Dans le cadre de la lutte au projet de loi 70, le Collectif pour un Québec sans pauvreté tient jusqu’au 10 février prochain une campagne de sensibilisation pour contrer les préjugés à l’égard des personnes en situation de pauvreté (http://www.pauvrete.qc.ca/?p=14371&preview=true).
Le projet de loi 70 vise à introduire des pénalités financières pour les personnes qui font une première demande d’aide sociale et qui, pour une raison ou une autre, refusent de suivre la mesure d’employabilité assignée par le ministère.
Selon le porte-parole du Collectif, M. Serge Petitclerc, ce projet de loi s’appuie sur des préjugés : « Nous souhaitons illustrer la réalité des personnes en situation de pauvreté afin de montrer au gouvernement qu’une approche punitive comme celle du projet de loi 70 n’est pas la solution pour sortir durablement les gens de la pauvreté. »
« Personne ne rêve de vivre de l’aide sociale. Au contraire, les personnes assistées sociales ne demandent pas mieux que de travailler et de s’en sortir. Quand on améliore les revenus des familles et des personnes pauvres, quand on leur permet de se sortir la tête hors de l’eau, de faire autre chose que de voir à leur survie quotidienne, celles-ci peuvent (re)commencer des démarches pour retourner sur les bancs d’école ou sur le marché du travail. Au Québec, on a un exemple parfait pour illustrer ça, celui des familles monoparentales, lesquelles ont vu leur revenu s’améliorer de 2004 à 2010, ce qui leur a permis de quitter l’aide sociale dans une proportion plus grande que les autres catégories de prestataires. Ce n’est donc pas en menaçant de couper leur chèque, comme le fait présentement le gouvernement avec son projet de loi 70, qu’on aide les gens à sortir de la pauvreté », d’affirmer M. Petitclerc, en précisant que le nombre de familles monoparentales à l’aide sociale a diminué de 46 % au cours de ces six années.
À celles et ceux qui s’imaginent encore que les personnes en situation de pauvreté ne veulent pas travailler, le porte-parole du Collectif tient à rappeler que sur dix d’entre elles, quatre occupent un emploi dont le revenu n’est pas suffisant pour les sortir de la pauvreté, cinq ne sont pas en état de travailler (en raison d’un handicap, d’une maladie, etc.) et la dernière se voit exclue du marché du travail, pour cause de discrimination ou par manque d’emplois entre autres.
Un autre préjugé tenace dont il faudrait bien se débarrasser une fois pour toutes : « On vit bien sur le BS ». M. Petitclerc ne peut s’empêcher de s’offusquer lorsqu’il l’entend : « Ceux et celles qui répètent bêtement ce préjugé devraient essayer de vivre un mois entier avec seulement 623 $! Selon la Mesure du panier de consommation, c’est plus de 1400 $ par mois qu’il faut à une personne seule pour combler uniquement ses besoins de base. D’autre part, c’est désolant d’entendre ce préjugé quand on sait que les deux tiers des ménages québécois qui reçoivent de l’aide sociale souffrent d’insécurité alimentaire et que parmi eux, 40 000 sont sur une liste d’attente pour un logement social. »