagrante entre cette décision et sa politique.

Dans son discours inaugural comme premier ministre à l’Assemblée nationale, Philippe Couillard affirmait pourtant que la moitié des ministres de son gouvernement ont pour mission de bâtir une économie plus forte, qui va créer des emplois dans toutes les régions. La tronçonneuse gouvernementale s’est déjà abattue en région sur le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, sur le Programme de création d'emplois en forêt (PCEF) et sur les directions régionales du MELS. Où sont donc les emplois promis en région, hormis ceux subventionnés à grands frais à Shawinigan qui profiteront d’abord et avant tout à la très riche multinationale informatique CGI, dont le chiffre d’affaires était de 18,7 milliards $ en 2013 ?

Le SPGQ constate également que la fermeture imminente des directions régionales du MIDI offre un contraste étonnant avec le vibrant plaidoyer du premier ministre, après l'attentat de Saint-Jean-sur-Richelieu et la fusillade à Ottawa, quant à l’importance de « préparer avec les communautés concernées des actions basées sur l'engagement communautaire, la prévention et la détection précoce des comportements à risque ». M. Couillard a ajouté que le radicalisme et la violence ne peuvent apporter une solution au mal de vivre. Aux yeux du SPGQ, la solution au mal de vivre ne passe certainement pas par la coupe des directions régionales du MIDI.

Toujours dans son discours inaugural, le premier ministre vantait le caractère incontournable d’une immigration soutenue, bien formée, prête à l’emploi, dont les compétences sont davantage reconnues. Force est d’admettre que les mots prononcés par M. Couillard n’étaient que de belles paroles. Le premier ministre semble préférer s’en remettre à une toute puissante Commission permanente de révision des programmes qui ne fait que créer un terrain fertile pour l’arbitraire, le lobbying et la corruption. Cette commission semble avoir l’oreille des amis du régime, mais certainement pas celles des nouveaux arrivants et des plus démunis de notre société.

Photo : Radio-canada