«Des relents de Bill 63»

2015/11/26 | Par Maxime Laporte et Christian Gagnon

La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB) et le Mouvement Québec français (MQF) sont tout à fait favorables à ce que le Québec, société riche, fasse sa part du devoir humanitaire de l'Occident en accueillant des milliers de réfugiés syriens.

Cela dit, rien ne justifie que les enfants syriens qui viendront bientôt ici à la recherche d'une vie meilleure ratent leur chance de maîtriser notre langue commune et obtiennent un passe-droit en matière de langue d'enseignement.

L'intention annoncée du maire de Montréal de demander au gouvernement du Québec une dérogation à la Loi 101 pour les enfants syriens, paraît déraisonnable aux yeux de la SSJB et du MQF.

«Le maire Denis Coderre a-t-il honte de notre langue officielle et commune, le français, qui est aussi sa langue maternelle, au point où il verrait comme une calamité qu'elle soit transmise aux nouveaux citoyens, fussent-ils des réfugiés? Dans les années 1970, y a-t-il un seul de nos 10 000 réfugiés de la mer vietnamiens qui se soit senti lésé d'avoir fréquenté l'école française? Est-ce son passé de député libéral de Bourassa qui a inspiré à M. Coderre cette idée aux relents de Bill 63? », se demande Maxime Laporte, Président général de la SSJB. 

«L'intégration de ces jeunes Syriens à la société québécoise, à sa culture démocratique et à son marché du travail passe par le français. C'est ce qu'on attend de tous les réfugiés de diverses origines auxquels le Québec a ouvert ses bras depuis des décennies. Si le maire panique à l'idée que les coupures draconiennes que subissent actuellement les écoles françaises les empêchent de bien prendre en charge les nombreux enfants concernés, qu'il demande plutôt à Philippe Couillard une dérogation à sa politique d'austérité pour le milieu de l'éducation, en finançant les institutions d'enseignement en fonction des besoins», conclut Maxime Laporte. 

Eric Bouchard, directeur général du Mouvement Québec français, a fait valoir: «Pourquoi, encore une fois, un membre de l'élite francophone se permet-il de vouloir affaiblir le fait français alors que le régime canadien s'en charge déjà amplement? Le maire Coderre aurait dû s'indigner du fait que les francophones hors Québec se sont fait débouter en Cour suprême la semaine dernière. Au lieu de se tenir droit, grand, fier et debout comme un homme, il plie l'échine devant les pressions de la Commission scolaire Lester B. Pearson. Il préfère que les jeunes Syriens ne puissent participer à part entière au fait français québécois et ainsi contribuer à la diversité culturelle et linguistique mondiale. Sans argumentaire, il veut en faire des anglophones. Je conseillerais au maire un livre datant de 1957, soit Portrait du colonisé d'Albert Memmi. Il pourra y reconnaître son  comportement actuel.»