Disons-le carrément, les « choses sérieuses » emmerdent royalement notre génération ludique. La révolte des classes moyennes et populaires mondiales plongées dans la panade contre les riches de plus en plus riches ? Pas son problème… Les prédateurs de la finance qui s’amusent à chiper les économies de leurs clients pour les laisser tout nus dans la rue ? Pas son problème non plus… Les jeunes Québécois ne veulent pas de chicane, pas d’idée dérangeante, pas de débat. Ils ne se voient pas comme une génération de « diviseurs », mais de « rassembleurs » — de quoi ? Ils ne sauraient le dire clairement.
Les « choses sérieuses » ? Ça se résume chez eux à avoir du fun. Comme si la vie n’était qu’un « immense festival », pour citer une Lise Payette indignée : « Il y a quelque chose d’indécent dans ce besoin de rire effréné qui n’a plus rien de spontané et qui nous donne parfois l’allure de malades mentaux… » Les « choses sérieuses » ? C’est aussi le hockey, seul sujet sur lequel ils peuvent clavarder durant des heures. Au Forum ou au Centre Bell, ils encouragent les hockeyeurs du Canadien en scandant à se fendre l’âme « Go Habs, go » dans une autre langue que la leur, celle de « leur » club de hockey favori, l’anglais.
Les sondages sont unanimes, les jeunes Québécois refusent toute étiquette politique. Ni indépendantistes, ni fédéralistes, ni de gauche, ni de droite, ni conservateurs, ni rebelles. Rien. Près de 40 % des répondants au sondage de la maison Crop de 2011 refusaient de cocher les cases les identifiant comme indépendantistes, fédéralistes, nationalistes ou autonomistes. Ils ont plutôt choisi la catégorie « aucune ». Autrement dit, pour la non-inexistence bêtement assumée, pour le refus global des étiquettes et de l’histoire associée à une étiquette !
Visiblement, ils sont privés d’une lecture historique réaliste sur eux-mêmes que l’école et les médias se gardent bien de leur dispenser. Pourquoi s’étonner alors de leurs votes, tantôt de droite, tantôt de gauche ? Une fois pour les péquistes qui veulent leur bien, une autre fois pour les libéraux qui veulent leur bien. Et même pour les caquistes de François Legault, peu importe le simplisme de leur fonds de commerce politique.
Bref, une génération à l’écoute des démagos et de ceux qui crient le plus fort. En cette période électorale, c’est l’inconsistant chef du NPD, Thomas Mulcair, qui crie le plus fort avec la sympathie évidente de nos journalistes pas trop perturbés par son double discours et ses volte-face contraires aux intérêts des Québécois dans certains grands dossiers.
Comment alors ne pas s’inquiéter, le 19 octobre prochain, du vote particulièrement erratique des Québécois depuis quelques années ? Vont-ils gober le mot d’ordre soi-disant stratégique propagé par les gérants d’estrade des médias et des syndicats suivant lequel il faut voter NPD pour se débarrasser des conservateurs de Stephen Harper ? Intoxiqués par leur presse aussi complaisante envers « Tom » qu’envers son prédécesseur, le bien-aimé et regretté « Uncle Jack », les Québécois se font une fausse idée de l’homme censé défendre leurs intérêts à Ottawa mieux que le Bloc québécois de Gilles Duceppe.
Petit rappel chronologique. Sur l’homme, d’abord. Après avoir été conseiller juridique d’Alliance-Québec, lobby anglophone viscéralement opposé à la Charte de la langue française (loi 101) adoptée par René Lévesque durant les années 70, loi qu’il a combattue avec une démagogie sans pareil, Thomas Mulcair récidive sous le gouvernement de Pauline Marois en s’opposant à la charte de la laïcité. Avec un sang-gêne incroyable, il annonce à l’avance qu’il puisera dans les coffres du NPD pour appuyer les éventuelles poursuites contre la charte, noyautées en sous-main par la mouvance islamiste à l’œuvre actuellement dans la province, sous le nez de nos candides journalistes et politiciens. Cette posture éclaire ses tergiversations actuelles autour du port du niqab. Entre son électorat multiculturel des provinces anglaises, moins hostile au voile islamique que son électorat québécois, lequel choisira-t-il ?
Quoi qu’il en soit, en 2003, notre homme se retrouve en politique provinciale sous Jean Charest avec lequel il rompt trois ans plus tard sur une question environnementale. L’année d’avant, en 2005 plus précisément, il est condamné à verser 95 000 $ à l’ancien ministre péquiste Yves Duhaime pour atteinte à sa réputation. Mulcair avait insinué faussement que Duhaime s’était rendu coupable de trafic d’influence en agissant comme lobbyiste pour des marchands de Métro auprès du gouvernement Landry. Invités à une émission à l’ancien réseau TQS, les deux hommes s’étaient apostrophés à la sortie du studio. « J’ai hâte de te voir en prison, vieille plotte », avait alors lancé Thomas Mulcair. Les deux hommes s’étaient retrouvés devant le juge André Denis qui avait condamné l’insulteur à payer 75 000 $ en dommages moraux et 20 000 $ en dommages exemplaires à Yves Duhaime.
Bagarreur jusqu’à la vulgarité, mais aussi très opportuniste. Avant d’opter au final pour le NPD dirigé alors par Jack Layton, Thomas Mulcair est d’abord allé offrir ses services aux conservateurs et libéraux fédéraux. En 2010, alors qu’il est chef adjoint du NPD, la police anticorruption le questionne au sujet d’un pot-de-vin que le maire de Laval lui aurait versé, mais qu’il jure n’avoir jamais accepté.
À l’automne 2009, une manchette sensationnelle dans les médias écrits et parlés de la province : « Les écoliers allophones pourront s’acheter le droit d’étudier en anglais. » Le juge Louis LeBel de la Cour suprême invalide la loi 104 qui interdisait les dévastatrices écoles passerelles ouvrant la porte à l’anglicisation des immigrés. Un jugement discriminatoire qui crée deux classes de citoyens. Après avoir mis leurs mômes à l’école privée anglaise payante, le temps qu’ils absorbent quelques rudiments d’anglais, les immigrés riches pourront ensuite les inscrire à l’école anglaise gratuite. En revanche, les enfants des immigrés pauvres seront condamnés à l’école publique française…
Un véritable coup de tonnerre qui risque de fragiliser l’avenir du français, car les francophones qui désirent « switcher » à l’école anglaise, convaincus en bons défaitistes que leur langue n’a pas d’utilité qui vaille pour réussir dans la vie, pourront eux aussi envoyer leurs mômes à l’école anglaise.
Que fera Jean Charest ? Invoquera-t-il la clause dérogatoire pour contester le jugement de la Cour suprême ? Ce serait rêver en couleur. Il dépose plutôt la loi 103 qui légalise l’école passerelle pour les riches allophones et francophones, en violation flagrante de la loi 101 et de la loi 104, invalidée du même coup. Et Thomas Mulcair, que dit-il, lui ? Alors député fédéral d’Outremont et chef adjoint du NPD, il tonne : « C’est une erreur monumentale, cette loi 103. Il y aura un très gros prix à payer pour ce gouvernement qui ne comprend pas l’importance de protéger le français. »
À la ministre de l’Éducation Michelle Courchesne qui laisse tomber qu’il ne faut pas en faire tout un drame, que c’est juste quelques élèves allophones qui pourront aller à l’école passerelle grâce à leur mononcle riche, Thomas Mulcair rétorque : « C’est faux, plusieurs milliers d’élèves allophones et francophones sont déjà passés au réseau anglais ! Et avant que Bernard Landry ne fasse voter la loi 104 pour interdire l’école passerelle, en 2002, le nombre d’élèves allophones passés au secteur scolaire anglais se chiffrait déjà à plus de 4 000… »
Belle envolée qui confond ses critiques bloquistes et péquistes. Mais le caméléon Mulcair leur réservait toute une surprise. Après s’être associé à une coalition syndicale qui exige du gouvernement Charest qu’il recoure à la clause dérogatoire, clause taboue au Canada anglais, pour bloquer l’école passerelle, le député fédéral d’Outremont fait marche arrière une fois de retour à Ottawa. « La signature du NPD au bas de la pétition était une erreur », bégaye-t-il. Difficile de servir deux maîtres à la fois, les anglos et les francos, dans le Canada chimérique de Thomas Mulcair.
Au printemps 2011, Stephen Harper pilonne sans vergogne la compétence constitutionnelle des provinces en matière d’énergie. Alors qu’Ottawa a déboursé des sommes faramineuses pour développer l’énergie nucléaire en Ontario, jamais il n’a versé un sou noir pour mettre en valeur les milliards de kilowatts de la Manic et de la baie James. Stephen Harper poursuit la tradition. Il met 4 $ milliards sur la table pour développer l’hydro-électricité des chutes Churchill, à Terre-Neuve et en Nouvelle-Écosse. Il annonce qu’Ottawa garantira le prêt de 4 $ milliards que Terre-Neuve devra contracter pour réaliser son projet évalué maintenant à plus de 6,2 $ milliards. Un avantage financier énorme qui permettra à Terre-Neuve d’économiser sur 30 ans un milliard de dollars et d’emprunter à des taux identiques à ceux du gouvernement fédéral, beaucoup plus bas que ceux d’Hydro-Québec.
Cette concurrence déloyale fait bouillir de colère Jean Charest. Ce qui l’ulcère, c’est que Terre-Neuve pourra vendre son électricité moins cher que celle d’Hydro-Québec. « Le gouvernement fédéral change les règles du jeu, accuse-t-il. Nous n’acceptons pas qu’il s’immisce dans la production et la transmission d’électricité. Québec a développé seul son réseau, Hydro-Québec a financé seule ses activités et les provinces ont toujours payé elles-mêmes les réseaux qui les relient… »
C’est l’union sacrée à l’Assemblée nationale où les députés de toute couleur adoptent à l’unanimité une motion pour condamner l’initiative des conservateurs fédéraux. Mais au parlement d’Ottawa, les avis sont partagés. Gilles Duceppe, chef du Bloc québécois, tombe à bras raccourcis sur Stephen Harper : « On a payé ça tout seul, Hydro-Québec. Et tout d’un coup, avec notre propre argent, on va venir nous concurrencer ? Ça n’a pas de bon sens… » Mais ô surprise, l’inconsistant chef adjoint du NPD, Thomas Mulcair, applaudit à deux mains la manœuvre des conservateurs en invoquant un argument qui frise l’alibi :
« Cela fait huit ans que je me bats pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cela fait huit ans que je me bats pour une vision pour de l’énergie propre et renouvelable. Je vais être conséquent avec moi-même. Je suis favorable à la réalisation d’un projet hydroélectrique dans ces conditions-là. » Pirouette qui fait dire à Gilles Duceppe : « Pour un parti qui prétend être à l’écoute des Québécois, c’est plutôt raté… »
À l’automne 2011, débat houleux autour de la nomination d’un juge unilingue anglais à la Cour suprême censée rendre la justice dans « nos deux langues nationales », comme aime dire Stephen Harper, qui ne cesse de rabâcher : « C’est mon devoir de protéger le français ». Pourtant, il refuse mordicus d’exiger que le candidat à la plus haute magistrature d’un pays officiellement bilingue le soit, bilingue.
Même s’il lui arrive d’adorer en même temps dieu et diable, selon qu’il pérore à l’autre bout du pays ou au Québec, Thomas Mulcair, lui-même plus que bilingue, pose néanmoins la question qui tue au chef conservateur : les juges de la Cour suprême ne devraient-ils pas être tous bilingues ? N’attendant pas de réponse, il dépose aux Communes le projet de loi C-232 qui a de quoi réjouir son caucus québécois. Le projet Mulcair stipule que les futurs juges de la Cour suprême devraient être obligatoirement bilingues.
Après avoir dansé sur un pied et sur l’autre, Stephen Harper conclut : l’exigence du bilinguisme ne vaut pas pour la Cour suprême. Pourquoi ? « C’est différent, explique-t-il. Seul le juge en chef doit être bilingue, comme le premier ministre du Canada, mais tous les juges n’ont pas à être bilingues. » Pour le prouver, il y fait entrer l’unilingue Michael Moldaver, juge de la Cour d’appel de l’Ontario. Sa désignation provoque de gros remous au Québec. Du PQ de Pauline Marois au Barreau du Québec, en passant par le Bloc québécois, le rejet de la nomination de l’unilingue Michael Moldaver fait l’unanimité.
Pas à Ottawa. À leur congrès annuel, les libéraux fédéraux se rangent aux côtés de Stephen Harper. Reste à voir si l’imprévisible Mulcair se tirera encore une fois dans le pied. On peut penser que non, au vu de son projet de loi C-232 exigeant que les juges de la Cour suprême soient bilingues. Pourtant, le politicien chouchou des Québécois tourne sa veste. Dopés par leurs journalistes d’une complaisance rare envers le successeur de Jack Layton, les Québécois découvrent cette fois encore le vrai visage de l’homme qui se pose en rival de Gilles Duceppe dans la défense de leurs droits et intérêts à Ottawa. Thomas Mulcair se fait le complice des conservateurs. Il finit par baisser les bras devant la désignation du juge unilingue Michael Moldaver, bel et bien nommé.
Les péquistes ne sont pas les seuls à cravacher les incohérences de Thomas Mulcair. Françoise David, cochef de Québec solidaire, se dit « très très déçue » du NPD. On comprend ses trémolos. Aux dernières élections fédérales, toute souverainiste qu’elle prétend être, elle a snobé le Bloc, parti frère fédéral de Gilles Duceppe, et appuyé le NPD, parti le plus centralisateur, le plus Canadian et le moins souverainiste possible, que Thomas Mulcair présente toujours comme « un rempart contre la montée de l’option souverainiste au Québec ».
Traquée par les journalistes qui veulent savoir si c’est vrai qu’elle a voté pour le NPD au lieu du Bloc, parti frère de Québec solidaire, elle ne le nie pas, mais tente de s’en tirer par une pirouette plutôt bizarre : « C’est comme le secret de la Cadbury ! Ça me regarde… » Amir Kadir, son alter ego à Québec solidaire, n’en fait pas mystère, lui. Il avoue franchement avoir donné son vote à la néo-démocrate Hélène Laverdière plutôt qu’à Gilles Duceppe, tous deux candidats dans Laurier-Sainte-Marie. Chose certaine, la « solidarité » ne semble pas étouffer ces deux « électrons libres » de la politique québécoise.
À l’automne 2011 toujours, on a droit au « classique » du genre, sans cesse évoqué par Gilles Duceppe pour dénoncer le double jeu de son rival Mulcair. Il s’agit des fameux contrats militaires fédéraux de 33 $ milliards qui sont passés sous le nez du chantier maritime québécois de la Davie, à Lévis, sans que Thomas Mulcair fasse une crise d’apoplexie. Loin de là, comme nous allons le voir.
À Lévis, existe depuis aussi loin que 1825 le plus important chantier naval du Canada, la Davie, qui a construit plus de 700 bâtiments commerciaux et militaires. Comme de raison, le Québec attend sa juste part des contrats militaires que le gouvernement Harper s’apprête à octroyer. Le gâteau, la Davie doit en principe le partager avec les chantiers de la Nouvelle-Écosse et de la Colombie-Britannique. Rien de plus normal pour autant qu’Ottawa, tel un Salomon, le partage en parts égales entre les trois grands chantiers du pays.
Allons-y voir. Claudette Charbonneau, présidente de la CSN, redoute que le chantier québécois soit évincé des contrats fédéraux. Elle crie au loup au nom des 1 600 ouvriers de la Davie qu’elle représente. Les faits lui donnent raison. Manchette de presse du 20 octobre 2011 qui fait tout un foin : « Chantier Davie est écarté des contrats des navires fédéraux. » Le « loup » est bien réel et il s’appelle Stephen Harper. Ses contrats d’une valeur de 33 $ milliards vont en entier au chantier maritime de Vancouver et au chantier Irving d’Halifax. Au diable Lévis !
Au PQ, Bernard Drainville, porte-parole de son parti pour les relations avec Ottawa, se vide le cœur : « Le Québec est en train d’en manger toute une, ces temps-ci, gracieuseté du gouvernement canadien… » Mais au NPD, c’est le cafouillis total. Thomas Mulcair, devenu chef par intérim depuis la mort de Jack Layton, en août, s’efforce de courtiser le ROC en vue d’y accroître son électorat. Au Québec, sa province d’origine, il n’a pas à prendre de précautions, son parti ayant fait le plein de ses voix en faisant élire 59 députés sur 75. Un véritable tsunami qui a permis au NPD de former l’Opposition officielle aux Communes. Merci Québec !
N’empêche qu’aujourd’hui, l’ingrat Mulcair choisit de jouer la carte du Rest of Canada, vu qu’au Québec, ses arrières sont assurés. S’il compte monter plus haut, il doit conquérir le vote anglo-canadien. « On sable le champagne au NPD », rapportent les médias québécois. Le député Peter Stoffer, porte-parole du parti en matière de construction navale, ose même couiner haut et fort sans se faire rabrouer par son chef Mulcair : « Il s’agit d’un grand jour pour le Canada ! » Non, mais quelle gifle retentissante assenée aux 59 députés néo-démocrates du Québec qui restent muets comme des carpes. En vérité, c’est plutôt un grand jour… noir pour leur province. Il faut donc conclure que dans la tête du député Stoffer et de son chef Mulcair, le Québec ne fait pas partie de leur Canada en fête !
Le NPD de Thomas Mulcair endosse donc les yeux fermés une politique qui discrimine le chantier naval québécois et prive de jobs plus de 1 600 travailleurs. Il reste les miettes, Ottawa en trouve toujours pour le Québec. « Une nouvelle chance pour Davie », titre béatement La Presse, comme si sa journaliste Marie Tison annonçait une grosse et bonne nouvelle à ses lecteurs pour compenser la perte des faramineux contrats militaires de 33 $ milliards de dollars.
Quelle est-elle, cette « chance » qui échoit à la Davie ? Rien d’autre que les rogatons de la ripaille servie par Ottawa aux chantiers maritimes d’Halifax et de Vancouver. Après avoir octroyé à ces derniers la construction de 15 frégates et contre-torpilleurs, d’un brise-glace, d’une demi-douzaine de patrouilleurs, des ravitailleurs pour les troupes et de trois grands bâtiments de soutien pour la marine, Harper destine au chantier Davie la construction, ô combien modeste, des petits navires de la garde-côtière canadienne…
À l’automne 2012, un an après avoir sablé le champagne au sujet des contrats militaires qui ont échappé au Québec, Thomas Mulcair s’englue cette fois dans les sables bitumineux albertains. Projet du siècle de la compagnie Trans-Canada qui veut transporter le pétrole sale de l’Alberta par pipeline sur la côte ouest du pays et sur la côte atlantique. Mais pour cela, il faut traverser la Colombie-Britannique et le Québec. Vive opposition citoyenne là-bas comme ici.
En Colombie-Britannique, c’est une autre partie qui se joue. L’oléoduc Northern Gateway projeté par Enbridge pour acheminer le pétrole albertain jusqu’au Pacifique en traversant cette province de bord en bord fait face à une levée de boucliers, non seulement de la part des écolos, mais aussi et surtout du gouvernement de Victoria. Sa première ministre Christy Clark le trouve inacceptable, à l’instar du président Obama opposé, lui, à un autre pipeline de Trans-Canada, le pipeline Keystone qui filerait d’Edmonton jusqu’au Texas.
Pour les Américains et les citoyens de la Colombie-Britannique, les risques environnementaux sont trop énormes. De plus, les 13 000 emplois fantômes promis par Trans-Canada durant la construction et les 118 000 autres qui suivraient sous forme de retombées diverses s’envolent en fumée sous les coups de boutoir des experts. Durant la phase de construction de l’oléoduc, on créerait tout au plus 2 000 emplois et par la suite… de 50 à 100. Aux États-Unis comme ici.
Contre toute attente, Thomas Mulcair donne son appui au pipeline Énergie Est qui est plein de bon sens, dit-il, même s’il traversera des milliers de kilomètres sur le sol québécois, avec les risques de déversements toxiques avant de terminer sa course au Nouveau-Brunswick. Du même souffle, l’imprévisible Mulcair s’allie aux écolos de la Colombie-Britannique pour combattre le pipeline Northern Gateway qui, lui, n’est pas bon comme celui d’Énergie Est. Deux poids deux mesures ?
Le Globe and Mail cerne bien les contradictions du chef du NPD : « Le député fédéral, qui s’est vivement opposé au pipeline Northern Gateway sur la côte du Pacifique, donne maintenant son « full support » au pipeline Énergie Est… » Et le philosophe québécois Michel Seymour, qui s’intéresse à la question, d’en rajouter dans un article qu’il intitule Le pipeline du déshonneur : « Quand le chef du NPD dit que le projet d’Énergie est « sensé », je suis plus qu’inquiet. Quel est l’argument pour dire que c’est sensé ? Selon Thomas Mulcair, ce serait mieux que le train, mais aussi mieux que les superpétroliers. Un instant ! Je ne vois pas comment on peut rejeter le projet Northern Gateway et trouver sensé le projet d’Énergie Est. Le Québec court après tout les mêmes risques que la Colombie-Britannique… »
C’est là un autre bel exemple de la duplicité du chef du NPD, très rigoureux et très exigeant dès qu’il s’adresse à l’opinion anglo-canadienne, mais d’un laxisme et d’un décousu déconcertants quand ce sont les intérêts du Québec qui se voient menacés. Voilà qui devrait faire réfléchir à deux fois ces naïfs et bonasses Québécois qui, selon les sondages, s’apprêtent à voter à l’aveuglette pour le NPD de Thomas Mulcair. Rien d’étonnant. Après tout, ce sont ces mêmes Québécois qui ont réélu à l’aveuglette aussi un gouvernement libéral corrompu qui les avait escroqués durant dix ans. Les travaux de la commission Charbonneau sont là pour le prouver.
Dans la même catégorie
2024/12/04 | Bloquons le PL 69! |
2024/11/20 | Bien gérée, la migration peut être une force positive |
2024/11/13 | Quand La Presse+ trouve du « positif » dans la victoire de Trump |
2024/11/06 | The Economist pourfend le gouvernement Trudeau |
2024/11/06 | Les syndicats et l’action politique |