Le Bloc à la COP21

2016/01/22 | Par Monique Pauzé

J'ai eu l'immense plaisir de participer à la COP21 à Paris, en tant que responsable du dossier environnement pour le Bloc Québécois.

J’y ai rencontré des gens engagés, des gens optimistes, mais aussi des gens atterrés de voir leur environnement détruit par le réchauffement du climat.

Voici un bref aperçu de mon expérience parisienne.

Parlons d'abord de la journée Action-Climat. Des gens de tous les horizons venaient témoigner de leur vision ou de leurs réussites. Mais c'est le témoignage de la directrice d'Oxfam qui m'a le plus touchée. Les pays riches, dit-elle, sont responsables du dérèglement climatique dont les conséquences touchent particulièrement les pays les plus pauvres et les plus vulnérables.

Ils doivent faire plus et contribuer davantage financièrement pour aider ces pays à développer une économie verte. Elle a donc mis de l'avant les grands enjeux de cette conférence.

J’ai également assisté à des ateliers avec des entrepreneurs, des banquiers. Qu'attendent-ils des politiciens ?

Leur réponse : que les politiciens assurent une stabilité dans les mouvements de capitaux et que leurs engagements soient clairs.

Ces hommes d’affaires demandaient même aux politiciens de faire preuve de leadership en arrêtant de subventionner les énergies fossiles. Trouvez le bon projet, disent-ils au monde politique, et le monde de la finance suivra.

Pour moi, c'était nouveau d'entendre un tel discours. Il faut dire que, pour ces intervenants, investir dans une économie libre de carbone représente une occasion d'affaires.

Dans une autre activité, des gouvernements subnationaux affirmaient qu'à leur niveau de gouvernance, il était possible de travailler plus facilement et plus vite ensemble.

Je me suis cependant faite la réflexion suivante : ces gouvernements qui ne sont pas des pays auront-ils la latitude nécessaire pour atteindre leurs objectifs, compte tenu des positions qui seront prises par leurs gouvernement nationaux respectifs ? Et, surtout, les fonds nécessaires pour mener à bien leurs projets leur seront-ils octroyés ?

C'est, entre autres, pour cela qu’il y a une profonde aspiration en Ecosse et au Québec pour que ces entités deviennent des pays et, conséquemment, être capables d’adopter leurs propres lois et, ce, dans tous les domaines.

Mais c'est en rencontrant des femmes africaines que j'ai vraiment compris comment nos modes de consommation ont brisé l'équilibre non seulement de la planète, mais de sociétés entières. 

Alors qu’auparavant, racontent-elles, elles n’avaient que quelques mètres à marcher pour puiser de l'eau, elles doivent aujourd’hui marcher plusieurs centaines de mètres, car la nappe phréatique est de plus en plus éloigné, augmentant d’autant le temps consacré aux tâches ménagères.

La conséquence la plus importante, c'est que les jeunes filles doivent quitter l'école à 14 ans pour aider leurs mères pour les tâches domestiques. Les femmes représentent 52% de la population.  Comment un pays peut-il se développer quand plus de la moitié de sa population ne peut contribuer positivement au développement économique ? Nous devons questionner notre société de consommation, nous devons modifier nos habitudes.

Au terme de cette conférence, plusieurs questions demeurent en suspens. Les réponses viendront sans doute au cours des prochains mois. En voici quelques-unes :

Est-ce que l'ONU est le meilleur véhicule pour ce genre de conférence ?

Est-ce qu'il ne devrait pas y avoir un organisme mondial, comme il en existe un pour le commerce, soit l'OMC, pour assurer les suivis et le respect des engagements ?

Est-ce que les lobbys du pétrole auront le dernier mot ?

Comment faire respecter un accord dans des pays pétroliers ou dans des pays avec des gouvernements climato-sceptiques au pouvoir ?

Au Canada, le premier ministre doit réunir les provinces dans les 90 jours suivants la fin de la conférence.

Il faudra suivre le dossier de très près car, ici comme ailleurs dans le monde, ce sont les citoyennes et les citoyens qui doivent continuer à exercer une pression pour que les gouvernements passent à l’action.