Dans une lettre qu’il a fait diffuser aujourd’hui par le service des communications du Parti conservateur du Canada, le ministre fédéral Denis Lebel s’attaque à la liberté des syndicats d’émettre des opinions politiques. « M. Lebel annonce que “le chat sort du sac” parce que le mouvement syndical se prépare à participer au débat en vue des élections générales de 2015. Je vous demande où est la nouvelle? Sa réaction est absurde puisque c’est précisément le mandat des syndicats que d’utiliser les cotisations syndicales pour faire avancer les droits des travailleurs et des travailleuses, et c’est ce que nous faisons », réagit le secrétaire général de la FTQ, Serge Cadieux.
Ce que M. Lebel ne dit pas : les conservateurs veulent museler les syndicats
« Je veux rappeler à M. Lebel que la FTQ a été fondée en 1957, précisément pour participer au débat public. La FTQ ne négocie pas de conventions collectives. Elle est une fédération de syndicats qui se sont dotés d’un organisme de représentation et de pression politique. C’est inscrit clairement dans nos Statuts », explique le secrétaire général de la FTQ.
« Franchement, la montée de lait de M. Lebel nous étonne. Ça ne semblait pas le choquer que le mouvement syndical appuie le camp du OUI quand il a fait campagne pour cette option en 1995 », rappelle M. Cadieux.
« En fait, sa lettre cache autre chose. Ce que M. Lebel laisse entendre sans le dire est qu’il faudrait museler les syndicats », dénonce M. Cadieux.
Dans les faits, le mouvement syndical a toujours participé au débat public. Au cours des 15 dernières années, la Cour suprême s’est prononcée à au moins 4 reprises qu’il est dans le mandat des syndicats d’intervenir et de faire de l’action politique.
Plus récemment, la Cour d’appel du Québec a réitéré cette position. La FTQ, rappelons-le, a été condamnée parce qu’elle a excédé la limite imposée par la loi sur les dépenses électorales et non pour être intervenue dans le débat politique. La FTQ avait alors produit une brochure pour dénoncer les politiques de droite de l’Action démocratique du Québec (ADQ) lors des élections provinciales de 2003.
Ce que M. Lebel ne dit pas : les politiques anti-travailleurs des conservateurs
« Ce que M. Lebel ne veut pas admettre dans sa lettre est qu’il y a un ressentiment important envers le gouvernement conservateur. C’est le gouvernement qui s’est livré entre autres au saccage de l’assurance-emploi, qui a attaqué les droits des travailleurs des postes et d’Air Canada par des lois spéciales et M. Lebel ose nous dire que c’est un gouvernement “ pour les travailleurs ”. C’est le gouvernement qui a réduit la fonction publique de plus de 30 000 postes et qui a réduit arbitrairement le droit de syndicalisation des fonctionnaires. Alors, évidemment, ça fait beaucoup de mécontents qui seront très à l’écoute de ce que nous avons à dire contre ce gouvernement et cela dérange M. Lebel et le Parti conservateur », conclut le secrétaire général de la FTQ.