À quelques reprises, certaines personnes m'ont dit : « Les gaz de schiste, on n'en parle plus, donc c'est fini! ». Attention! Ce n'est pas parce que ça ne fait pas les manchettes à tous les jours qu'il n'y a pas de lobbying pratiqué derrière des portes closes.
Certes, il y a eu une accalmie depuis trois ans. Certains ont affirmé qu'il y avait un moratoire. C'est faux! Le seul moratoire qui aurait pu s'appliquer aux basses-terres du Saint-Laurent étaitle très, très imparfait projet de loi no 37. Mais il est mort au feuilleton avec les élections d'avril 2014.
Si les gazières ont cessé leurs activités depuis 2011, c'est que le prix du gaz naturel a chuté très en dessous du coût de production. Pour les gazières, se battre contre des citoyens mobilisés et produire à perte, ce n'est pas très attrayant. Par conséquent, elles ont accepté de mettre leurs activités en suspens pendant les travaux des deux mandats du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
À titre d'exemples, voici quelques indices laissant présager que les gazières et le gouvernement préparent le terrain pour le retour des activités gazières.
Pendant les vacances d'été, le gouvernement a adopté le Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection (RPEP). Quelque 70 municipalités avaient édicté un règlement qui exigeait une distance séparatrice de 2 000 mètres entre un puits d'eau et un forage. Le règlementprovincial entré en vigueur le 14 août 2014 requiert seulement 500 mètres et il a préséance sur le règlement des municipalités.
Plusieurs experts indépendants affirment que ce règlement est taillé sur mesure pour les gazières. Alors, lorsque certains politiciens se pètent les bretelles d’avoir le règlement le plus sévère en Amérique, on peut leur rappeler, tout simplement, que des municipalités comme Saint-Bonaventure, Ristigouche-Sud-Est et Gaspé font partie de l'Amérique, et souhaiteraient un règlement plus sévère.
Pour faire baisser le niveau de la mobilisation citoyenne, les gouvernements successifs ontdonné au BAPE deux mandats portant sur les gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent,commandé une Étude environnementale stratégique (ÉES), et mis sur pied une Commission sur les enjeux énergétiques.
Maintenant, après la sortie du rapport du BAPE prévue le 28 novembre, il est question d'une autre ÉES sur l'ensemble de la question des hydrocarbures au Québec! Trop d'études, c'est comme pas assez! Certains cyniques sont prêts à affirmer que la stratégie des gazières et du gouvernement est d'épuiser les personnes qui s'opposent à la fracturation!
Le 11 octobre dernier, c’était la journée mondiale contre la fracturation hydraulique. Plusieurs manifestations ont eu lieu à travers le monde. Dans notre région, environ deux cents personnes ont manifesté à Bécancouri. Pourquoi à cet endroit? Parce que quelques maires de cette région ont fait un voyage en Alberta aux frais de l'industrie (voyage organisé par l'Association québécoise des fournisseurs de services pétroliers et gaziers, AFSPG) et ont indiqué qu'ils étaient prêts à autoriser quelques projets pilotes de fracturation dans leur région.
Mais il y a des indices plus solides que la marmite gazière arrive de nouveau au point d’ébullition. Suite à la réunion annuelle de l'APGQ(Association pétrolière et gazière du Québec),tenue au Queen Elizabeth, M. Michael Binnion croit que le temps est venu de procéder à des « projets pilotes d'exploitation »ii.
Remarquez qu'il est maintenant question d'exploitation et non d'exploration! Selon le même article du Devoir, « [l]e président du lobby de l'énergie fossile a toutefois mentionné les régions de Bécancour et de Lotbinière. »
Un vieux proverbe dit : « Quand le chatn’est pas là, les souris dansent ». Si la mobilisation citoyenne avait baissé les bras pendant ce pseudo-moratoire, les lobbyistes de l'industrie gazière pourraient jubiler. Mais nous sommes demeurés vigilants et sur nos gardes! Si M. Binnion et ses acolytes croient que l'acceptabilité sociale est maintenant au rendez-vous, je lui rappellerai que le RVHQ présentera près de 30 000 signatures de la démarche « Vous n'entrerez pas chez nous » à l'Assemblée nationale le 6 novembre prochain. À bon entendeur, salut!
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