L’auteur est président du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec
Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) salue la décision du Centre de services partagés du Québec (CSPQ) de se départir de dizaines de consultants informatiques affectés au projet Solutions d'affaires en gestion intégrée des ressources (SAGIR).
Selon une nouvelle publiée le 27 mai 2015, le CSPQ a remercié quelque 80 consultants dans la dernière année. Au total, 240 sous-traitants ont travaillé jusqu’à présent sur le projet SAGIR qui devait se terminer en 2007! Ce projet, au départ évalué à 83 millions $, risque maintenant de coûter plus d’un milliard $ aux contribuables québécois.
Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, est préoccupé par les retards et les coûts de ce projet, et ça se comprend! Rappelons que SAGIR vise l’informatisation et le remplacement des systèmes de gestion (paies, achats, ressources humaines, factures) pour plus de 100 ministères et organismes du gouvernement québécois. Cela représente quelque 70 000 postes informatiques dans la fonction publique. Alors, pourquoi payer plus cher pour des consultants alors que les employés de l’État peuvent très bien faire le travail?
Le SPGQ approuve le choix de M. Coiteux de faire une vérification interne afin d’avoir un portrait clair de ces nombreux dépassements de coûts et de mieux comprendre la façon dont sont octroyées les heures de travail aux ressources externes.
À cet effet, rappelons-nous les efforts de la fonction publique ontarienne qui, depuis 2003, a converti 1 519 emplois de consultants externes (incluant 1 335 consultants en informatique), travaillant pour le gouvernement de l’Ontario, en emplois dans la fonction publique ontarienne. Ce geste lui a permis de générer des économies permanentes d'environ 60 millions $ par an.
En rationalisant ainsi l’utilisation de ressources externes, le gouvernement semble reconnaître l’importance de conserver et de développer l’expertise au sein même de l’appareil public québécois. Cette expertise, chère au SPGQ, est d’ailleurs au cœur de discussions entre le Syndicat et M. Coiteux.
M. Coiteux m’a en effet invité à venir le rencontrer avec ses collaborateurs du Conseil du trésor et son adjoint parlementaire, M. Patrick Huot, chargé du dossier informatique le 15 mai dernier. M. Coiteux nous a très attentivement écoutés et l’intérêt réel pour trouver des solutions semblait palpable.
Encore une fois, le SPGQ a martelé le même message : la sous-traitance coûte cher aux contribuables et ne permet pas de conserver l’expertise au sein de l’appareil d’État. Pour éviter ces dépassements de coûts, l’utilisation des ressources et de l’expertise internes doit devenir une priorité.
Mais cela dit, nous sommes intéressés par une réelle collaboration soutenue, et non une simple consultation d’apparence et sans suite. C’est donc avec intérêt que nous avons accepté de rencontrer, dans un deuxième temps, il y a quelques jours, le secrétaire du Conseil du trésor et dirigeant principal de l’information, donc grand patron de l’informatique au gouvernement, M. Yves Ouellet, ainsi que et son équipe.
Ces discussions nous ont permis d’établir, croyons-nous, un lien de confiance et, surtout, de prendre en considération les pistes de solutions que le SPGQ a à proposer. Tous s’entendent pour dire qu’il faut venir à bout du problème, mais le diable est dans les détails et la suite des choses nous démontrera la valeur réelle de cette collaboration, que nous ne demandons qu’à saluer au nom des 25 000 professionnels que nous représentons.
La balle est dans le camp du gouvernement. Cesser la lente agonie de l’expertise au sein de la fonction publique pour assurer le maintien de services adéquats : voilà le défi. Et pour le surmonter, l’expertise du personnel professionnel de l’État est essentielle.
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