L’auteur au président du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec
Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) condamne, encore une fois, des dépassements de coûts exorbitants en informatique. Cette fois, il s’agit du Projet de planification des systèmes des technologies de l’information (PSTI), le grand projet informatique du Curateur public du Québec (CPQ) devant informatiser les outils de travail de cet organisme québécois qui veille à la protection des personnes inaptes.
Lancé en 2002, le projet devait être livré en 2006 pour moins de 20 millions $. Il a toutefois été largué en 2006, car jugé irréalisable vu la complexité de la mission du CPQ. Relancé en 2008 sous le nom PSTI et déployé en octobre dernier, le projet coûtera 39,6 millions $. Non seulement le PSTI coûte le double de ce qui était prévu à l’origine, il se révèle en plus une véritable catastrophe, car certaines opérations doivent maintenant être exécutées manuellement.
L’informatique au Québec semble se caractériser par une professionnalisation du manque d’expertise et de l'arbitraire, car le CPQ évoque de simples « pépins » et dit même être « vraiment fier » de ses responsables informatiques ! Le premier ministre avait pourtant martelé, dans son discours inaugural, l’importance de la transparence dans nos actions, de notre utilisation des fonds publics et de l’intégrité de nos administrations publiques.
L’addition des dépassements de coûts de projets informatiques comme GIRES, Dossier santé Québec, SAGIR, RENIR et maintenant PSTI totalise 3,2 milliards $, une somme entièrement volatilisé du Trésor public en raison d’une gestion suspecte, pour ne pas dire absente, et de l’omniprésence de firmes privées qui veillent à réaliser des profits mirobolants.
Le SPGQ dénonce ce fiasco, car la somme envolée dans les poches des firmes sous-traitantes aurait pu servir à atteindre l'équilibre budgétaire préconisé par le président du Conseil du Trésor, Martin Coiteux, dont la Commission de révision permanente des programmes vise à dégager dès l’an prochain des économies de… 3,2 milliards $ !
Au sommet de ce constat de manque d’expertise, caractérisé par le recours abusif à la sous-traitance et le gaspillage de fonds publics, le Centre de services partagés du Québec (CSPQ, le plus grand donneur de contrats informatiques du gouvernement) ne connaît même pas avec exactitude l’ampleur des sommes investies en informatique!
Le « départ » de Jean-Guy Lemieux, patron du CSPQ de septembre à octobre 2014 (il est le frère du vice-président de la multinationale québécoise d’informatique CGI !), n’y changera pas grand-chose.
Pas plus que sa successeure, Josée Noreau, qui a travaillé 10 ans comme conseillère de Jean Charest et aussi pour la SOGIQUE, un organisme associé au Dossier santé Québec, le plus grave naufrage informatique au Québec dont les dépassements de coûts débordent le milliard de dollars.
Selon le SPGQ, il y a urgence de freiner le recours excessif à la sous-traitance et de rétablir une expertise interne qui pourra endiguer les ratés de ce secteur, de même que pallier les défaillances observées par laprotectrice du citoyen dans son rapport annuel 2013-2014, comme les traitements de dossier interrompus, les versements de crédits ou de rentes bloqués et l’augmentation de l’inventaire de demandes en attente.
Déjà en 2011, l’ancien vérificateur général du Québec mentionnait dans son rapport que deux tiers des projets informatiques menés par le gouvernement connaissaient des dépassements de coûts, ne respectaient pas leurs échéanciers ou ne remplissaient pas leurs promesses. Le gouvernement doit donc mettre un frein aux manœuvres douteuses, à l'aveuglement volontaire et aux comportements dignes de plantes vertes des dirigeants ministériels liés à l’informatique. Et vite !
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