L’IRÉC publie une étude sur l’évolution du patrimoine des ménages au Québec. La composition du patrimoine global des Québécois se distingue de façon significative de celle du reste du Canada. C’est dans la catégorie de l’épargne retraite que les Québécois possèdent la plus grande part de leur avoir total (34,9 % contre 30 % dans le reste du Canada ROC).
« L’étude sur l’évolution du patrimoine des ménages au Québec arrive à d’autres résultats surprenants : à l’exception des résidences et des capitaux propres dans l’entreprise, ce sont les ménages québécois qui ont connu, entre 1999 et 2012, la plus forte croissance de leur patrimoine lorsqu’on les compare aux ménages canadiens et ontariens », a expliqué Gilles L. Bourque, chercheur de l’IRÉC et auteur de la note de recherche de l’IRÉC.
Dans le reste du Canada (ROC), l’élément le plus important du patrimoine reste la résidence principale (37,1 % en Ontario contre 28,6 % au Québec).
Des inégalités moindres
De plus, les inégalités de patrimoine sont moins importantes au Québec que dans le reste du Canada. En effet, c’est au Québec où le quintile supérieur (les 20 % des ménages les plus favorisés) accapare le patrimoine net le moins élevé (61,4 % au Québec contre 69,3 % en Ontario et 75 % en Colombie-Britannique) et où le quintile inférieur a vu la valeur médiane de son patrimoine s’améliorer, contrairement au reste du Canada.
Du côté de l’épargne hors des régimes de retraite, le chercheur de l’IRÉC a constaté deux choses : d’une part, si la grande majorité des ménages possèdent des dépôts dans des institutions financières (92,2 %), les avoirs détenus sous cette forme sont peu significatifs (la moitié y possèdent moins 4 000 $) ; d’autre part, les actifs détenus sous forme de fonds communs de placement et de capital-actions (or REER) sont en moyenne plus importants, mais ne sont présents, respectivement, que chez 7,7 et 7,2 % des unités familiales québécoises. « Systématiquement, les Québécois y sont moins présents que pour les unités familiales canadiennes. Toutefois, ici comme ailleurs, on constate que le CELI détourne une partie significative des actifs de l’épargne pour la retraite », a poursuivi Gilles L. Bourque.
Un renforcement significatif du patrimoine collectif
Entre 1999 et 2012, la part des détenteurs de droits de régime collectif de retraite est passée de 44,8 % à 51,3 % (augmentation de 15 %) alors que leur actif global (en valeur réelle) a plus que doublé (augmentation de 130 %) pendant la période. En 1999 ce patrimoine collectif représentait 64 % de l’épargne retraite des ménages; en 2012 il atteignait 70 %.
« Cependant, a fait remarquer le chercheur de l’IRÉC, les régimes publics de retraite sont exclus des actifs pris en compte par l’Enquête sur la sécurité financière (ESF) de Statistique Canada. On peut donc en conclure que les caractéristiques collectives du profil patrimonial québécois se sont renforcées de façon significative pendant cette période ».
Enfin, l’étude démontre que si les politiques publiques cherchaient à favoriser une progression plus importante de la part des ménages couverts par la catégorie de régimes de retraite collectifs et de leur part en actifs immobiliers (en particulier la résidence principale), deux catégories qui signalent de plus faibles inégalités de patrimoine, l’enrichissement des Québécois pourrait profiter au plus grand nombre de ménages et de façon plus égalitaire.
« Malheureusement, a conclu le chercheur de l’IRÉC, le gouvernement québécois actuel, en prolongement de ce que faisait le gouvernement Harper, a plutôt cherché à soutenir à tout prix le développement des catégories à forte inégalité de patrimoine (les actifs financiers hors régime de retraite et les régimes de retraite individuels) et à fragiliser les régimes collectifs ».
Il est possible de télécharger ici la note de recherche de l’IRÉC L’évolution du patrimoine des ménages au Québec, 1999-2012.