CPE : Le gouvernement Couillard abandonne les familles québécoises

2016/01/13 | Par Kathleen Courville

L’auteure est présidente de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ)

Depuis leur arrivée au pouvoir, en avril 2014, les libéraux n’ont cessé de s’acharner contre le réseau de la petite enfance. Leur message aux parents québécois est clair : l’État est en train d’abandonner sa mission sociale et éducative envers les plus petits et les plus vulnérables de notre société.

Témoins des dommages que cette déresponsabilisation entraîne, les responsables d’un service de garde en milieu familial et les éducatrices en CPE membres de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) craignent pour l’avenir du réseau de services de garde et dénoncent haut et fort l’approche du gouvernement.

Tout est fait pour discréditer et affaiblir le réseau. Ce fut tout d’abord la chasse aux enfants fantômes lancée par la ministre de la Famille, Francine Charbonneau. Malheur aux parents ayant des besoins de garde atypique, la ministre les menaçait de ses foudres, ainsi que les prestataires de service osant accueillir leurs enfants.

Ce fut ensuite la fin du principe d’une contribution réduite accessible et universelle avec l’augmentation des tarifs de garde. Fini le support aux Québécois ayant fait le choix d’avoir des enfants, on préfère les faire passer à la caisse. Au même moment, on procède à une modulation des frais de garde de façon à avantager indûment les garderies privées non subventionnées, poussant vers elles des milliers de parents.

À ces horreurs s’ajoute un désinvestissement massif du gouvernement dans les services de garde. Avec les compressions annoncées de 120 millions de dollars, ce seront près de 300 millions qui auront été amputés au réseau de la petite enfance en un peu moins de trois ans.

L’élastique est étiré au maximum : chaque coupe supplémentaire nuira directement aux services aux enfants. Avec, en plus, le versement de crédit d’impôt anticipé pour les enfants fréquentant le réseau privé, la volonté gouvernementale ne fait aucun doute : pousser les familles québécoises à abandonner le réseau public, même si la qualité de celui-ci est nettement supérieure.

Selon l’Institut de la statistique du Québec, plus d’un enfant sur trois en garderie privée reçoit des services de qualité insatisfaisante, un résultat peu surprenant quand on sait que ces garderies sont beaucoup moins contrôlées.

Par sa politique familiale, le Québec voulait favoriser le développement des enfants, un choix stratégique à long terme. Les générations futures risquent de payer cher l’abandon de la mission éducative des services de garde.

En ce début de 2016, les 15 000 membres de la FIPEQ-CSQ souhaitent que le gouvernement Couillard mette un terme à son opération de destruction de notre réseau de service de garde régi et subventionné. Nous sommes déterminées et mobilisées à sauver le réseau. En tant que société, nous devons redonner aux parents du Québec le soutien public et de qualité auquel ils ont droit pour les accompagner dans l’éducation de leurs enfants.

Photo : Radio-Canada