Voter NPD, c’est voter conservateur

2015/09/22 | Par Maxime Laporte

L’auteur est avocat et président général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal

Montréal, 21 septembre 2015 - Selon un récent sondage Nanos, le NPD obtient maintenant 29,1% d'intentions de vote dans l'ensemble du Canada, se contentant de la troisième position derrière les Conservateurs à 30,8% et les Libéraux à 30,3%.

Les néo-démocrates auraient beau se targuer d'être les champions des sondages au Québec, ils tirent lamentablement de l'arrière dans toutes les provinces du Canada anglais. À tel point qu'en excluant les données québécoises du sondage précité, le parti de Thomas Mulcair récolterait seulement 25,05% des voix dans le ROC, soit près de dix points de moins que les Conservateurs (34,43%) et les Libéraux (34,38%). Cela s'ajoute au fait qu'on constate depuis les dernières semaines une nette tendance à l'essoufflement du côté du NPD, notamment en Ontario et en Colombie-Britannique.
 

Le «vote stratégique» change de couleur, telle la feuille d'érable à l'automne

De sorte qu'en vue du 19 octobre prochain, les adeptes québécois de ce que j'appelle le «vote stratégique canadien», qui souhaitent à tout prix défaire Stephen Harper - quitte à sacrifier le Bloc Québécois et nos intérêts nationaux, devraient désormais songer à se tourner non plus vers le NPD, mais... vers le Parti libéral de Justin Trudeau.

Car, c'est bel et bien ce dernier qui, à la grandeur du Canada, se trouvent maintenant dans la meilleure posture pour déloger efficacement le PCC du pouvoir. Autrement, toujours suivant cette logique du «vote stratégique canadien» (à laquelle je n'adhère certes pas, nous y reviendrons), si le vote anti-conservateur continue de se diviser, on assistera au retour triomphal de monsieur Harper à Ottawa!

C'est en résumé ce qui fait qu'à présent, voter NPD équivaut à voter conservateur. Vous excuserez cette formule que je sais démagogique, mais on l'a tellement employée jusqu'ici pour nuire au Bloc, qu'il m'apparaît juste de rétablir les faits...

Voter NPD, c'est donc voter conservateur, au sens strict comme au sens large... Puisque c'est favoriser, pour l'immédiat, la réélection de Harper, mais c'est aussi rester «conservateur» et fort peu ambitieux sur la question de l'avenir politique, économique et environnemental du Québec en renforçant le statu quo et cette idée empoisonnée que la structure canadienne serait légitime et bénéfique pour nous.

Par ailleurs, même si le NPD accédait au pouvoir le 19 octobre prochain, il le perdrait fort probablement aux mains des Conservateurs ou des Libéraux dans deux, quatre ou huit ans, en vertu du phénomène de l'alternance des partis...

Imaginez le Parti conservateur avec un nouveau chef, (Jean Charest?), reprenant le pouvoir en 2017 pour annuler toutes les belles politiques du précédent gouvernement néo-démocrate minoritaire...

Telle est la réalité du jeu politique canadien. À quoi bon y jouer alors que nous savons pertinemment que nous en sortirons perdants?
 

Chèque en blanc sur fond rouge

Peu importe la couleur du parti au pouvoir à Ottawa, - rouge, orange, bleu foncé, c'est toujours un chèque en blanc que nous, Québécois, offrons aux représentants de la majorité canadienne pour qu'ils décident à notre place de notre propre avenir, avec 50 milliards de nos impôts chaque année.

Les commentateurs nous rabattent sans cesse les oreilles avec cette question de «la pertinence du Bloc Québécois à Ottawa»... Or, je crois plutôt qu'il est temps, après bientôt 150 ans de «déchéances et de défaites par la fausse conciliation», de répondre une fois pour toute, à la question de «la pertinence d'Ottawa au Québec».

Et à ceux qui tendent à poser des conditions, idéologiques ou de principes, à notre indépendance nationale: poserez-vous des conditions au fédéralisme et au régime canadien, le 19 octobre prochain? Je me le demande.

Se débarrasser des Conservateurs, j'en suis! Mais somme toute, cela demeure superficiel. Il faut se débarrasser du Canada réel, de ce pétro-État, monarchiste et néocolonial dont Harper n'est au fond qu'un avatar parmi d'autres, et qui continuera de nuire à nos intérêts tant et aussi longtemps qu'en bon peuple domestiqué, nous lui donnerons aveuglément notre appui en refusant de nous battre pour préparer notre sortie de la Confédération et notre entrée dans le monde.

Pour ma part, le 19 octobre, mon vote sera, stratégiquement, québécois.