Le climat social au Québec a rarement été aussi morose. Compressions budgétaires totalement sauvages, démantèlement de nos outils collectifs, attaque en règles contre les services publics, dénigrement par le pouvoir de tout mouvement de résistance; qu’il soit syndical, social, environnemental, national ou citoyen. Les régions sont abandonnées à elles-mêmes. Le pétrole se prépare à couler à flot sur notre territoire sans notre consentement. Bien des progressistes ont l’impression de vivre un véritable cauchemar, une insupportable «gueule de bois militante». Et pourtant…
Pourtant, il y a du mouvement à l’horizon. Depuis la rentrée automnale, plus de 400 000 travailleuses et travailleurs du secteur public unissent leurs voix et préparent des actions de grève pour lutter contre l’austérité. Des milliers de parents se joignent au mouvement pour défendre l’école publique. Des personnalités médiatiques reprennent le flambeau. Des artistes, des intellectuelles reviennent à l’avant-scène. Avec peu de moyens, mais beaucoup de conviction. Bien des associations étudiantes n’attendent que le signal pour se remettre à la tâche.
Les espaces de lutte sont multiples, c’est vrai. Mais la résistance citoyenne s’organise mieux que jamais. Des villes se refusent maintenant à être de simples spectatrices des spéculateurs pétroliers sans vergogne. Des élus se lèvent pour dire non à l’inacceptable. Du rarement vu. Il faut le voir.
Le défi maintenant est de tisser le maximum de liens entre tous ces groupes. S’écouter, s’épauler. Constater que toutes nos luttes convergent. Pour le bien commun, le vivre ensemble. Simplement. Et le plus important : tenir le fort. Longtemps. Résolus. Même si c’est dur. Même si c’est long. Malgré les embuches.
Il y a quelques années, Robert jasmin, militant et porte-parole d’ATTAC- Québec (Association québécoise pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens), un homme pour qui j’ai énormément d’estime, me rappelait très justement que «la plus grande qualité d’un militant, c’est de durer.»
Il en va de même pour tout mouvement de résistance, pour toute lutte. Lutte syndicale, sociale, environnementale ou lutte de libération nationale. Durer. Au-delà du momentané sentiment d’impuissance, des reculs imposés, des défaites crève-cœur. Oui, durer. Expliquer, convaincre, unir, lutter. Toujours, tout le temps. Durer.
Pour un jour, enfin vaincre… et recommencer. Durer.
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