La réponse du directeur du MAC : Rien pour nous rassurer sur la place du français au musée!

2016/03/18 | Par Colette Bernier

Suite à ma lettre que le Devoir et l’aut’journal ont publié dans la semaine du 10 mars concernant la situation du français au MAC, le Devoir a reçu une réponse du directeur du musée, monsieur John Zeppetelli.

Si celui-ci disait d’abord vouloir me « rassurer », la suite de sa lettre montre que non seulement il n’a pas su comprendre la visée de mes propos mais que, de plus, il n’est aucunement question pour lui de s’amender au sujet des vidéos unilingues anglaises prépondérantes dans les expositions du musée!

Ainsi, sa lettre, sous des allures d’ouverture, développe, dans l’ordre, les idées suivantes : 1) le MAC s’emploie à développer des outils de compréhension des œuvres et ce dans les deux langues; 2) il faut respecter la langue que choisissent les créateurs et la traduction risque de ne pas respecter l’intégrité de l’œuvre; 3) notre principal critère de choix des œuvres est leur excellence et 4) la Charte de la langue française ne s’appliquant pas aux produits culturels, il n’est pas dans l’intention du MAC de « limiter ses choix de programmation artistique à des considérations linguistiques »!

Si monsieur Zeppetelli avait bien lu mon texte, il aurait compris que je ne parlais pas du choix que les créateurs faisaient d’utiliser la langue anglaise dans leurs œuvres, ni non plus de limiter les choix du musée à des considérations linguistiques, mais d’un souhait très simple : qu’on traduise les parties des œuvres dont le medium est la langue, telles les vidéos de plus en plus utilisées en art. Ceci, pour faciliter l’accès des œuvres à la population francophone majoritaire du Québec et, du même coup, situer un peu mieux l’image du MAC comme musée appartenant à la plus grande ville francophone d’Amérique.

Sur cela, sa réponse a été franchement négative et sa lettre tente plutôt de nous entretenir de « l’excellence » des œuvres exposées au musée, ce que nous n’avons d’ailleurs jamais remis en question. On a alors nettement l’impression que, pour lui, cette « excellence » viendrait en opposition à une image, un tant soit peu francophone, que pourrait se donner le musée.

Pour l’instant, les propos de monsieur Zeppetelli n’ont donc vraiment rien pour nous rassurer sur la place que tiendra le français dans les prochaines années dans ce musée québécois subventionné, qui plus est, par le ministère de la Culture du Québec. De plus, sa réponse à notre lettre nous a fait comprendre que, loin d’être un accident de parcours, l’anglicisation du MAC relève d’une politique délibérée de sa direction!

En tous les cas, nombre de lecteurs du Devoir n’ont pas hésité à critiquer les positions du directeur du MAC dans leurs commentaires à sa lettre. Ceci démontre sans aucun doute la pertinence d’une nouvelle politique culturelle qui, telle qu’annoncée par l’ex-ministre de la culture, devrait faire du français le socle de cette politique.