Concentration de la richesse au Québec

2015/09/24 | Par IRIS

Après s'être intéressé aux inégalités de revenu, l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) publie aujourd'hui une note qui se penche sur les inégalités de patrimoine.

À l'instar des revenus, le patrimoine se trouve très concentré entre les mains des mieux nantis, qui profitent de la croissance de l'économie financière pour faire fructifier leurs avoirs.

« De profondes disparités existent dans le partage de la richesse. En 2012, les 20 % les plus riches – ceux qui détiennent le plus grand patrimoine – possédaient 61 % des avoirs au Québec. Cette année-là, leur patrimoine médian s'élevait à 1 334 500 $, contre 247 000 $ pour les familles du centre de la distribution, et seulement 1700 $ pour les 20 % les moins nantis. Autrement dit, les plus riches possédaient donc un patrimoine 6,7 fois plus élevé que la famille médiane et 785 fois plus élevé que celles du 20 % au bas de l'échelle de la richesse », affirme Julia Posca, chercheure à l'IRIS et auteure de la note socioéconomique.

« On observe de plus que les fruits de la croissance globale de la richesse au Québec n'ont pas profité à tout le monde. De 1999 à 2012, ces mêmes 20 % les plus nantis ont capté 61 % de l'augmentation de la valeur nette des ménages », ajoute la chercheure.

La publication confirme également le lien entre le niveau de revenu d'une famille et sa capacité à accumuler du patrimoine et le faire fructifier.

« La concentration du revenu contribue à la concentration du patrimoine. On constate qu'en 2012, le 10 % des familles ayant les plus hauts revenus détenaient 32 % de tout le patrimoine, avec une valeur nette médiane pour ce groupe d'environ 1 050 000$, soit 339 fois celle du 10 % le plus pauvre, qui s'élevait à 3100$. »

« Les familles les mieux nanties possèdent plusieurs catégories d'actifs, notamment 30% de leur avoir net total réparti à parts égales entre des avoirs financiers hors régimes de pension et des capitaux propres dans une entreprise. Ces types d'avoirs leur permettent non seulement de faire fructifier avec le temps leur richesse, mais d'avoir une plus grande flexibilité pour faire face aux soubresauts économiques », soutient Julia Posca.

En terminant, les inégalités de genre sont également reflétées dans la concentration de la richesse. « Si les femmes gagnent aujourd'hui encore seulement 80 % du revenu des hommes en moyenne, les familles dont le principal soutien financier est une femme possèdent 60 % du patrimoine d'une famille dont l'homme assume le principal soutien », conclut l'auteure.

La répartition du patrimoine : l'autre visage des inégalités est disponible gratuitement sur www.iris-recherche.qc.ca.