On a fait grand cas de l’hésitation de Pierre-Karl Péladeau à reprendre devant les journalistes le mantra de l’indivisibilité du territoire québécois au dernier Conseil national du Parti québécois lorsqu’il a été interrogé au sujet de l’issue possible de négociations territoriales avec les Autochtones advenant l’indépendance du Québec.
Si l’ouverture dont M. Péladeau a alors fait preuve s’appuie sur une démarche sérieuse et des convictions fermes et qu’elle concerne l’ensemble du mouvement indépendantiste québécois, elle aura une portée historique, bien plus grande que sa supposée gaffe devant quelques journalistes à la recherche de la petite bête noire. En effet, la question autochtone a toujours été une épine dans le pied des indépendantistes.
Or, c’est la première fois qu’une ouverture aussi grande est faite; vu les répercussions qu’elle pourrait avoir sur le processus d’accession à l’indépendance nationale et la reconnaissance internationale de l’État du Québec, notamment par les pays de l’Union européenne, elle permet d’espérer un déblocage important.
Mais revenons aux commentaires de M. Péladeau. Au moment d’ouvrir la porte à des négociations d’égal à égal, convenait-il d’affirmer tout de go la position que défendent invariablement tous les gouvernements quant à la protection de leurs frontières nationales? Je ne le pense pas.
À mon avis, une véritable négociation se fait sans a priori : la question des frontières est abordée au moment où elle se pose, le cas échéant, en fonction des intérêts de toutes les nations qui peuplent le territoire québécois.
N’adoptons pas une attitude paternaliste envers les Autochtones et évitons de leur imposer un cadre du type Canada de 1982; on nous a fait le coup et nous n’allons certainement pas le refaire. Abordons courageusement la question avant que des forces hostiles à notre cause s’en chargent.
De plus, négociation n’est pas synonyme de capitulation. Cessons donc, au moins pour un temps, de nous cramponner à la question des frontières, mais uniquement dans le cadre de nos relations avec les Premières nations de notre territoire, occupé par leurs ancêtres bien avant l’arrivée des nôtres. En ce qui concerne les tiers, comme on disait à Pompéi, c’est Cave canem.*
Si les négociations ne laissent aucune question de côté et nous permettent de faire un bilan exhaustif de nos relations depuis les premiers contacts entre nos nations, dans une optique de réconciliation, rien n’empêche que des alliances nouvelles soient conclues et qu’elles soient aussi solides que les anciennes. Pour y arriver, nous devons à la fois nous inspirer des réalisations de l’Amérique française dans ce domaine et inventer des solutions qui feront de notre nation un modèle dont voudront s’inspirer nos futurs partenaires de l’ONU qui comptent des Autochtones sur leur territoire.
*Gare au chien